avril 26, 2024

Tomber Pour Ali

Titre Original : Advokatas

De : Romas Zabarauskas

Avec Romas Zabarauskas, Dogac Yildiz, Darya Ekamasova, Aisté Dirziuté

Année : 2020

Pays : Lituanie

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Un avocat désabusé de Vilnius partage son temps entre ses amitiés superficielles et des conquêtes sans lendemain. A la mort de son père qu’il ne fréquentait plus, il se rend à Belgrade où il noue une relation privilégiée inattendue avec un beau réfugié syrien qui réveille en lui des sentiments amoureux qu’il ne pensait plus éprouver.

Avis :

Romas Zabarauskas est un réalisateur lituanien qui commence à faire son petit bonhomme de chemin dans un sentier plein de ronces. Militant LGBT dans une Lituanie conservatrice et plutôt homophobe, Romas Zabarauskas a choisi la voie du cinéma pour mettre en avant des personnages LGBT et parler de leur vie en Lituanie. Commençant par un court-métrage, il va au cours des années 2010 réaliser deux longs-métrages qu’il va produire lui-même. En parallèle de ça, il publie un ouvrage, « 99 histoires LGBT+, la Lituanie fait son coming out » pour donner encore plus de visibilité aux LGBT. D’ailleurs, pour éduquer les jeunes générations, Romas Zabarauskas va même faire don de son livre à plusieurs lycées, collèges et autres bibliothèques.

Comme je le disais, le cinéaste fait son petit bonhomme de chemin et son troisième film, « Tomber pour Ali« , va alors être son premier film à être financé par le centre du cinéma lituanien, autant dire que pour Romas Zabarauskas, c’est une avancée extraordinaire. Pour son troisième film, le jeune réalisateur d’à peine trente ans s’aventure sur des chemins compliqués et livre un film riche en sujets, mais malheureusement, malgré une belle histoire, « Tomber pour Ali » manque d’émotion et parfois de crédibilité. Restera que sur l’ensemble, on ne passe pas un mauvais moment, et c’est déjà ça.

Marius est un avocat volage qui enchaîne les rencontres sans lendemain. Un soir, il fait la connaissance d’Ali, un réfugié syrien qui fait des tchats privés pour gagner sa vie. Ali est à Belgrade et Marius à Vilnius. Les deux hommes n’auraient jamais dû se rencontrer et pourtant, Marius, touché par Ali, prend un avion pour la Serbie pour découvrir Ali, lui parler, l’aider, et peut-être même l’aimer…

Romas Zabarauskas est un cinéaste engagé et pour son troisième film, « Tomber pour Ali« , il pousse le curseur un peu plus loin, s’aventurant dans son scénario sur plusieurs fronts. Avec « Tomber pour Ali« , Romas Zabarauskas va tout d’abord parler de la condition des personnes LGBT en Lituanie, un pays qui a encore besoin de faire des avancées sur le plan de l’acceptation. Puis en gardant en filigrane cette thématique sur le reste de son intrigue, le metteur en scène va s’aventurer à peindre le portrait d’un réfugié syrien homosexuel qui a fui la guerre et le régime de Bachar el-Assad. Ainsi, avec cette nouvelle thématique, Romas Zabarauskas pousse un peu plus loin son film pour en faire une œuvre engagée et surtout une œuvre politique qui dénonce et pointe du doigt. A travers l’histoire d’Ali, le réalisateur s’intéresse à ces hommes et ces femmes qui sont obligés de fuir leur peine.

Puis à travers son histoire, le réalisateur prend le temps d’aborder le parcours des réfugiés qui comme ici, terminent dans des camps, attendent de remplir les bonnes cases pour être acceptés dans l’Union européenne. Tout le côté politique du film est très intéressant. Il est intéressant, car il est mesuré par son réalisateur, qui ne tombe pas dans le piège de l’excès. Non, ici, que ce soit le personnage de Marius face à l’homophobie de son pays, ou celui d’Ali, qui fait comme il peut pour survivre, Romas Zabarauskas raconte bien ces portraits, les problèmes qu’ils rencontrent, les désirs, les regrets, les peines et les espoirs.

Sur une autre mesure, « Tomber pour Ali » est aussi une histoire d’amour naissante entre deux hommes qui se rencontrent par hasard. Si l’histoire d’amour est jolie, cette dernière est cependant parsemée de petits défauts et autres invraisemblances. Ici, tout va très vite, notamment pour le personnage de Marius, qui est très vite prêt à tout pour son Ali. Certes, le scénario peut justifier cette radicalité par un drame survenu dans la vie du personnage, mais parfois, même si ça reste joliment fait, on peut avoir du mal à être pleinement convaincu. Tout comme on sera un chouilla déçu par un manque d’émotion. C’est dommage, tout est là, l’ensemble prend, dans une plus ou moins grande mesure, et pourtant, on n’est pas si touché que ça par ces deux âmes blessées qui se découvrent et s’aiment, et c’est peut-être là que le film déçoit le plus. Après, comme je le disais plus haut, sur l’ensemble, « Tomber pour Ali » reste un joli film devant lequel, défauts et qualités conjugués, on passe finalement un bon moment.

Le moment est aussi bon grâce à la mise en scène de Romas Zabarauskas qui nous entraîne avec pudeur dans cette histoire. Une mise en scène qui a de jolies idées, qui gère plutôt bien son rythme, qui tient une photographie chaude, même dans ses scènes les plus froides et le tout est accompagné par une BO de Ieva Marija Baranauskaite qui peut se vanter d’être une des plus belles qu’on aura entendue cette année.

Puis enfin, dernier atout qui fait qu’on passe un petit mais joli moment devant ce film, ce sont ces deux comédiens principaux, qui livrent là des prestations tout en tendresse et délicatesse. Certes, le film manque d’émotion, mais pourtant, malgré ça, ces acteurs, Doğaç Yıldız qui incarne Ali et surtout Eimutis Kvosciauskas qui incarne Marius, sont de très belles découvertes, et l’on aime beaucoup les suivre et suivre leurs personnages.

Un poil décevant, « Tomber pour Ali » demeure néanmoins un bon petit film qui sait se faire intéressant à suivre. Film engagé et politique d’un côté, Romas Zabarauskas arrive aussi à nous entraîner dans une petite et jolie histoire d’amour, certes trop rapide, mais tenue par deux comédiens auxquels on croit. Bref, une petite découverte qui, si elle a apporté ses petites déceptions, sur son ensemble, et dans ce qu’elle raconte, je ne regrette pas de m’y être arrêté.

Note : 12/20

Par Cinéted

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