avril 23, 2024

Médée

Titre Original : Medea

De : Pier Paolo Pasolini

Avec Maria Callas, Massimo Girotti, Guiseppe Gentile, Laurent Terzieff

Année : 1969

Pays : Italie, France, Allemagne

Genre : Drame, Fantastique

Résumé :

Médée la magicienne, fille du roi de Colchide, voit arriver sur sa terre le prince Jason venu enlever la Toison d’Or, l’idole de son peuple. Tombée folle amoureuse du jeune Grec, elle trahit sa famille et son pays en dérobant pour lui la Toison d’Or et s’exile à ses côtés. Des années plus tard, alors qu’elle lui a donné deux enfants, l’homme pour qui elle a tout abandonné se détourne d’elle pour une femme plus jeune…

Avis :

Immense réalisateur italien qui a profondément marqué l’histoire du cinéma, pour ma part, même si j’en ai toujours entendu parler, notamment pour ses engagements et les polémiques qui vont avec son cinéma, je dois dire que je ne m’y étais encore jamais attardé. Ce n’est pas l’envie qui m’en manquait, mais c’est juste que je n’en avais pas encore l’occasion. Profitant d’une rétro de ses films en salles cet été, j’avais dans l’idée d’en découvrir et finalement, je pense que j’aurais le temps que de placer le film sur lequel on s’arrête aujourd’hui.

Huitième film de Pier Paolo Pasolini, « Médée » a la particularité d’être l’un des seuls films dans lequel la grande Maria Callas a accepté de jouer, et c’est même le seul de cette envergure.

Pour ma première incursion dans le cinéma de Pier Paolo Pasolini, je dois dire que je commence assez fort, avec un film passionnant et visuellement grandiose. Un film qui malgré ses plus de cinquante années d’existence n’a pas tant vieilli que cela, et il sait nous embarquer dans son mythe dès les premières minutes. Si je peux toutefois lui reprocher de me laisser sur ma faim, tant sa fin est très abrupte, sur l’ensemble de cette première immersion dans le cinéma du célèbre metteur en scène italien, j’en ressors ravi, et avec l’envie de découvrir d’autres films de lui.

Jason est un jeune Prince qui fut élevé par un centaure. Le centaure a expliqué au jeune Jason qu’il était le Prince déchu d’un royaume qui fut volé par son oncle, et une fois adulte, il lui faudra reconquérir son territoire. Lorsque Jason se présente à son Oncle, ce dernier accepte de lui céder le trône, si, et seulement si, Jason lui rapporte la Toison d’or du Divin Bélier. Jason part donc avec des hommes, par-delà les océans pour trouver le divin objet. Sur sa route, il va croiser Médée, la fille du Roi de Colchide, et cette dernière va tomber éperdument amoureuse du jeune Prince, au point de trahir son père et son peuple…

Pier Paolo Pasolini se lance donc dans l’adaptation de « Médée« , Reine et magicienne dont l’histoire est devenue un mythe. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre lorsque je suis entré en salle, tant la réputation de son réalisateur l’avait précédé. Ainsi, entre envie et crainte, à la découverte de ce grand film, je dois dire que « Médée » m’a passionné et je n’ai pas vu le temps passer.

« Médée« , c’est une plongée dans un mythe, avec une histoire ô combien dramatique, puis derrière ça, « Médée« , c’est aussi une plongée en quelque sorte dans l’histoire du cinéma, me trouvant face à un film grandiose, bourré du charme de son époque. Si le mythe de Médée est particulièrement connu, je dois dire que pour ma part, je n’en connaissais que de vagues lignes, ce qui fait que ce film m’a fait découvrir bien plus en profondeur cette histoire et ce fut aussi excellent que prenant.

Si le film a parfois du mal à convaincre avec le temps qui passe, bien souvent, on comprend de nous-même (et souvent avec surprise) qu’il s’est passé plusieurs années à l’écran, notamment dans la dernière partie du film, où d’un coup Médée et Jason sont parents. Et comme je le disais, le final est bien trop abrupt, nous sortant du film en quelques secondes alors qu’on y serait bien resté encore un peu plus longtemps. Un sentiment encore plus poussé, au vu que le film n’a pas de générique de fin, puisque ce dernier est au début.

Bref. Mais derrière ces petits reproches qui se posent finalement comme des broutilles, le film de Pier Paolo Pasolini s’est posé comme une belle et grande séance de cinéma. Une séance de cinéma assez magique, partagée entre poésie, fantastique et une grande tragédie grecque, qui révolte autant qu’elle se fait touchante.

Au fil de cette histoire, au sein de ce scénario, « Médée » est un film qui nous réserve des légendes, des trahisons, une histoire d’amour, des meurtres, des sorts, des rituels, de la mythologie, de l’amour, de la haine, de la jalousie, des manipulations… Bref, autant d’éléments et de rebondissements qui rendent l’histoire et le destin de tous ces personnages passionnants. D’autant plus que si l’on passe au-dessus des défauts et des frustrations que j’ai évoqué plus haut, Pier Paolo Pasolini raconte très bien cette histoire, gérant son film d’une main de maître. 

Cet excellent scénario est renforcé par une belle mise en scène. C’est bien simple, le film de Pasolini est grandiose, offrant de très grandes scènes, et au-delà de ça, de grands décors et des costumes au-delà du magnifique. Certes, avec ses cinquante-deux ans au compteur, « Médée » a parfois pris un coup de vieux, notamment dans ses effets spéciaux, souvent autour des meurtres où les corps font vraiment poupée, ou encore parfois dans son montage, vers la fin avec des superpositions d’images, mais derrière, le film de Pier Paolo Pasolini est sublime, et respire le travail pour offrir le plus beau des spectacles.

Enfin, ce film offre quelque chose d’unique, puisque pour incarner « Médée« , Pier Paolo Pasolini s’est offert La Callas. L’immense cantatrice tient son seul vrai rôle au cinéma, et autant dire qu’elle y est parfaite dans le rôle de cette fille de Roi et magicienne dont le destin va se charger de lui offrir malgré elle, une grande histoire tragique. Pour la séduire, l’accompagner et la trahir, pour le rôle de Jason, le cinéaste a choisi Guiseppe Gentile, un acteur que je découvre et qui fait un excellent Jason, aussi séduisant qu’on a envie de le suivre et le voir réussir sa quête. Après, pour les autres rôles, outre Laurent Terzieff en centaure et Massimo Girotti en Roi Crésus, le film n’offre finalement pas vraiment d’autres personnages intéressants à suivre, et ça, c’est quelque peu dommage, même si ça n’empêche aucunement d’être pris dans cette histoire.

Je suis entré en salle de cinéma avec autant de craintes que d’envie de découvrir l’œuvre de ce cinéaste si controversé, et j’en ressors conquis, face à une belle et grande séance de cinéma. Certes, le film a ses défauts et ses petits coups de vieux, mais sur l’ensemble, « Médée » est un très beau film, que ce soit du point de vue de son histoire, que dans sa mise en scène ou encore dans son acting, avec en tête d’affiche une Maria Callas qui crève l’écran. À la suite de cette première incursion, je suis désormais très curieux de m’arrêter sur d’autres films de Pier Paolo Pasolini. Si jamais une salle de cinéma propose « Médée« , j’ai envie de dire que l’occasion de découvrir le film sur grand écran ne se manque pas.

Note : 16/20

Par Cinéted

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