avril 25, 2024

Chambre 1408

Titre Original : 1408

De : Mikael Hafstrom

Avec John Cusack, Samuel L. Jackson, Mary McCormack, Tony Shalhoub

Année : 2008

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Bien qu’il soit un auteur réputé de romans d’épouvante, Mike Enslin n’a jamais cru aux fantômes et aux esprits. Pour lui, la vie après la mort n’est que pure invention, et il a passé suffisamment de temps dans des maisons hantées et des cimetières pour le vérifier…
En travaillant sur son dernier ouvrage, il découvre l’existence d’une chambre, la 1408 du Dolphin Hotel, où se sont produites de nombreuses morts inexpliquées et souvent violentes. Malgré les mises en garde du directeur de l’hôtel, Enslin décide d’y passer une nuit.
Face à ce qu’il va vivre, son scepticisme va voler en éclats. Pour lui, la question n’est plus de savoir si le paranormal existe, mais d’espérer survivre à la nuit de tous les cauchemars…

Avis :

Auteur prolifique et pape de la littérature horrifique, Stephen King est sans doute l’écrivain le plus adapté au cinéma. Parfois pour le pire, mais aussi pour le meilleur comme peuvent en attester des œuvres tels que Misery, Shining ou encore Les Evadés. Outre ses romans qui ont fait les beaux jours des amateurs de cinéma d’horreur, quelques nouvelles sont aussi adaptées, à l’image de Chambre 1408. A la base de cette histoire, il y a un fond de vérité. En effet, Stephen King s’est inspiré des travaux du parapsychologiste Christopher Chacon, qui a enquêté sur une chambre supposée hantée dans un hôtel de Californie. De là, il a apposé certains de ses thèmes fétiches, comme un auteur talentueux qui se saborde et un deuil qui ne se fait pas. Présente dans le recueil Tout est Fatal sorti en 2003, il ne faudra que quatre ans pour trouver un réalisateur.

Sorti début 2008 au cinéma en France, Chambre 1408 va souffrir d’un accueil mitigé, la faute à une histoire qui peut se voir comme un huis clos dans lequel John Cusack joue un personnage assez détestable, qui va devoir survivre une heure dans un lieu qui est vraiment hanté. Le script est assez simple dans sa structure narrative. Mikael Hafstrom ne se casse pas trop la tête et suit bêtement des balises pour que l’on ressent de l’empathie envers cet écrivain cynique et torturé. Ainsi donc, on débute l’histoire en présentant Mike Enslin comme un auteur de romans horrifiques qui se contente de faire des Top 10 des lieux les plus hantés. Après une séance d’autographes, on va voir que l’auteur est tout de même apprécié pour son premier roman, un coup d’éclat qu’il ne transformera jamais. Déjà, les bases d’un récit « kingien » sont là.

« On ne peut pas reprocher au scénariste de ne pas avoir mis du fond. »

Rapidement, on sent que Mike Enslin souffre secrètement. De sa notoriété d’écrivaillon à la dérive, mais aussi de quelque chose de plus profond, ce qui le rend cynique, et presque détestable avec les autres. Pour autant, on sent une fragilité derrière les fissures, et sa mésaventure dans cette chambre réellement hantée va lui permettre de faire son deuil, et d’en apprendre plus sur lui. Ainsi, au-delà du film d’épouvante, Chambre 1408 est aussi un film qui parle de psychologie, et de comment faire à la fois son deuil d’une vie passée heureuse, et de la perte d’un enfant à cause de la maladie. On ne peut pas reprocher au scénariste de ne pas avoir mis du fond. Il y a une vraie volonté de raconter quelque chose de fort et de touchant, et de transformer ce personnage antipathique en quelqu’un de respectable et de finalement empathique.

Si la prestation de John Cusack est très intéressante, notamment dans son cheminement sur le deuil de sa fille, on va surtout être emporté dans un film qui ne s’arrête pas un seul instant. Une fois les présentations faites, on rentre dans cette chambre pour ne plus en sortir. Si le protagoniste doit tenir une heure, on restera quasiment une heure avec lui, comme si le film était en temps réel. C’est très malin de faire comme ça, nous plongeant au plus proche de ce personnage qui va vivre un enfer et subir des épreuves que personne ne voudrait subir. Outre les apparitions fantomatiques et autres changements spatiaux dans la chambre (qui symbolisent bien évidemment le subconscient du personnage), on va voir que le personnage de la fille revient dans les bras de son père, pour repartir à nouveau, perdant une nouvelle fois son enfant. C’est rude et profondément triste.

« …s’il y a bien une chose que l’on peut reprocher au film, c’est de ne pas assez bien dosé son ambiance… »

Mais tout n’est pas parfait dans ce film, loin de là. Par moments, le temps peut paraître long au sein de cette chambre, et certains passages ne fonctionnent pas vraiment. On peut évoquer le coup de la corniche par exemple, qui reste peu intéressant, car on sait que le personnage ne peut mourir maintenant. Les effets spéciaux sont aussi un peu désuets, même si on peut saluer la volonté du réalisateur de faire appel le moins possible aux CGI. Et puis il y a aussi le manque de personnages secondaires, qui ne font que de la figuration. On pense à Samuel L. Jackson en patron d’hôtel que l’on ne voit que deux fois, ou encore Tony Shalhoub qui n’apparait qu’une fois en éditeur peu scrupuleux. Reste Mary McCormack en ex-femme qui va être une porte de sortie pour le héros.

Enfin, s’il y a bien une chose que l’on peut reprocher au film, c’est de ne pas assez bien dosé son ambiance, et de ne pas arriver à rendre cette chambre encore un peu plus glauque ou dérangeante. En fait, Mikael Hafstrom n’utilise pas assez le côté désuet de cet hôtel, ni même les résidents. On aurait pu croire que cette mère avec son landau, dans la chambre voisine, allait être un ressort horrifique, mais il n’en sera rien. De même, l’arrivée d’un technicien pour réparer le chauffage ne rend pas l’ensemble plus étrange lorsqu’il part presque en courant, en refusant de rentrer dans la pièce. Il manque quelques nuances pour alourdir l’atmosphère et ressentir quelque chose de démoniaque. Il faut dire que les teintes vertes qui baignent le film n’aident pas forcément à cela. Il aurait fallu quelque chose de plus sombre.

Au final, Chambre 1408 est un bon film, malgré ses défauts évidents. Il peut paraître un poil trop long (une coupe d’un petit quart d’heure n’aurait pas été de trop) mais ils brassent des thèmes qui sont au cœur même de l’écriture de Stephen King. Mikael Hafstrom signe une mise en scène correcte, mais qui aurait pu être plus malsaine, afin de rendre ce huis clos plus étouffant encore. Mais malgré tout, on reste face à un long métrage de qualité, qui a du fond et rend un bel hommage aux films d’épouvante des années 80. Le genre de film où l’on préfère voir le verre à moitié plein.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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