avril 20, 2024

Bikini Atoll

Auteurs : Christophe Bec et Bernard Khattou

Editeur : Glénat

Genre : Thriller

Résumé :

Un groupe de touristes part pour un séjour dépaysant au cœur du Pacifique sur l’atoll de Bikini, qui a donné son nom au fameux maillot deux-pièces. Théâtre d’un essai atomique au sortir de la Seconde Guerre mondiale et abandonné depuis, le lieu offre son lot de sensations fortes ! Au programme : soleil, plages de sable fin, cocotiers, mais aussi épaves de navires militaires, bunkers désaffectés et hordes de requins carnivores… Une mine de trésors cachés que leur guide, Malaval, promet de leur faire découvrir en détail. Sauf qu’il ne leur a peut-être pas tout dit… Car les lieux semblent moins inhabités qu’il le prétend. Et nos vacanciers sont loin d’imaginer quelles horreurs se cachent derrière ce cadre idyllique…

Avis :

On assimile généralement le survival animalier à des bobines de séries B, voire Z. Souvent mal fagotés, parfois distrayants, ces longs-métrages s’adressent à un public restreint, particulièrement friands de ce type de réjouissances. Même si Les dents de la mer est issu du roman éponyme de Peter Benchley, on compte peu d’incursions comparables en littérature ou en bande dessinée. À la rigueur, Mégalodon de Steve Alten. Toujours est-il que l’on parle ici requins, eaux turquoises et hors-d’œuvre humains, sauf que Bikini atoll n’en a que les atours. La faute à une couverture racoleuse qui laisse augurer une itération réussie dans le genre.

Malheureusement, l’entame sur le voilier et les plongées sous-marines n’ont pour objectif que d’installer le décor paradisiaque des îles Marshall, en plein cœur de l’océan Pacifique. Étonnamment, l’idée d’organiser des excursions touristiques sur une zone où se sont déroulés des essais nucléaires n’est pas si farfelue que cela. Il est réellement possible de se rendre sur l’atoll de Bikini après avoir signé une décharge, détail que l’on retrouve dans le présent comics. D’autres anecdotes et faits viennent ponctuer les planches et confèrent une crédibilité de façade somme toute appréciable dans l’ensemble. En ce sens, la géographie des lieux est respectée. Autrement dit, l’enrobage et le travail de recherches sont plus denses qu’escomptés.

Pour autant, les squales font office de figurants. Des poissons impressionnants et inoffensifs même si, sur ce point, on se rapproche de leur véritable tempérament. Néanmoins, l’intrigue suggérait (de par son pitch de départ et sa couverture) un survival animalier qui lorgnait du côté de la « sharksploitation ». Or, il n’en est rien. La majeure partie de l’histoire va se dérouler sur l’île et pas forcément aux abords de l’eau et de la plage. Hormis une fugace surprise de dernière minute, cet aspect du comics déçoit, tant les attentes et les promesses ne sont guère respectées.

Pour apprécier Bikini Atoll, il faut avant tout le considérer comme un slasher. Ce qui peut expliquer les nombreux amalgames tels qu’une trame linéaire et prévisible ou la caractérisation basique des personnages. À ce titre, on a droit à une brochette de machos, de têtes à claques et de jeunes donzelles aux formes aguicheuses (de préférence en maillots de bain) qui cadrent au standard des clichés ambulants. Dans le cas présent, ce n’est guère un défaut ; plutôt une manière de ressentir un plaisir coupable quand leur trépas survient. Et sur ce point, Bikini Atoll se montre particulièrement jouissif et généreux en matière de violences débridées.

Aussi brutaux que primitifs, les meurtres se font à coup de couteau, sans doute mal aiguisé. On égorge, on éventre, on extirpe tripes et intestins à l’air libre… Ajoutons à cela des visages déchirés par une poigne de fer, des mâchoires brisées, des têtes qui explosent sur des tombes et l’on obtient un festival gore qui ne manquera pas d’interpeller les amateurs. Sur ce point, comme celui de l’implacable boogeyman qui hante l’île, le récit ne tergiverse point et propose un spectacle à la fois écœurant et hypnotisant. Rien que pour cela, il devrait ravir bon nombre de lecteurs pour un moment certes basique, mais ô combien assumé et percutant (au sens littéral du terme).

Sans mauvais jeu de mot, il est bien difficile d’émettre un avis tranché sur Bikini Atoll. En tant que survival animalier, il se montre décevant et peu recommandable. Les requins ne sont qu’une partie d’un décor paradisiaque et ne se mettent rien sous la dent. Au lieu de se révéler une menace tangible, ils endossent le rôle de gardiens passifs. En tant que slasher, l’a priori change sensiblement. Les codes du genre y sont respectés pour le meilleur (violence débordante d’imagination et de sauvagerie, des femmes fraîchement vêtues qui s’exhibent sur bien des cases…) et pour le pire (quelques incohérences ou raccourcis faciles). En somme, un comics qui se destine avant tout aux amateurs de séries B horrifiques qui recherchent le divertissement et non l’originalité.

Note : 12/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Bikini Atoll »

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