De : Rob Reiner
Avec James Caan, Kathy Bates, Lauren Bacall, Rob Reiner
Année: 1990
Pays: Etats-Unis
Genre: Thriller
Résumé:
Paul Sheldon, romancier et créateur du personnage de Misery dont il a écrit la saga, est satisfait. Il vient enfin de faire mourir son héroïne et peut passer à autre chose. Il quitte l’hôtel de montagne où il a l’habitude d’écrire et prend la route de New York. Pris dans un violent blizzard, sa voiture dérape dans la neige et tombe dans un ravin. Paul Sheldon doit son salut à Annie Wilkes, infirmière retraitée qui vit dans un chalet isolé. Annie est justement une supporter inconditionnelle de la belle Misery.
Avis:
S’il est plus ou moins tombé en désuétude depuis 15 ans, sans pour autant s’arrêter de tourner (mais qui a eu vent d’Alex et Emma, Flipped ou Being Charlie ?), Rob Reiner a connu une très belle carrière dans les années 80/90. Il fut même un temps où le nouveau Rob Reiner était très attendu. Il faut dire que le réalisateur a su nous offrir des films qui sont devenus des classiques, « Princess Bride« , « Des hommes d’honneurs« , « Misery« , « Stand by me ». Bref, avec une si belle carrière, il est dommage que le nom du réalisateur ne soit aujourd’hui surtout connu que par les cinéphiles. Des cinéphiles qui lui rendent grâce, en faisant découvrir ses chefs d’œuvre aux nouvelles générations.
À l’époque du film qui nous intéresse, Rob Reiner venait de conclure magnifiquement les années 80 avec Quand Harry rencontre Sally, et c’est d’une manière forte qu’il commença les années 90. « Misery » est un film tordu, sadique, avec un soupçon d’absurde, voire même d’humour, tant le personnage d’Annie Wilkes est génial et parfois décalé. Car « Misery » est surtout un film qui est tenu à bras le corps par une Kathy Bates totalement possédée par son personnage!
Paul Sheldon est un écrivain à succès, auteur d’une saga littéraire très populaire, « Misery ». Mais Paul Sheldon est lassé d’écrire encore et encore la même chose et décide de mettre fin aux aventures de Misery. L’auteur, qui s’était retiré pour écrire son nouveau roman, vient d‘achever un manuscrit définitif. Heureux, il prend alors la route direction New-York pour le donner à son éditeur. Mais en route, il se fait piéger dans une tempête, et subit un violent accident de voiture. Par miracle il est trouvé par Annie Wilkes, une jeune femme infirmière de formation qui vit seule dans une maison isolée. Bloqué par les intempéries, il laisse Annie prendre soin de lui. Des soins qu’elle prodigue avec honneur, puisqu’elle se vante d’être sa plus grande admiratrice. Mais Annie est étrange, victime de sautes d’humeur très violentes. Alors quand elle achète le dernier livre paru de l’auteur, les choses vont se compliquer et le véritable visage d’Annie va lui être révélé.
Huis-clos sadique, « Misery » est aujourd’hui encore une sacrée claque. Une femme désaxée séquestre un écrivain et le force à redonner vie à son personnage préféré, qu’il n’a pas hésité à tuer à la fin de son dernier livre. Stephen King est au sommet de sa créativité et de sa plume (oui, le bouquin est aussi bon que le film), et la caméra de Rob Reiner immortalise ces deux personnages à la perfection.
Sans temps mort, sans superflu, la réalisation de Rob Reiner va direct à l’essentiel et offre un film à la fois minimaliste, intime, et drôle. « Misery » fait preuve d’un humour noir génial, digne de la folie du personnage d‘Annie Wilkes campé par une Kathy Bates en état de grâce. À la vision du film, on se rend rapidement compte qu’il ne pouvait y avoir qu’elle pour incarner le regard dur et le sourire éclatant d’Annie Wilkes.
L’idée est implacable, le scénario impeccable, mais le film est aussi soutenu par la mise en scène inspirée de Rob Reiner. La force de sa narration, la fluidité de son montage, l’excellence de son rythme, contrebalancent des scènes dures (celle de la massue est traumatisante) et jouissives à la fois, faisant de Misery un véritable plaisir coupable. L’ambiance est extrêmement anxiogène, et le film n’a rien perdu de sa tension vingt-cinq ans plus tard. Qu’on connaisse déjà l’histoire ou pas, on reste encore pendu aux lèvres de Wilkes, on reste tendu quand Paul se faufile dans la maison de Wilkes espérant trouver une sortie. On reste passionné par les manigances de ce dernier pour gagner du temps. Et on reste enthousiasmé devant les effusions de joie de Wilkes, extatique devant la suite de son roman, la résurrection absurde de son personnage préféré que l’écrivain écrit pour elle. Décidemment, plus les années passent et plus « Misery » se confirme comme l’un meilleurs films de son réalisateur. Un coup de génie qui n’a pas fini de défier le temps.
« Misery« , c’est aussi un film grandement axé sur ses personnages. Kathy Bates est démentielle, mais il n’y a pas qu’elle à l’écran. La victime de ses sévices et de ses adorations, l’écrivain Paul Sheldon, est jouée par l’excellent James Caan, qui trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Son affrontement final avec Wilkes donne des frissons à chaque vision. Pour détendre l’atmosphère quelque peu chargée du film, on y trouvera Frances Sternhagen et Richard Farnsworth, qui composent le couple de flics le plus amusant, touchant et improbable du début des années 90.
Stephen King est un auteur qui inspire énormément, dont l’œuvre faire rêver bon nombre de réalisateurs, scénaristes, producteurs et autres acteurs. Si, bien souvent, ces adaptations sont peu convaincantes, voir même ratées (on se souvient encore du désastreux « Dreamcatcher« ), « Misery » arrive pour sa part sur le podium sans aucune hésitation. En deux heures, grâce à des comédiens hors pair, Rob Reiner nous livre un grand film, entre tension, drame, terreur psychologique, châtiments corporels, le tout éclairé par le sourire fou d’une femme qu’on aimerait ne jamais croiser. Bref, un film incontournable, indétrônable.
Note : 20/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ptpaEntid74[/youtube]
Par Cinéted
Une réflexion sur « Misery »