Auteurs : Joshua Williamson et Simone Di Meo
Editeur : Urban Comics
Genre : super-Héros
Résumé :
Les plus monstrueux voyous de Gotham s’associent et transforment la ville en une véritable jungle urbaine ! Le duo d’aventuriers formé par Batman et Robin doit anéantir le cerveau de l’opération criminelle. Mais un vilain, jusqu’alors inconnu, ourdit une vengeance contre le Chevalier Noir lui-même. Le jeune Damian, face à ses propres obligations scolaires, peut-il aider son père à éteindre cette menace avant qu’il ne soit trop tard ?
Avis :
Les amateurs de comics le savent bien, Batman a connu plusieurs Robin. Tout d’abord avec Dick Grayson, fils d’acrobates, qu’il va recueillir et former, pour ensuite le laisser voler de ses propres ailes en devenant Nightwing. Puis avec Jason Todd, une petite frappe traumatisée par la mort de son père via Double-Face, et que Batman va former, à regret, puisqu’il se fera tuer par le Joker, avant de revenir sous la forme d’un antagoniste, Red Hood. Par la suite, il va recruter Tim Drake, un passionné du super-héros, qui deviendra alors Red Robin. Enfin (pas vraiment, mais notre duo s’arrête-là pour l’instant), Damian Lewis va devenir le nouveau Robin, et il a un statut particulier, puisqu’il est le vrai fils de Bruce Wayne, formé par sa mère et la ligue des assassins afin de devenir le meilleur ninja du monde.
S’il existera par la suite deux autres Robin, c’est bien Damian qui nous intéresse, car ce statut de fils va permettre de créer des histoires intéressantes autour du duo dynamique et de la relation qu’entretiennent Batman et Robin, ou encore Bruce et Damian. Principal architecte de la nouvelle collection Infinite, Joshua Williamson va reformer le duo pour tisser une nouvelle intrigue qui ne sera qu’une excuse pour approfondir les relations étranges entre le père et le fils. Dynamic Duo va donc confronter le « couple » à une nouvelle menace, relativement animale, mais il va aussi être l’occasion de revenir sur le passif du jeune garçon, et de voir à quel point il est déconnecté du monde réel. Un parti pris malin, mais qui va pêcher par son manque d’investissement. Car oui, finalement, la relation père/fils passe en arrière-plan et manque d’implication.
Il faut dire que l’histoire commence sur les chapeaux de roues, avec un duo qui doit récupérer un zeppelin, aux prises de plusieurs méchants, dont le lapin blanc et le trio terrible (des méchants peu connus, et ce n’est pas plus mal). Puis Batman va être infecté par une sorte de poison qui attire sur lui toutes les chauves-souris de Gotham, le rendant inapte à sortir la nuit pour faire son boulot. En menant l’enquête, le duo découvre que les malfrats en veulent à un médecin qui bosse sur le séquençage ADN, et que cela cache une plus grande menace. Dans le même temps, Bruce veut absolument que son fils intègre une école normale afin de se mêler à la populace et de devenir un adolescent normal. Bref, la série jongle sur plusieurs thématiques, voulant lier une relation fragile entre un père et son fils, à une menace réelle.
Et si ce premier tome balance bien la sauce en termes d’action et de dynamisme, il n’en sera pas de même pour le côté relationnel. En effet, cette histoire se lit d’un seul trait et va très vite, notamment pour dévoiler l’intrigue et les intentions du grand méchant, qui sera une version améliorée de Man-Bat. Une bonne occasion pour présenter des méchants peu connus du grand public, et qui ont tous des soucis d’anthropomorphisme. On va y voir Killer Croc, bien évidemment, mais aussi Orca ou le trio terrible qui aura des petits soucis, puisqu’à la place des masques d’animaux, ce sera leur vrai visage. Bref, on va vite devenir que derrière les enlèvements et autres entourloupes, l’histoire se base sur l’Adn et sa modification pour assouvir une vengeance primaire. En parallèle de ça, Damian aura aussi son antagoniste, avec une ancienne professeure en colère contre lui.
Tout cela s’emmêle pour ne former qu’un tout qui prend une très grande place dans l’histoire. Mais les promesses faites autour des relations conflictuelles entre un père et son fils sont assez timides. Il n’y a pas vraiment de colère, ni même de conflit, et chacun fait des compromis pour le bien-être de l’autre. Si on retrouve quelques allusions au harcèlement scolaire lorsque Damian intègre son nouveau lycée, on reste dans un survol de thèmes qui sont pourtant importants, et directement lié au lectorat, plutôt adolescent. Il n’y a plus qu’à espérer que dans la suite, des choses soient mises en place pour approfondir les liens de parenté entre les deux héros, ou encore de fournir des sujets plus « sociétaux » pour donner plus d’épaisseur à la psyché de Damian. Ici, on ressent les bonnes intentions, mais elles ne sont pas pleinement exploitées.
Et ce dynamisme qui prend le dessus, ce côté un peu « ado » de l’histoire, on le ressent aussi dans les dessins de Simone Di Meo. Le dessinateur, normalement connu pour ses couvertures, offre une mise en page bouillonnante, explosive, qui montre à quel point cette histoire veut aller à cent à l’heure et ne jamais s’arrêter. On retrouve des éléments parfois incongrus, comme la nouvelle voiture de Robin, ainsi que des blagues un peu foireuses, et cela montre bien à quel point cette histoire veut s’adresser aux adolescents, et pas tellement aux adultes, qui cherchent plus de noirceur. Est-ce un mal ? Pas vraiment, encore faut-il trouver le bon équilibre. Et le changement de dessinateur sur l’épilogue, avec Howard Porter, est assez abrupt, offrant quelque chose de plus viscéral, de plus brut, pour une conclusion hâtive faisant écho à Predator, et n’ayant pas de rapport avec l’histoire principale.
Au final, ce premier tome de Batman & Robin Dynamic Duo est très agréable à lire, dans le sens où il ne s’arrête pas une seule seconde et balance une énergie de dingue, que ce soit dans les dessins, l’univers ou encore le scénario. Seul petit bémol, le côté père/fils est très peu travaillé, restant dans une relation plate et sans réel relief, ainsi que la nouvelle vie de Damian, intégrant un nouveau lycée, qui reste assez banale, malgré des sujets qui ne sont pas assez travaillés (comme le harcèlement scolaire par exemple). Bref, il s’agit tout de même d’une bonne lecture, en espérant que le deuxième tome apporte plus de profondeur que celui-ci.
Note : 14/20
Par AqME