Titre Original : Puan
De : Maria Alché et Benjamin Naishtat
Avec Marcelo Subiotto, Leonardo Sbaraglia, Julieta Zylberberg, Mara Bestelli
Année : 2024
Pays : Argentine
Genre : Comédie, Drame
Résumé :
Professeur terne et introverti, Marcelo enseigne depuis des années la philosophie à l’Université de Buenos Aires. Un jour, se présente enfin l’occasion de briller : suite au décès de son mentor, il est pressenti pour reprendre sa chaire. Mais voilà que débarque d’Europe un autre candidat, séduisant et charismatique, bien décidé à lui-aussi briguer le poste.
Avis :
Aujourd’hui, c’est en Amérique du Sud, et plus précisément en Argentine, qu’on pose nos yeux de cinéphile et nos envies de découverte du monde. Ainsi, aujourd’hui, on va explorer les filmographies de deux cinéastes qui ont décidé de se réunir pour faire un film, « El Profesor« . À la tête de ce film, on trouvera alors Maria Alché, qui est une actrice et réalisatrice qu’on connaît peu car, que ce soient les films dans lesquels elle a pu jouer, ou les films qu’elle a réalisés, très peu ont franchi notre frontière. Et toujours à la tête de « El Profesor« , on trouvera aussi le coréalisateur Benjamín Naishtat dont le nom, nous dit pour le coup quelque chose, puisque c’est à lui que l’on doit « Rojo« , film sorti en 2019 qui parlait de l’Argentine à la fin des années 70.
Pour ce film, les deux réalisateurs se sont donc mis ensemble pour nous livrer une comédie qui veut se poser comme bien plus qu’une simple comédie, car « El Profesor« , dans les sujets qu’il va traiter, se positionne aussi comme une œuvre politique, qui parlera d’éducation, de philosophie, de politique gouvernementale et plus loin encore, de militantisme et d’esprit de contradiction. Bref, une œuvre riche et intéressante, qui malheureusement ne restera intéressante que sur le papier. Ou du moins, ce « El Profesor » ne sera pas aussi intéressant qu’il ne le laissait présager, ce qui est fort dommage, car on a bien tout le terreau qu’il nous faut pour offrir une bonne petite comédie engagée.
« »El Profesor » tient quelques moments qui prêtent à sourire. »
Marcello est un professeur de philosophie qui enseigne à l’université de Puan à Buenos Aires. Alors qu’un ses collègues et amis vient de mourir d’une crise cardiaque, lors des hommages rendus, Marcello voit arriver Rafael, un ancien collègue qui enseigne en Allemagne désormais. Alors qu’en tout logique, Marcello est appelé à prendre la suite de son ami, l’arrivée de Rafael voit bousculer beaucoup de choses. Et on ajoutera à cela que Puan va bientôt être menacée de fermeture.
J’étais ravi de découvrir ce petit film venu d’Argentine, car à la lecture de son synopsis, le film de Maria Alché et Benjamín Naishtat tenait en sa trame de quoi offrir une bonne petite comédie, avec en arrière-fond, un côté politique et sociétal et dans un sens, c’est bien ce que j’ai trouvé là. C’est vrai que du côté de la comédie, « El Profesor » tient quelques moments qui prêtent à sourire, notamment dans la confrontation des égos, surtout pour le personnage de Marcello qui a franchement du mal avec l’arrivée de ce collègue surgi du passé et qui a tout l’air d’être un opportuniste né.
Puis avec ça, il y a un soupçon de jalousie qui est le bienvenu. Le film tient aussi son côté politique, avec notamment une critique du gouvernement et le regard qu’il porte sur les écoles et notamment les universités. D’ailleurs, le final est bien la meilleure partie de ce film, avec son côté militantiste et défense de ses droits.
« »El Profesor » se pose comme une déception. »
Avec ça, « El Profesor » est aussi un film qui va être bien tenu par ses comédiens, enfin surtout son comédien principal qui, quoi que je dise du film par la suite, ce Marcello et par extension son comédien, Marcelo Subiotto, est attachant. Sorte de personnage introverti, presque looser et clairement dépassé par sa situation, Marcello Subiotto livre une jolie prestation, tout comme Leonardo Sbaraglia, qui est parfait en professeur arriviste et pas que, en même temps.
Mais voilà, derrière tout cela, malheureusement, comme je le disais, « El Profesor » se pose comme une déception, et l’histoire que nous raconte les deux cinéastes peine à intéresser, ce qui est terrible, car cette même histoire a tout pour être intéressante. En fait, on pourrait comparer ce film à un accordéon, dans le sens où le film fait des allers-retours et joue avec l’intérêt qu’on lui porte. Ainsi, parfois, d’un coup, il livre un élément, ou une scène, qui va nous intéresser, puis la scène suivante, « l’ambiance » et la hype redescend et l’on reste là, dans l’attente finalement que le film reparte de plus belle.
Il nous faudra alors accepter que « El Profesor » sera ainsi tout du long, et au final, entre deux séquences amusantes, c’est bien l’ennui qui pointe le bout de son nez. Ce sentiment est vraiment dommage, car si l’on s’arrête sur la mise en scène, même si cette dernière manque de rythme et de caractère à plus d’un moment, le film en lui-même est bien filmé et il arrive à se faire sympathique, on regrettera que ça ne dure pas sur l’entièreté du film.
Je ressors donc déçu de ce « El Profesor » qui n’aura pas réussi à m’emporter dans son intrigue. S’il y a bien des instants qui sont chouettes, des personnages attachants, et plus largement, il y a le côté politique qui est intéressant, sur l’ensemble, malheureusement, c’est l’ennui qui n’a fait que gagner du terrain au fur et à mesure que l’intrigue se déroulait. Dommage, vraiment dommage, car sur le papier, il y avait quoi faire un petit film vraiment amusant et intelligent.
Note : 06/20
Par Cinéted