
De : Jan de Bont
Avec Keanu Reeves, Dennis Hopper, Sandra Bullock, Jeff Daniels
Année : 1994
Pays : Etats-Unis
Genre : Action
Résumé :
Un jeune policier est aux prises avec un maître chanteur, artificier à la retraite, qui menace de faire sauter un autobus dans lequel il a placé une bombe qu’il peut faire exploser à distance.
Avis :
Au début des années 90, le scénariste Graham Yost a l’idée d’écrire autour d’un bus qui ne pourrait pas s’arrêter sous peine d’exploser en regardant Runaway Train. Il propose son scénario à Paramount qui se montre moyennement convaincu, mais qui va tout de même présenter l’écrit à un certain John McTiernan. Ce dernier refuse de faire le film, trouvant qu’il ressemble trop à Piège de Cristal, mais il fait passer l’histoire à son directeur de la photographie, Jan de Bont. Ce dernier se montre alors enthousiaste pour en faire son premier film. Sauf qu’entre temps, la Paramount ferme la porte au projet, et Yost accompagné de de Bont vont frapper à la porte de la Fox, qui accepte de produire le film à condition que l’action ne se déroule pas uniquement dans un bus. Cela entraine donc une réécriture, avec un début et une fin qui prendront place ailleurs.

C’est ainsi que le film Speed va se mettre en branle, avec une petite valse des acteurs, puisqu’à la base, ni Keanu Reeves, ni Sandra Bullock n’étaient prévus. En effet, pour jouer le policier, le rôle devait être attribué à Tom Cruise, Johnny Depp, Jeff Bridges ou encore Bruce Willis, alors que celui de la conductrice devait aller à Halle Berry ou Ellen DeGeneres. Mais qu’importe, puisqu’aujourd’hui, Speed reste un film culte pour beaucoup de monde, et force est de constater que plusieurs décennies plus tard, le long-métrage se révèle encore très efficace. Et cela est dû à plusieurs choses bien précises. En premier lieu, le montage du film est relativement malin, notamment dans son écriture. L’introduction, qui dure bien vingt minutes, va permettre de poser les bases des deux policiers et du grand méchant, dont les projets sont purement vénaux.
« Le film regorge alors de séquences fortes et très bien amenées. »
En réécrivant ce début, le scénario étoffe un flic courageux et tête brûlée, ainsi que son acolyte, plus terre à terre, mais qui prend des risques aussi. De plus, on va voir la psychologie du grand méchant, qui se veut cruel, intelligent et sans limite. Bien évidemment, le film va prendre tout son sens avec les séquences dans le bus. Et ce qui frappe ici, c’est la maestria de la mise en scène, qui convoque Tony Scott. Jan de Bont ne cache pas son inspiration en utilisant, par exemple, une caméra qui tourne autour des acteurs, pour dynamiser l’ensemble. Si on pourrait reprocher au film de ne pas donner suffisamment d’importance aux passagers du bus, il arrive néanmoins à créer une tension palpable avec, notamment, des morts surprises, montrant que tout un chacun peut y laisser la vie. Nous ne sommes pas sur un film sirupeux et lisse.
Le film regorge alors de séquences fortes et très bien amenées. On pense par exemple au policier sur la planche à roulettes pour tenter de désamorcer la bombe. On peut aussi citer le passage du saut dans le vide, qui reste l’un des moments forts du film. Le seul bémol qui revient souvent, c’est que pour s’en sortir, le policier fait appel à une chance inconsidérée. Et cela jusqu’à la toute fin. En effet, il trouve des solutions loufoques pour s’en sortir, ou capte tardivement comment tromper le terroriste, et pour cela, le scénario use de plot twist qui manquent de sérieux. Mais finalement, qu’importe quand le spectacle est bel et bien là. Un spectacle qui peut se ternir un petit peu avec un manque d’émotion flagrant. Il peut y avoir des morts, même importantes, elles ne semblent pas avoir d’impact émotionnel sur le super-flic, ou même sur les passagers.
« Speed reste un excellent film d’action »
Fort heureusement, la toute fin, qui prend place dans le métro, va mettre un peu de piment là-dedans. Car comme tout bon film hollywoodien des années 90, il faut qu’il y ait une histoire d’amour (ici, entre Keanu Reeves et Sandra Bullock) et cette dernière peut devenir tragique sur la toute fin, avec une femme prise au piège le long d’un montant du métro. On sent la détresse du flic, qui donne tout pour sauver sa « princesse ». Si la finalité demeure rocambolesque, elle n’en est pas moins spectaculaire, permettant alors de jouer sur les effets spéciaux, avec maquettes à l’appui, mais savamment incrustés dans les vrais décors. Jan de Bont arrive à créer une tension permanente dans son récit, qui ne s’arrête pas une seule seconde, alors même que le film avoisine les deux heures.
Après, tout n’est pas forcément réussi dans ce film, car on s’attend à la finalité de l’histoire. Le côté romance est un peu pénible, même s’il ne prend pas le pas sur l’action et les méfaits de ce terroriste. D’ailleurs, concernant ce dernier, si Dennis Hopper joue très bien les frappés du ciboulot, il lui manque un peu de consistance. Il reste sur la même méthode pour s’échapper, et ses objectifs ne sont pas forcément pertinents. Ici, on reste sur du tout-venant, avec un ancien officier spécialisé dans les bombes qui souhaite se faire de l’argent facile pour partir sur l’île paradisiaque, tout ça parce qu’il a été frustré du cadeau de ses collègues quand il est parti à la retraite. Ce n’est pas très subtil, et cela ne permet pas au personnage d’avoir une profondeur plus accrue.

Au final, Speed reste un excellent film d’action qui n’a pas du tout souffert des années. Le rythme est très relevé, les séquences d’action sont toujours aussi tendues, la mise en scène est très efficace, et les acteurs sont investis dans leur rôle respectif. Keanu Reeves demeure imposant en super-flic, et Sandra Bullock est peut-être un peu plus effacée, mais elle reste intéressante dans son côté un peu ingénu. Bref, on aurait pu croire que le poids des ans ait une emprise sur ce film de Jan de Bont, mais il n’en est rien, et encore aujourd’hui, Speed reste une valeur sûre.
Note : 16/20
Par AqME