Titre Original : Nothing but Trouble
De : Dan Aykroyd
Avec Chevy Chase, Dan Aykroyd, John Candy, Demi Moore
Année : 1991
Pays : Etats-Unis
Genre : Comédie
Résumé :
Un homme d’affaires se retrouve enfermé avec ses amis dans une étrange demeure.
Avis :
Durant les années 90, Dan Aykroyd est au top de sa forme. Après des études de criminologie qu’il abandonne, il va se faire connaître dans les années 70 grâce au Saturday Night Live. Spielberg l’engage alors sur 1941 et c’est le début de la gloire pour le jeune acteur qu’il était, enchaînant avec bien évidemment les S.O.S. Fantômes ou encore The Blues Brothers. Ce que l’on sait moins concernant Dan Aykroyd, c’est qu’il est aussi scénariste à ses heures perdues (et notamment sur S.O.S. Fantômes et The Blues Brothers) mais aussi réalisateur. En vrai, il n’a fait qu’un seul film, en 1991, Tribunal Fantôme. Comédie burlesque teinté d’humour noir et d’une part d’horreur, le film semble complètement oublié aujourd’hui. Totalement indisponible en DVD en France, si ce n’est en import, jamais masterisé en Bluray, autant dire que la seule et unique réalisation de Dan Aykroyd semble être un objet étrange qui ne passionne pas les foules. Le film est-il aussi horrible pour que personne ne puisse en profiter ?
Le scénario est complètement farfelu. Un riche éditorialiste dans les magazines spécialisés pour banques décide d’amener l’une de ses voisines à un rencard en passant par les routes de campagnes. Avec deux autres amis, ils se retrouvent dans le comté de Walkenvania et se font arrêter à cause d’un stop grillé. Ils sont alors amenés chez un juge très particulier, qui vit dans une immense demeure au milieu d’une décharge à ciel ouvert. Jugés coupables, ils vont devoir survivre dans la maison une soirée pour pouvoir partir le lendemain. Comédie burlesque à tendance horrifique, Tribunal Fantôme est unique en son genre. Signant le scénario ainsi que la réalisation, Dan Aykroyd livre un film étrange, hybride, déjanté, saugrenu, mais aussi, malheureusement, réac au possible et avec, in fine, un message bien nauséabond. L’idée de base, de mettre en avant des gens un peu huppés dans une demeure glauque avec des personnages atypiques, est plutôt bonne, d’autant plus que le film explore un univers unique en son genre, mais globalement, tout cela est noyé dans le mauvais goût et des moments qui arrivent trop comme un cheveu sur la soupe.
Prenons un exemple concret, l’apparition fortuite des deux jumeaux monstrueux qui tombent sur le personnage incarné par Demi Moore. On ne sait pas qui ils sont, on ne sait pas ce qu’ils font, et pourtant, ils font partie du film et possèdent quelques saynètes à eux deux. Il en va de même pour quelques moments en dehors du temps, comme ce rap improvisé avec Tupac qui ne fait que rallonger de la durée de métrage, mais qui ne sert absolument pas le scénario. On sent qu’il y a des idées, trop, et que Dan Aykroyd veut toutes les mettre, en dépit du bon sens, ou du rythme du film. Un rythme effréné, qui ne s’arrête pas, quitte à en faire des caisses, jusqu’à tomber dans le mauvais goût. Un mauvais goût qui se traduit par des blagues potaches, des danses inutiles, ou encore un nez en forme de bite en gros plan qui démontre bien le niveau du film.
Mais le pire dans tout ça n’est finalement pas cet humour un peu lourdingue, avec le coup du mariage forcé, le beau gosse qui s’enlise dans une relation compliqué, ou encore les personnages anodins comme la fille du procureur ou la cousine qui la gâchette facile. Le pire dans tout ça, c’est le message final qui véhicule une idée nauséabonde, celle de la peine de mort, tout simplement. En gros, le juge ne condamne à mort que les malfrats, les drogués, les voyous, les arnaqueurs, les tueurs, mais aussi et surtout, les banquiers. Outre le fait que Dan Aykroyd justifie pleinement la peine de mort, on va aussi se rendre compte qu’il livre un tollé contre les banques et les gens qui y travail, sans avoir de preuves. Dans ce film, il s’attaque à un éditorialiste et non pas à un banquier, mais il souhaite le voir mort tout de même. Et là où ça craint vraiment, c’est qu’à la fin, tout cela est justifié par la police, qui est au courant du travail de ce juge et le cautionne totalement. Certes, on aura une explosion qui détruira le manoir, mais ça n’a aucune portée symbolique.
Fort heureusement, entre un univers décalé ahurissant, un rythme qui ne s’arrête pas et des acteurs intéressants, Tribunal Fantôme sauve les meubles. Chevy Chase est très drôle dans ce rôle de beau gosse sûr de lui qui va en prendre plein la gueule sans jamais cesser de l’ouvrir. Demi Moore est canon, même si son personnage reste transparent et n’apporte pas grand-chose à l’intrigue. John Candy joue deux rôles opposés, un policier qui commence à en avoir marre des combines de son arrière-grand-père et la fille de ce dernier, qui est muette et qui veut se marier. Il est plutôt drôle, même si là aussi, on reste dans du basique. Reste alors Dan Aykroyd complètement déjanté dans ce rôle de vieux taré monstrueux. L’acteur s’éclate, quitte en à faire des caisses, parfois un peu trop, mais on sent que c’est un projet qui lui tient à cœur. D’ailleurs, au niveau de la mise en scène, le film fourmille d’idées, parfois mal mises en avant, mais force est de reconnaître que le jeune réalisateur a essayé des choses et qu’il n’a pas forcément à rougir de ce résultat.
Au final, Tribunal Fantôme est un film qui souffle le chaud et le froid. Entre de bonnes idées, un humour gras parfois drôle ou encore une mise en scène sympathique, le film se noie complètement dans un message pourri qui justifie la peine de mort pour certaines catégories de personnes. Un message réac au possible qui entache cette seule et unique œuvre de Dan Aykroyd, puisque ce dernier ne repassera plus jamais derrière la caméra, et c’est bien dommage…
Note : 12/20
Par AqME