avril 26, 2024

Smash Cut

De : Lee Demarbre

Avec David Hess, Sasha Grey, Michael Berryman, Jesse Buck

Année : 2009

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Comédie

Résumé :

Le réalisateur Able Whitman est abattu par l’accueil négatif que les critiques réservent à son dernier film. Dans une boîte de strip-tease où il part noyer son désarroi, Able rencontre une danseuse qu’il ramène chez lui. Mais sur le chemin, complètement saoul, le réalisateur perd le contrôle du véhicule. Il sort indemne de l’accident mais la jeune femme meurt sur le coup. Able a, alors, l’idée de dissimuler le corps en le faisant passer pour un accessoire sur le tournage de son prochain film d’horreur.

Avis :

On reproche souvent aux films d’horreur de ne pas avoir de scénario, et de ce fait, de se rapprocher à quelque part du cinéma porno. Les mauvaises langues vous diront qu’il suffit de remplacer le rouge du sang par le blanc du sperme, et le tour est joué, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Déjà parce que c’est insultant envers les deux industries qui essayent de varier les plaisirs en établissant des histoires (parfois pas terribles), mais aussi parce que l’horreur peut se voir comme une catharsis, une façon de lutter contre ses peurs. Ce lien étroit, on le retrouve aussi dans des choix de casting assez coquin, où parfois, la porn star est un atout de communication. Prenons Smash Cut de Lee Demarbre, qui utilise sans vergogne l’image de Sasha Grey pour vendre son navet.

Smash Cut est l’exemple type de de la comédie d’horreur qu’il ne faut surtout pas faire. Dès le départ, tous les voyants sont au rouge. On prend une porn star qui n’a pas encore pris sa retraite (ce qu’elle fera deux ans plus tard), un vieil acteur tombé dans l’oubli, ici, David Hess de La Dernière Maison sur la Gauche, puis quelques gueules redondantes de l’horreur bis (Michael Berryman), et enfin, on demande à une vieille légende gâteuse de prendre un peu la parole (Herschel Gordon Lewis, le réalisateur du « premier » film gore de l’histoire du cinéma). Tout ce joli monde est clairement sur le déclin, si ce n’est la jeune Sasha Grey qui semble vouloir intervenir dans un cinéma plus « conventionnel ». De ce fait, le film pue l’opportunisme à plein nez, mais il va aller plus loin que ça encore.

Au niveau du scénario, le fond veut aborder les soucis de l’industrie hollywoodienne, qui broie les cinéastes au bout d’un échec. Là, on a droit à un réalisateur raté, qui livre des films d’horreur calamiteux, et qui se noie dans la débauche dans un strip-bar. On pourrait y voir une façon inventive de créer un serial killer, qui pète un câble car il ne trouve plus de financement pour un nouveau film. Mais Lee Demarbre ne va rien en faire, et préfère tout tourner à la gaudriole. Du coup, le réalisateur picole trop, se lamente sur son sort, puis, suite à un accident, tue sa muse. Il trouve alors l’inspiration pour un nouveau film, dont on ne verra pas grand-chose, puisqu’il décide de tuer tous les gens sur le plateau qui le contredisent. En commençant par une journaliste critique, particulièrement assassine.

Le film dérive alors rapidement dans une comédie ubuesque, où la sœur de la victime embauche un détective privé azimuté pour trouver le meurtrier. Allant de meurtre stupide en effets gores d’une nullité abyssale, Smash Cut coche toutes les cases du malaisant. Ce n’est jamais drôle, c’est toujours laid et ça n’a aucune cohérence. Même dans sa structure, c’est très mal foutu. Le réalisateur veut des morceaux humains pour faire des effets spéciaux plus vrais, mais il est toujours emporté par son délire macabre afin de faire des blagues douteuses et sans intérêt. De plus, les plans du film dans le film sont toujours les mêmes, avec une Sasha Grey face caméra qui écrase des bouts de viande entre ses mains. Il s’agit-là d’un vrai calvaire dans l’écriture, mais aussi dans le montage.

En termes de mise en scène, on touche aussi le fond. Si on est loin d’un Five Across the Eyes qui fait très amateur, voire film de vacances qui tourne mal, Smash Cut est d’un ridicule incroyable. On reste souvent dans des bureaux colorés qui semblent provenir d’un soap mexicain. Les rares scènes en extérieur sont ratées. Et que dire de ce bar à striptease qui revient sans cesse. Non seulement c’est ringard et fauché, mais rien n’est fait pour donner un peu d’épaisseur au film. On navigue constamment dans le mauvais goût, que ce soit pour l’histoire, les effets spéciaux ou la mise en scène. Mais ce n’est rien comparé aux acteurs qui sont tous, absolument tous, mauvais. David Hess en tête, qui surjoue sans arrêt, et qui montre ses limites dans un bêtisier en guise de générique de fin, où il oublie constamment son texte.

Quant aux autres, ce n’est guère mieux. Michael Berryman semble sous cacheton et bafouille les trois phrases qu’il a à dire. Jesse Buck fait le débile en détective privé, ayant pleinement conscience de tourner dans un film cynique au possible. Seule Sasha Grey essaye de tirer son épingle du jeu, mais son personnage est anecdotique, elle a peu de répliques et sert surtout à jouer les nunuches de service. Un triste constat qui amène à une réflexion pénible : a-t-elle été choisie uniquement comme service marketing pour attirer les pervers ? C’est un problème qui fut assez récurent dans le cinéma d’horreur des années 2000, notamment dans les DTV, et Smash Cut ne fait pas exception.

Au final, Smash Cut est un horrible film. Il fait réellement partie de ces long-métrages d’horreur dont le seul but est de capitaliser sur sa porn star pout attirer le chaland. Doté d’un cynisme pur et se foutant carrément de la gueule du spectateur, le film de Lee Demarbre n’a absolument rien d’un métrage de cinéma. Ni même d’un film entre potes, puisque la qualité de l’image est trop propre. On dirait plutôt un film sous acide qui se la raconte film de sale gosse, mais qui ne raconte rien et se noie dans son propre message. Car oui, si c’est pour produire des films comme ça, autant qu’on les interdise.

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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