Titre Original : Born to Raise Hell
De : Lauro Chartrand
Avec Steven Seagal, Darren Shahlavi, Zoltan Butuc, D. Neil Mark
Année : 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
Bobby est un agent d’Interpol envoyé en mission en Europe de l’Est. Sa cible : les trafics d’armes et de drogue dans les Balkans. Son but : dépister et éliminer les trafiquants. Son enquête le mène sur la piste d’un redoutable dealer russe, mais, au moment d’intervenir, ses hommes se retrouvent pris entre les feux des Russes et d’un gang de gitans. L’affrontement se solde par la mort d’un membre de l’équipe de Bobby. Désormais, ce dernier va mener sa propre guerre contre les trafiquants…
Avis :
En fourrageant dans la filmographie de Steven Seagal, on trouve nombre de navets, curiosités et autres bêtises cinématographiques en tout genre. On songe au nanardesque Attack Force, au plagiat éhonté de Vol d’enfer ou encore à son caméo trompeur dans Clementine. D’un DTV au suivant, on a eu droit à un formidable recyclage scénaristique. Cela ne tient pas uniquement à son personnage interchangeable entre chaque production. On y distingue une multitude d’intrigues liées à toutes sortes d’activités criminelles, à différentes mafias, sans oublier de sombres affaires d’espionnage ou d’ingérence internationale.
Dans ce contexte, Rendez-vous en enfer s’avance comme une resucée de ses bévues en Europe de l’Est, telles que Dangerous Man, Hors de portée ou L’Affaire Van Haken. En cela, le cadre possède de nombreuses similarités. On a droit à des plans extérieurs ternes, ainsi qu’à des lieux qui privilégient les bas-fonds, autres endroits « emblématiques » des pays en question. Le prétexte est surtout donné pour dépeindre les autorités locales comme de fieffés incompétents, a fortiori face aux unités spéciales majoritairement représentées par la gent américaine. Sans sombrer dans le patriotisme exacerbé, il n’en demeure pas moins une condescendance manifeste dans le traitement.
« La trame suit un cheminement linéaire, guère maîtrisée et d’une indigence totale en matière d’originalité. »
Cet état de fait se confirme aussi par la manière dont les investigations sont menées. C’est bien simple, les enquêtes dépendent exclusivement des indics et de leurs tuyaux plus ou moins foireux. De circonstances fortuites en retournements de situation inopinés (et invraisemblables), la trame suit un cheminement linéaire, guère maîtrisée et d’une indigence totale en matière d’originalité. Comme évoqué un peu plus haut, il y est question de trafics de drogues avec des intérêts et des enjeux financiers pour le moins confus. On songe à ces alliances improbables entre forces de l’ordre et mafia russe pour… contrer un rival et satisfaire à une obscure histoire de vengeance.
En cela, les interactions multiplient les incohérences, elles-mêmes sujettes à une complaisance presque pathologique tant on souffle le chaud et le froid d’un dialogue au suivant. L’adage « Je t’aime, moi non plus » semble être le leitmotiv des protagonistes et des antagonistes. On se serait également bien passé de ces séquences intrusives à la manière d’un home invasion, totalement hors de propos. Non seulement cela n’apporte rien à l’intrigue (sauf insister sur la psychopathie d’un des individus), mais elles sont à peine survolées. À aucun moment, on ne suggère la sensation d’oppression ou de prise au piège propre à un tel exercice. Un remplissage inutile qui ne fait que souligner l’inconstance dans les réactions des uns et la bêtise des autres.
« Des affrontements mous, des chorégraphies travaillées avec les yeux fermés… »
Côté combat, on demeure dans les standards des productions estampillées Steven Seagal. À savoir : des affrontements mous, des chorégraphies travaillées avec les yeux fermés et un cadre misérable pour exposer cahin-caha les joutes en question. À gros coups de bruitages et de plans rapprochés indigestes, les séquences d’action donnent autant la nausée qu’elles semblent incapables d’exploiter à minima leurs environnements. Seule la destruction des objets et du mobilier paraît être l’unique préoccupation des intervenants, plus que de s’imposer face aux adversaires. Quant à l’ultime confrontation, elle ne laisse guère de doute sur sa conclusion.
Au final, Rendez-vous en enfer est un titre évocateur de la qualité du métrage. Avec un certain fatalisme, il est difficile de constater autre chose qu’une énième production calibrée pour le marché du DTV et le rendement à court terme. Le premier film de Lauro Chartrand, cascadeur de son état, se solde par un recyclage des précédentes incursions de Steven Seagal sur le Vieux Continent. Il en ressort une histoire insipide et convenue au possible, le tout affublé de relations poussives et incohérentes qui achèvent de fournir un semblant d’intérêt à cette piètre initiative cinématographique. Un DTV d’action pénible qui lorgne vers le policier et l’espionnage sans pour autant se distinguer dans l’un de ces genres ; bien au contraire…
Note : 06/20
Par Dante