avril 26, 2024

The Department of Truth – La Vérité est Là

Auteurs : James Tynion IV et Martin Simmonds

Editeur : Urban Comics

Genre : Thriller, Fantastique

Résumé :

L’agent spécial Cole Turner étudie depuis des années les théories conspirationnistes qui s’exposent sur les forums du monde entier et transmet ses enseignements à l’académie du FBI de Quantico. De l’assassinat du président Kennedy à l’alunissage de 1969, en passant par la crise des missiles de Cuba, l’information est sans cesse remise en question par les complotistes les plus fervents. Certain qu’il comprendra mieux leur fonctionnement et leur logique, Turner décide de s’immiscer au coeur d’une étrange réunion, une réunion qui le conduit à douter de la réalité même… Se pourrait-il que les classes dominantes soient à l’origine de faits qui n’ont jamais eu lieu ? Approché par le Département des Vérités, une agence gouvernementale occulte, Cole va rapidement être exposé à de nombreuses réponses bien différentes de ce qu’il imaginait. Des réponses qui ne manqueront pas de soulever de nombreuses autres questions.

Avis :

Depuis l’apparition du virus Covid-19, les théories du complot ont le vent en poupe et sur les réseaux sociaux, on peut lire tout et n’importe quoi. Pour autant, ces théories ne sont pas nouvelles et alimentent tous les fantasmes possibles. Le fait qu’Elvis soit encore vivant, que la terre soit plate ou encore que les reptiliens ont pris possession de toutes les sphères du pouvoir sont autant de fadaises qui attisent la curiosité, les moqueries, mais aussi des adeptes un peu farfelus. C’est sur ce principe de base que James Tynion IV tisse son intrigue de The Department of Truth. Sorte de X-Files où les théories du complot prennent vie, une agence a pour mission de faire taire les plus dangereuses afin que le monde reste cohérent. Thriller fantastique, quête de la vérité et complotisme à tous les étages, ce premier tome est très prometteur et addictif.

La vérité est ailleurs

Ce premier tome nous balance directement dans le vif du sujet. Un agent du FBI, Cole Turner, se fait interroger par un homme en costard. L’agent dévoile alors qu’il a infiltré une secte de platistes et qu’il a vraiment vu que la Terre était plate. Persuadé qu’il va être abattu, il va alors intégrer le département des vérités, qui lutte contre les théories du complot qui prennent de plus en plus de place et mettent la population en danger. Car plus une théorie prend de l’ampleur, plus elle se produit réellement. Cependant, l’agent Turner va découvrir que pour lutter contre cela, il va devoir tuer, et une société, Black Hat, rentre en conflit avec le département des vérités. A partir de là, on va constamment être interrogé sur plusieurs fronts.

D’un côté, la lutte contre les théories ignobles, et de l’autre, le fait de tuer pour imposer une vérité qui n’est peut-être pas la bonne. Le scénario est très malin car il interroge vraiment sur la nature même de la vérité. Entre les théories farfelues, celles qui prennent de l’ampleur, celles qui mettent en danger le bien commun, ou encore le fait de voir tuer pour arrêter une théorie, tout cela prend de l’ampleur et pose des questions sur nos valeurs. Ici, James Tynion IV prend à bras le corps des théories connues, comme le meurtre de Kennedy, les sectes pédosataniques dans les écoles ou encore l’alunissage par Kubrick et tisse un réseau d’intrigues et de questionnements qui fonctionnent à merveille. Et même si cela risque de nous perdre au bout d’un moment, jouant sur une narration décousue, avec des extraits vidéos qui jouent le rôle de pièces de puzzle.

La grande et la petite histoire

Si The Department of Truth ne jouait que sur un seul tableau, celui des grosses théories qu’il faut combattre, comme les reptiliens, l’histoire ne serait pas forcément intéressante, avec des chapitres décousus, un peu comme une série avec un cas par épisode. Cependant, ici, on va aussi suivre la vie de Cole Turner, ex-agent du FBI qui doit cacher des choses à son mari et qui va se poser de nombreuses questions. Sa présence au sein du département, sa faculté à tuer des inconnus qui n’ont rien fait, ou encore sa force mentale à accepter ce qu’il voit. De plus, le récit joue sur son passé, puisqu’il a été témoin d’une secte pédosatanique dans son école, voyant un homme avec un pentagramme gravé sur le visage mangeant un bébé. Torturé, bourré de questions, le « héros » de cette histoire n’est pas monolithique et il est perclus de faiblesses.

Cela donne une vraie épaisseur à l’ensemble. Ensemble renforcé par un graphisme très particulier signé Martin Simmonds. Graphiste de formation, il va produire des dessins très particuliers, qui renforcent le côté étrange de l’histoire. Se rapprochant grandement d’un David McKean, avec des traits torturés et des collages un peu partout, The Department of Truth baigne dans une atmosphère assez mortifère, angoissante à souhait et qui possède un véritable cachet. C’est à la fois terrifiant et parfois éthéré, donnant au tout une réelle personnalité. Une personnalité qui colle parfaitement à la volonté de l’histoire de rendre tout cela inquiétant et cryptique, avec plein de signes de partout.

Au final, The Department of Truth est une sacrée réussite, mais qui peut perdre certaines personnes en cours de route. Démarrant sur les chapeaux de roues, le récit s’enfonce petit à petit dans une folie douce, avec des affaires qui prennent de plus en plus d’ampleur et qui peuvent devenir bien trop cryptiques. Pour autant, en jouant sur les théories du complot, nous plongeant dans des sectes tenues par de riches investisseurs, on reste comme happé par le récit qui pose de bonnes questions sur les vérités et sur ceux qui les propagent ou veulent bien les voir. Passionnant.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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