avril 26, 2024

La Chapelle du Diable

Titre Original : The Unholy

De : Evan Spiliotopoulos

Avec Jeffrey Dean Morgan, Katie Aselton, William Sadler, Cricket Brown

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Un journaliste discrédité tente d’insuffler un second élan à sa carrière après avoir découvert que de nombreux miracles ont eu lieu dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Ces mystères relèvent-ils du divin ou peut-être d’une source plus sombre ?

Avis :

La religion chrétienne est un bon moyen d’aborder l’horreur par bien des façons. En jouant avec les codes de la Bible ou encore avec les bigots dont leur dévotion est aussi grande que la bouche d’une baudroie, il y a plein de manières de faire peur et de remettre en question bien des thèmes, comme la croyance, la naïveté des gens, le satanisme ou encore les faux prophètes. C’est en partant de ce postulat, et du roman Sanctuaire de James Herbert, qu’Evan Spiliotopoulos va tisser les ficelles de son scénario pour La Chapelle du Diable. Narrant l’histoire d’une jeune muette qui retrouve la voix et s’exprime à travers une femme qui dit être Marie, le réalisateur, plus connu pour son travail de scénariste, tente de réfléchir autour de ces prophètes qui utilisent leurs ouailles comme porte-monnaie, remplaçant ici l’argent par une dévotion pour faire revenir une vilaine sorcière.

Avec un tournage très compliqué à cause de l’épidémie de Covid, avec une première partie filmée en début d’année et une seconde en fin d’année, La Chapelle du Diable fait bien évidemment écho à L’Exorciste et autres films où l’Eglise occupe une place centrale. Malheureusement, on sera loin du film de Friedkin, se rapprochant plus de tous les nanars que l’on a eu ces dernières années, Des Dossiers Secrets du Vatican en passant par Le Dernier Exorcisme. Il faut dire que l’histoire reste assez banale, avec un miracle qui va attirer les foules, des concordances avec Lourdes et d’autres endroits dans le monde, une enquête journalistique et religieuse, puis une découverte macabre qui va entrainer la révélation finale. Rien de bien neuf, d’autant plus avec une narration linéaire qui ménage son suspens autour du personnage principal, qui n’a rien à voir avec l’horreur se déroulant à l’écran.

« Le scénario mise alors tout, absolument tout, sur ce personnage qui est tenu par le charismatique Jeffrey Dean Morgan. »

Car oui, si le film veut parler d’une jeune femme qui se fait « posséder » par une sorcière, se faisant alors passer pour Marie afin d’avoir des dévots et donc plus de pouvoir, on reste surtout sur un journaliste au passé lugubre, qui a tout perdu et vivote avec des articles pour des blogs plus ou moins connus. Le scénario mise alors tout, absolument tout, sur ce personnage qui est tenu par le charismatique Jeffrey Dean Morgan. Il faut dire que l’acteur joue parfaitement son rôle, et on ressentira rapidement de l’empathie pour cet homme brisé, dont la seule erreur a été d’écrire un faux article. Malheureusement, cela n’est pas suffisant pour lui apporter de la consistance, et les autres personnages n’ont pas grand-chose à dire non plus. Même au niveau de l’antagoniste, on est sur un truc bas du front, qui a un background riquiqui et aucune nuance.

De plus, d’un point de vue scénaristique, le film traine la patte et noue des liens très étranges entre les personnages. La liaison presque paternelle entre le journaliste et la fille possédée n’est pas vraiment justifiée. Le coup du prêtre qui se méfie de ces miracles et voit d’un mauvais œil l’émergence d’un sanctuaire dans son église demeure incompréhensible. Et que dire de celui qui doit valider le miracle, balayant d’un revers de la main une enquête qui aurait pu être intéressante. Le côté policier sera mené par le journaliste, qui verra l’église lui mettre des bâtons dans les roues, avant d’enclencher sur une morale religieuse à deux balles, avec la preuve que Dieu existe. Et oui, le film se vautre dans un prosélytisme dégueulasse sur la fin, se tirant finalement une balle dans le pied au niveau de l’écriture.

« De plus, même pour un premier film, l’ensemble reste très impersonnel et sans âme, montrant que ce réalisateur n’a rien à dire. »

D’un point de vue formel, le film n’est pas forcément très agréable à regarder. Alors oui, c’est loin d’être un film amateur avec un budget minuscule, mais on reste dans un tout-venant sans âme, qui n’arrive jamais à donner une ambiance délétère, ou un peu inquiétante. Pourtant, le début fait illusion, avec cette brume et cet arbre maudit, mais tout cela reste trop lambda pour réellement marquer la rétine. En plus de cette absence d’atmosphère, les effets spéciaux sont vraiment ridicules. On régresse carrément lorsqu’il faut montrer la sorcière qui prend vie. Le réalisateur opte pour des images numériques qui sont très cheaps, avec des mouvements saccadés qui ne font qu’accentuer le côté mal fichu de la chose. Il était si difficile de faire un maquillage gore sur une actrice ? Et on ne parle même pas des effets de peur, complètement à la masse.

Au final, La Chapelle du Diable est un film d’horreur qui n’arrive jamais à susciter la moindre peur et qui raconte n’importe quoi. Outre son histoire rocambolesque qui veut dire aux gens de se méfier des faux prophètes, mais qui insiste sur l’existence d’un Dieu (qui semble ne rien faire pour aider les protagonistes, pas même sauver un prêtre de la mort), on reste dans l’attente que le film démarre vraiment, ou raconte quelque chose d’intéressant. De plus, même pour un premier film, l’ensemble reste très impersonnel et sans âme, montrant que ce réalisateur n’a rien à dire. Reste alors Jeffrey Dean Morgan qui surnage dans ce navet, en reprenant ses tics d’acteur qu’il a fait avec Negan de The Walking Dead. Bref, un bien triste constat pour un film qui a bénéficié d’une sortie cinéma, à la surprise générale.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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