décembre 11, 2024

Swallow the Sun – Moonflowers

Avis :

Domaine de niche, le Doom Métal est pourtant un genre ultra mélodieux et qui s’appuie sur des rythmiques lentes pour produire des effets mélancoliques très prégnants. Si on peut citer Candlemass comme fer de lance du genre, en 2000, Swallow the Sun va éclore et proposer un Doom teinté de tristesse qui va faire mouche dès leur premier effort. Pour preuve, le groupe signe rapidement sur un label, avant de monter en grade en partant chez Spinefarm Records, puis chez Century Blade Records. Connaissant un succès grandissant d’album en album, on pourrait presque dire que la formation finlandaise a atteint son pinacle avec son septième album, When a Shadow is Forced into the Light. C’était sans compter sur leur huitième effort, Moonflowers, sorti en 2021, qui va se poser comme une synthèse parfaite du style Swallow the Sun, et devenir un autre classique.

Porté par un line-up stable depuis 2018 avec l’arrivée d’un nouveau guitariste (Juho Räihä), Swallow the Sun va nous surprendre une fois de plus avec un album alambiqué, complexe, mais lisible et qui va nous prendre aux tripes à plus d’une reprise. L’entrée en matière en est un exemple parfait. Moonflowers Bloom in Misery sera un long titre de plus de six minutes, et il va venir nous cueillir dès la première écoute. Débutant de façon mélancolique, faisant intervenir des violons, on aura droit à quelques belles saillies rugueuses, autant au niveau des riffs que du chant growlé parfaitement maîtrisé. En abordant Enemy, le groupe fait un choix opposé, c’est-à-dire de commencer de façon virulente et percutante, pour ensuite partir sur des sentiers plus doux, plus calmes, avec une mélancolie qui va nous toucher de la plus belles des façons.

Fidèle à son image et à son style, le groupe arrive à construire des titres qui sont longs et complexes sans jamais tomber dans l’ennui ou dans l’inaccessibilité. En effet, malgré quelques tricotages alambiqués, Swallow the Sun arrive toujours à retomber sur ses pattes et à fournir de l’émotion. L’ajout de quelques chœurs féminins durant le refrain rajoute un bel effet mélancolique. Woven into Sorrow sera du même tonneau, mais avec une orchestration encore plus magistrale. Les finlandais délivrent un titre impressionnant, qui monte crescendo, pour offrir un final complètement dingue, où les riffs lourds fusionnent avec les violons pour un résultat gargantuesque. Il faut ajouter à cela la voix sublime du chanteur, et on obtient l’une des pièces maîtresses de cet effort. Pièce maîtresse qui enchaine avec une autre, Keep Your Heart Safe From Me, affichant là aussi une ambition démesurée.

Parfaite synthèse entre violence et douceur, le morceau se veut éthéré, presque fantomatique, avec une voix feutrée et une atmosphère délétère dans les couplets. Les refrains, quant à eux, vont venir taper très fort, avec un growl parfait et une osmose impressionnante entre le riffing puissant et une orchestration plus classique. Il en ressort une sorte de rondeur insoupçonnée et on va en prendre plein la tronche, en plus de reprendre le refrain en chœur au bout d’une seule écoute. All Hallows’ Grieve sera un titre un peu plus transparent, dans le sens où il va moins marquer que les autres pistes, mais il n’en demeure pas moins un morceau d’une grande beauté et d’une mélancolie très touchante. Il faut dire que la voix féminine est utilisée à la perfection pour mieux nous toucher et nous surprendre dans ce monde de brutes.

The Void viendra constituer un ajout non négligeable à l’édifice de cet album. Outre le fait qu’il y ait un aspect très lyrique dans les paroles et la répétition du mot The Void à chaque début de couplet, on est dans un titre qui laisse beaucoup de place à la basse pour offrir une rythmique particulière et une certaine lourdeur qui sera contrebalancée par les guitares, bien plus aériennes et en arrière-plan. Et le groupe n’oublie pas de lancer un refrain qui reste immédiatement en tête. The Fight of Your Life sera du même acabit, avec une tristesse qui émane de chaque bout de corde gratté. Le morceau est d’une beauté sidérante, et il fait partie des meilleures choses de cet album. Enfin, This House Has no Home magnifie l’ensemble avec des élans Black et un blast qui force le respect, tout en gardant le côté mélancolique et mélodieux.

Au final, Moonflowers, le dernier album en date de Swallow the Sun, est une parfaite réussite, même si on pourrait presque dire que c’est un poil en deçà du précédent effort. Quoi qu’il en soit, les finlandais offrent une véritable ode au Doom et à la mélancolie, nous touchant à chaque morceau et offrant un album complet, dense, d’une beauté incroyable et d’une douceur insoupçonnée, qui gagne des galons à chaque écoute. Bref, encore une fois, le groupe déballe un savoir-faire magnifique et nous gratifie d’une belle pièce immanquable.

  • Moonflowers Bloom in Misery
  • Enemy
  • Woven into Sorrow
  • Keep Your Heart Safe From Me
  • All Hallows’ Grieve
  • The Void
  • The Fight of Your Life
  • This House Has no Home

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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