Titre Original : The Diary of Ellen Rimbauer
De : Craig R. Baxley
Avec Kate Burton, Brad Greenquist, Tsai Chin, Eric Keenleyside
Année : 2003
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur, Drame
Résumé :
Ellen Rimbauer vient de recevoir, en cadeau de mariage, de la part de son nouveau mari John, un manoir, le Rose Red. John est un magnat du pétrole, basé à Seattle qu’Ellen ne connaît finalement pas si bien. Elle lui découvre un passé sombre, notamment des disparitions inexpliquées de personnes de son entourage. De plus, des événements étranges commencent à se produire à Rose Red…
Avis :
Au début des années 2000, Rose Red avait fait une petite sensation dans le paysage des productions télévisées horrifiques. Scénarisée par Stephen King, la mini-série s’accompagnait de la sortie du Journal d’Ellen Rimbauer, histoire fictive avancée comme un document authentique. Certes, le procédé n’est pas inédit, mais il est plus rare d’amalgamer l’idée à différents médias et supports culturels. En complément de la mini-série et du livre, cette œuvre a même fait l’objet d’une campagne promotionnelle à la télévision américaine. Un an plus tard, Craig R. Baxley se penche sur les origines de Rose Red. Ce qui donne l’occasion de s’insinuer dans l’Amérique des années 1910…
D’emblée, le format est plus court que la mini-série précédemment évoquée. Le Journal d’Ellen Rimbauer est donc un téléfilm que l’on peut considérer comme un prologue de luxe. Cette impression ne tient pas uniquement à la durée, mais à l’exploitation des flashbacks vus auparavant dans Rose Red. Il s’agit des mêmes acteurs et séquences dont on devine que les tournages respectifs ont coïncidé. De prime abord, ces passages en question évoquent un dérivé du process de stock-shots. Ils sont toutefois moins outranciers et opportunistes dans les intentions. On distingue davantage une volonté de jouer sur un développement narratif parallèle et cohérent entre les deux productions.
« Le Journal d’Ellen Rimbauer est donc un téléfilm que l’on peut considérer comme un prologue de luxe. »
Le présent métrage est alors l’occasion de creuser cette genèse et d’effectuer un rapprochement probant avec la véritable histoire du manoir Winchester. On songe à l’aspect labyrinthique du manoir, à ces travaux incessants et au faste d’une puissante famille de la région. Il est aisé de deviner la source d’inspiration, bien que le potentiel ne soit pas exploité pleinement. Cela tient notamment à l’exploration de la demeure. La facilité à s’y perdre, à multiplier les détours. Au passage de corridors et de vastes pièces, cela ne suffit pourtant pas à instaurer le sentiment d’immersion et le danger latent propre à la structure géographique des lieux. Un aspect cependant présent dans Rose Red…
On peut aussi évoquer le rapport aux phénomènes paranormaux. Là où on aurait pu s’attendre à un élément déclencheur, on assiste à une succession d’évènements tragiques. Suicides, accidents et disparitions égrènent le quotidien houleux des occupants. Ceux-ci viennent alimenter les manifestations, mais n’en sont guère la cause. Par ailleurs, toute la connotation surnaturelle est déjà présente au sein de la demeure. La seule justification avancée réside dans une maison « vivante », même si le propos reste à peine esquissé. Quant au caractère folklorique d’un voyage autour du monde, il n’amène rien si ce n’est une nouvelle amitié.
« L’approche dramatique n’est pas pour déplaire. »
Dès lors, l’aspect fantastique cède le pas face à un traitement axé sur le drame historique. En vase clos, on ne peut pas vraiment parler de reconstitution, hormis pour les costumes, les rares véhicules et l’architecture du manoir. Devant le comportement adultérin du maître de maison, l’effroi n’est guère de circonstances. Les disparitions ne trouvent aucun écho, que celui-ci soit de nature réaliste ou irrationnelle. Même les passages secrets de la demeure en reste au stade de parcours lubriques pour faire transiter les conquêtes du principal intéressé. L’amour porté aux enfants, la romance naissante avec la servante et le rapport au paranormal sont autant de bonnes idées qui ne sont guère exploitées à leur juste valeur.
Au final, Le Journal d’Ellen Rimbauer s’avance comme un téléfilm décevant pour narrer la genèse de Rose Red. Si l’approche dramatique n’est pas pour déplaire, elle ne permet guère de s’attarder correctement sur les autres aspects de l’intrigue. La hantise des lieux se contente de fondamentaux prévisibles, sans jamais susciter l’angoisse ou la suggestion d’une présence invisible. À cela s’ajoute une réalisation sans relief qui éprouve des difficultés manifestes à mettre en valeur la propriété, son architecture disproportionnée et cette accumulation de pièces et de couloirs. Il reste une incursion historique honorable, mais sans fulgurance, si tant est que l’on considère le film de Craig R. Baxley comme un prologue à Rose Red, une sorte de « bonus » et non une véritable préquelle.
Note : 11/20
Par Dante