avril 25, 2024

Bikini Atoll 2.2

Auteurs : Christophe Bec et Bernard Khattou

Editeur : Glénat

Genre : Horreur

Résumé :

Lysette, Alan et les autres savent désormais que les tueurs sanguinaires qui veulent leur peau ne sont autres que les descendants des victimes des essais nucléaires dont ce décor de rêve fut le triste théâtre. Piégés sur l’atoll, les survivants doivent vite prendre la fuite s’ils ne veulent pas devenir, eux-aussi, les sujets de la torture la plus ignoble. Problème : un gigantesque requin mutant rôde toujours dans les eaux alentour. Alors, le véritable danger est-il en mer ou sur terre ?

Avis :

S’il n’y avait pas cette inconstance qualitative au fil des opus, Bikini Atoll pourrait être particulièrement représentative de ce que propose la collection Flesh & Bones. À savoir : une horreur débridée qui fleure bon le bis dans différents sous-genres. Le premier volet instaurait le cadre exotique, mais hésitait entre survival animalier et slasher. Correct, mais guère mémorable. Quant à la suite, elle faisait davantage office d’intermède ou d’épilogue inutile pour prétexter un nouveau massacre. Il en ressortait une incursion longue et dispensable censée introduire le présent comics. Cette seconde partie s’inscrit dans la continuité du précédent récit, mais, on l’espère, n’est pas le reflet de sa médiocrité.

En considérant l’improbable volonté de scinder l’histoire en deux tomes, l’intrigue se poursuit donc sans s’encombrer d’entame ni de présentation des personnages. Aussi, il est essentiel de connaître les faits pour s’y plonger et ne pas se sentir lésé dès les premières planches. Cela peut paraître évident, mais ce choix vient surtout appuyer le côté exploitation pour une idée qui n’en demandait pas tant. De même, la narration ne possède guère un schéma classique. On devine aisément que Bikini Atoll ait été écrit et dessiné dans la continuité. Là où le premier volume se montrait lénifiant et creux, sa suite peut être vue comme son antithèse.

Cela ne tient pas au contexte ni aux thématiques évoquées. On retrouve cette critique de la politique américaine des années 1940 et 1950, notamment sur les essais nucléaires au cœur des îles Marshall et le traitement des habitants. Bien que le trait soit grossièrement dépeint, il est intéressant de considérer les conséquences d’un évènement donné pour justifier la monstruosité des descendants des victimes. Ceux-ci deviennent à leur tour bourreaux. Avec un désir de vengeance clairement affiché, l’histoire demeure néanmoins dans un manichéisme de façade ; n’en déplaise au background des antagonistes qui s’éloigne de la psychopathie et autre démence mentale habituelle.

Ce qui interpelle surtout, c’est cette violence gratuite exacerbée au fil des séquences. À croire que Bikini Atoll 2.1 prônait sciemment la retenue pour lâcher la bride dans cet opus. Toujours est-il que le carnage se déroule du début à la fin avec des effets gores et écœurants à outrance. L’exposition aux substances radioactives renvoie à des images peu ragoûtantes où les corps semblent se liquéfier, se décomposer ou se consumer de l’intérieur (au choix) ; peut-être toutes ces considérations en simultané. Il n’y a aucune censure ou une approche plus suggestive pour susciter le dégoût et l’effroi chez le lecteur, tout est mis en avant de manière brute et primaire.

Dans cette atmosphère où le cadre paradisiaque devient l’antichambre de l’enfer, on a aussi droit à une immolation sans préavis, des éventrations, une décapitation et autres sévices corporels. Mention spéciale au « rituel papou » qui se paie le luxe d’intégrer une scène de cannibalisme. Aux séquences de nudité et de positions lascives pour la gent féminine se succèdent également quelques passages aquatiques et sous-marins où surgissent le requin géant et ses comparses. Les squales démembrent leurs hors-d’œuvre humains sans distinction aucune, même si leurs attaques sont beaucoup plus miséricordieuses en matière de souffrances physiques.

Au final, Bikini Atoll 2.2 pousse l’horreur graphique dans des considérations inédites pour la collection Flesh & Bones, renvoyant les deux précédents tomes au statut d’histoires bucoliques. Cela peut paraître exagéré, il n’en demeure pas moins que la violence est permanente et fait s’enchaîner morts et douleurs atroces. L’action ne faiblit guère et fournit un déluge de victimes suppliciées, d’hémoglobine et autres substances corporelles. Au vu de la qualité observée avec la première partie de ce diptyque, il aurait été préférable d’équilibrer les deux comics et, encore une fois, de proposer un résultat homogène et percutant en un unique volume. Bikini Atoll 2.2 se définit par un seul aspect : sa brutalité sans concession. Basique, gratuit et dénué de toute subtilité. À réserver à un lectorat averti.

Note : 12/20

Par Dante

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