mars 29, 2024

Si Tous les Gars du Monde

De : Christian-Jaque

Avec André Valmy, Jean Gaven, Marc Cassot, Georges Poujouly

Année : 1956

Pays : France

Genre : Aventure, Drame

Résumé :

C’est grâce aux radios amateurs que le commandant d’un chalutier en difficulté sauve son équipage.

Avis :

Christian-Jaque n’est pas un réalisateur, non, on pourrait dire de lui qu’il est une certaine définition du cinéma à lui tout seul. Commençant sa carrière en tant que dessinateur d’affiches de films vers la fin des années 20, après une courte période en tant que journaliste, il revient au cinéma par la voie des décors, pour ne plus jamais quitter le milieu. Fort d’une carrière exceptionnellement longue, son premier film date de 1932 et son dernier fut tourné en 1985, le réalisateur a mis en boite pas moins d’une centaine d’œuvres.

Alors qu’il fête en 1956 ses vingt-quatre ans de carrière, « Si tous les gars du monde » se pose déjà comme son cinquantième film, ce qui est assez incroyable. De Christian-Jaque, je n’ai vu que « L’assassinat du père Noël » et avec autant de films, je me demande comment j’ai réussi à passer à côté jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, je m’arrête donc début 1956 pour un film pour le moins très surprenant. Sorti grâce à la sublime collection le Coin de mire, « Si tous les gars du monde » n’est ni plus ni moins qu’une petite bombe. Partant d’une histoire presque quelconque, Christian-Jaque va petit à petit construire un film où règne en maître le suspens. Deux heures d’un suspens croissant, et en plus de ça, Christian-Jaque en profite pour livrer un film politique, et surtout humaniste. Bref, c’est fort, très fort !

Le Lutèce est un petit chalutier breton qui se trouve en pleine mer du nord. À son bord, douze hommes, et après avoir mangé du jambon avarié, l’équipage tombe peu à peu très malade. Pour les sauver, il faut leur livrer un sérum et il ne reste environ que douze heures avant que tous ne succombent. Des anonymes vont alors tout mettre en œuvre pour sauver les marins, créant une chaîne mondiale avec l’espoir que les médicaments puissent arriver, et surtout, s’ils arrivent, qu’ils n’arrivent pas trop tard.

Il y a des films comme ça, qu’on regarde un peu par hasard et qui se pose comme de grandes, très grandes, découvertes et assurément le film de Christian-Jaque entre dans cette catégorie sans l’ombre d’un doute. « Si tous les gars du monde » est un film que je me suis acheté, uniquement parce que le Coin de Mire fait de très belles éditions, et que leur choix de ressortie de films ne m’ont jamais déçu.

Partant d’un scénario de base quelconque, des hommes sur un bateau sont malades et ils n’ont pas le temps de rentrer, il leur faut donc recevoir les médicaments, Christian-Jaque va nous entraîner dans un film tout simplement bluffant. Un film qui ne va cesser de créer du suspens en suivant le parcours de ces sérums, avec l’espoir (qui diminue d’heure en heure) qu’ils arrivent à bon port. À travers cette simple idée de base, Christian-Jaque livre un film très riche, car en plus du suspens qui ne cesse de se tendre, le cinéaste français en profite pour livrer un film politique, qui pointe du doigt les failles de l’administration française. Cette façon que cette dernière peut avoir en se cachant derrière des règlements où l’humain n’a plus sa place. Si c’est dans le règlement, alors on ne peut pas faire d’exception et ça, même quand des vies sont en jeu.

Face à cela, va se créer alors une chaîne d’anonymes assez incroyable, et le parcours des sérums va passer bien des frontières et des épreuves en une nuit. Avec ce parcours incroyable, le réalisateur imagine un monde, où l’espace d’un instant, hommes et femmes, anonymes ou officiers, de l’ouest ou de l’est, à force d’arguments, d’humanisme et d’altruisme, l’être humain pourrait s’entraider, malgré les conflits qui habitent cette époque-là. On appréciera aussi la malice du scénario, qui tient parfaitement sa ligne, trouvant et créant des obstacles parfaits pour freiner cette course contre la mort.

S’allie à ce scénario une mise scène terrible de la part de Christian-Jaque. Une mise en scène où règne une sorte d’urgence, et plus le film avance, plus il se densifie et plus le suspens en devient presque insoutenable. Et ce suspens, Christian-Jaque arrive à l’instaurer dans des scènes « d’action » particulièrement bien filmées, d’ailleurs, c’est assez dingue, car le film à n’a pas pris une seule ride, mais le réalisateur arrive aussi à insuffler ce suspens dans de simples conversations, ou encore seulement avec deux jeunes amoureux qui prennent leur temps, sans avoir aucune idée de ce qui se joue derrière eux. Bref, c’est incroyable.

« Si tous les gars du monde« , c’est aussi deux heures d’un film qui ne cesse de présenter de nouveaux personnages et chaque acteur trouve parfaitement sa place. Puis le film jouit d’un casting international en or. Jean Gaven, André Valmy, Jean-Louis Trintignant, Georges Poujouly, Andrex, Roger Dumas, Hélène Perdrière, Mathias Wieman, Peter Walker, Constantin Nepo… et j’en oublie.

« Si tous les gars du monde » est donc une bombe. Inattendu, passionnant, agaçant tant son suspens est rudement mené, ce sauvetage en haute mer sous l’œil de Christian-Jaque m’aura fait passer par tout un tas d’émotions. Partant d’une intrigue lambda, le cinéaste français livre un thriller de haut vol et il va tenir son suspens jusqu’au bout. Bref, cette séance de cinéma fut tout bonnement incroyable !

Note : 20/20

Par Cinéted

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