Avis :
Fondé en 1994 à Melbourne par K.K. Warslut et pensé comme un One Man Band, ce n’est que trois ans plus tard, pour le premier album, que le groupe prend la forme d’un quatuor. Mais le line-up ne va jamais être très stable, forçant même le groupe à changer de pays, partant un temps au Pays-Bas, pour retourner en Australie avant de s’installer à Londres durant une durée indéterminée. Aujourd’hui, Deströyer 666 se pare encore une fois d’un nouveau changement d’équipe autour du frontman. Car si on peut compter sur le bassiste présent depuis 2015, le groupe a accueilli un nouveau batteur en 2020, puis un nouveau guitariste pour 2022, dont Never Surrender est le premier effort. Sixième album pour le groupe, dans sa généralité, les « australiens » reviennent en petite forme, avec un skeud assez court, mais surtout redondant et sans véritable génie.
L’album démarre avec le titre éponyme et la formation attaque avec un gros grognement de loup. Par la suite, on reste dans un Thrash assez classique et qui ne manque pas d’énergie, mais n’arrive jamais vraiment à nous emballer. C’est bien ficelé, c’est bien produit, les riffs sont plaisants, mais il manque un truc en plus pour nous emporter. En fait, il n’y a pas de grosse prise de risque, et on reste dans quelque chose de calibré. On aura droit à un petit solo en guise de break, avant de réenclencher sur la mélodie de base. Bref, c’est très classique. Et Andraste sera du même tonneau, même si on pourra noter une structure un peu plus complexe et un début qui fait écho à du Black. Mais on note surtout une grosse répétition dans les riffs et une absence de passage vraiment marquant.
Alors oui, techniquement c’est relativement bon et la vitesse d’exécution force le respect, mais globalement, on reste sur notre faim. Guillotine n’arrivera même pas à nous faire aimer un peu plus cet album, malgré des paroles rigolotes et un côté franc du collier qui évite toute surenchère inutile. Même si on ne peut pas dire que l’on a détesté cet album, on y a même pris du plaisir, force est de constater qu’on a la sensation que le groupe se repose un peu sur ses acquis. Est-ce à cause des deux nouveaux venus qui doivent faire leurs armes ? Peut-être. Pitch Black Night vient relever un petit peu le niveau, avec une durée plus élevée et une introduction qui permet de bien bouger la nuque. Cependant, on s’éloigne bien d’un Thrash classique pour aller vers un Heavy rapide et puissant.
Mais c’est bien là que l’on entend tout le talent du guitariste, qui se fait plaisir en jouant vite et bien. Mirror’s Edge (rien à voir avec le jeu vidéo) reprendra un peu la même recette, et permettra au guitariste de mieux s’exprimer. C’est d’ailleurs dans ces moments-là que le groupe gagne des galons, même si on peut toujours lui reprocher d’être un peu répétitif et de ne pas prendre de risque. Grave Raiders va aller un peu plus loin en mélangeant Thrash et Heavy pour un résultat assez galvanisant, qui permet de dire que le groupe a tout de même encore des choses à dire. On peut donc aisément dire que malgré un début balbutiant, Deströyer 666 se rattrape sur son milieu, qui offre des morceaux plus longs, mieux structurés et qui permettent aux musiciens de mieux s’exprimer. Malheureusement, chassez le naturel, il revient au galop.
Avec Savage Rights, on retourne vraiment dans les scories du début. On retrouve un morceau qui n’est pas désagréable, mais tout ça manque cruellement de prise de risque et d’une envie de bousculer les codes. Rather Death sera plus long et bénéficiera d’un traitement un peu plus sympathique que sur les autres titres, mais on reste dans un schéma trop simple pour pleinement convaincre. C’est grâce à Batavia’s Graveyard que la formation prouve qu’elle est capable de peaufiner ses ambiances et de sortir de gros titres, à la fois puissants et d’une rare beauté. Ici, on prend six minutes de claques et ça fait un bien fou. Il est juste dommage de ne pas profiter d’une telle prouesse sur tout l’album, qui reste sur des bases solides, mais n’en sort jamais. On ne peut que mesurer la déception de cet album, de ce qu’il aurait pu être.
Au final, Never Surrender, le dernier album de Deströyer 666, n’est pas un mauvais album, loin de là. Il est très bien fichu, et possède une production de mammouth qui permet de passer un bon moment. Néanmoins, le début reste le point faible de l’effort, car le groupe se repose trop sur ses lauriers et ne propose rien de bien neuf, si ce n’est un thrash simpliste et sans saveur. Heureusement, le milieu de l’album est plus plaisant et technique, et il se termine par un sacré chef-d’œuvre. Dommage que tout l’album ne soit pas de cet acabit…
- Never Surrender
- Andraste
- Guillotine
- Pitch Black Night
- Mirror’s Edge
- Grave Raiders
- Savage Rights
- Rather Death
- Batavia’s Graveyard
Note : 13/20
Par AqME