avril 19, 2024

Contamination

De : Luigi Cozzi

Avec Louise Marleau, Marino Masé, Ian McCulloch, Siegfried Rauch

Année : 1980

Pays : Italie, Allemagne

Genre : Horreur, Science-Fiction

Résumé :

Après la découverte d’un cargo contenant des œufs libérant une substance hautement dangereuse, une scientifique, un inspecteur de police et un ancien astronaute vont faire équipe pour mener l’enquête.

Avis :

À la fin des années 1970, Alien – le 8e passager marque un précédent dans le cinéma de genre. Considéré comme l’un des précurseurs de la science-fiction horrifique, le film de Ridley Scott s’est distingué, entre autres, par son atmosphère viscérale, sa direction artistique hors pair. Fort de ce succès, il n’a pas tardé à faire des émules, suscitant les velléités mercantiles des productions de tous horizons. Aussi, Lewis Coates (pseudonyme de Luigi Cozzi) travaille sur un projet qui semble dans la lignée de son prédécesseur, du moins dans les intentions. Seulement, le résultat n’est que trop rarement à la hauteur du modèle…

Même si l’on replace Contamination dans son contexte ou que l’on considère les modestes moyens à l’œuvre, il est difficile de ne pas s’écarter de ce statut de série B. De prime abord, cela ne présente pas un caractère péjoratif. On y distingue un enthousiasme évident à avancer une intrigue convenue et néanmoins correctement amenée. L’incursion du navire sur les côtes de New York demeure une très bonne idée. Elle aurait pu rappeler l’ambiance claustrophobe d’un vaisseau spatial qui, à son image, permet de dépeindre un microcosme autour d’un environnement hostile. En l’occurrence, l’océan est tout aussi angoissant que l’espace.

« Si le pitch initial est intéressant, il se perd progressivement dans un traitement conventionnel… »

Toujours est-il que cet aspect sert d’introduction et n’est guère développé. Il est d’autant plus dommage que le cargo recèle de nombreuses possibilités d’exploration. Preuve en est avec ces coursives, des zones de stockage ou la salle des machines. À ce titre, la prolifération des œufs est cohérente avec le cadre. Il est difficile de ne pas songer aux œufs d’aliens, même si l’on ne distingue point de xénomorphes à l’horizon. Leur dangerosité présente néanmoins des similarités avec des explosions corporelles qui restent encore bien fichues. En revanche, on demeure plus circonspects quant au déclencheur.

Tour à tour, on évoque l’ingestion d’un organisme invisible, un simple contact ou une diffusion dans l’air. Si le pitch initial est intéressant, il se perd progressivement dans un traitement conventionnel qui manque de cohérence à défaut de vraisemblance. On va s’appesantir sur une tentative d’invasion extraterrestre qui survient après une mission sur Mars, ainsi qu’un complot à l’échelle mondiale pour annihiler l’humanité. Là encore, la volonté de tuer notre espèce ou de l’asservir n’est pas clairement établie. On a droit à des comportements et des motivations qui ne sont pas sans rappeler L’Invasion des profanateurs de sépulture, la tonalité paranoïaque en moins.

« …la suite délaisse la science-fiction horrifique pour s’orienter vers le film d’espionnage bas de gamme. »

Étonnamment, la seconde partie quitte les rues lugubres de New York pour s’insinuer sous la chaleur accablante de la Colombie. Au-delà du contraste géographique et culturel, la suite délaisse la science-fiction horrifique pour s’orienter vers le film d’espionnage bas de gamme. Cela tient à l’antagoniste et ses sbires, à sa base secrète et aux intentions qu’ils dissimulent pour le compte d’une entité venue d’outre-espace. À ce titre, son design est passablement grossier, voire grotesque, lorsqu’on considère la prétendue évolution « supérieure » de tels êtres. Eu égard à ces manipulations mentales sans subtilité aucune ou cette propension à gober les victimes par l’un de ses nombreux orifices buccaux.

Au final, Contamination est un film d’exploitation qui ne pâtit pas forcément des années, mais de son traitement fauché. Certes, les effets spéciaux tiennent encore la route lorsqu’il est question de répandre tripes et boyaux. De plus, on apprécie aussi la bande-son des Goblins et ce rapport à l’image où la présence des œufs possède son propre accompagnement musical. Intéressant pour suggérer le danger latent avant même de les voir. Néanmoins, le scénario sombre dans la facilité. On s’éloigne sciemment de la science-fiction horrifique pour se cantonner à une affaire d’espionnage venue d’ailleurs. Il ressort une tentative médiocre et opportuniste qui s’immisce dans le sillage d’Alien et de L’Invasion des profanateurs de sépulture.

Note : 09/20

Par Dante

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