
De : Michael Lantieri
Avec Billy Burke, Kevin Zegers, Paul Gleeson, Nina Landis
Année : 2000
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Enfant, Patrick a perdu ses parents, alors qu’ils passaient les vacances sur l’ile de l’Emeraude. Unique témoin de leur disparition, le jeune Patrick occulte de sa mémoire ce souvenir traumatisant et se réfugie dans un profond mutisme. Le docteur Victoria Juno, une jeune psychologue, décide de ramener Patrick sur l’ile pour y raviver les souvenirs enfouis au plus profond de sa mémoire. Arrivés sur l’ile inhabitée, Victoria et Patrick se sentent épiés. Ce sentiment inconfortable se mue bientôt en une certitude plus oppressante: la menace se terre au cœur des hautes herbes.
Avis :
Dans le survival animalier, il est de notoriété courante de mettre à mal le statut de l’homme dans la chaîne alimentaire, de servir des protagonistes décérébrés à des bestioles à la voracité incontestable. Même si l’on a parfois droit à des incursions saugrenues, la notion de prédation est indissociable de cet exercice cinématographique. Les squales et les crocodiliens sont particulièrement populaires dans ce registre. On peut aussi avancer d’autres espèces tels que les serpents ou les ours. En revanche, le dragon de Komodo demeure rare en ces contrées du bis. Elle constitue une occurrence inédite avec le seul et unique métrage de Michael Lantieri.

L’homme est surtout réputé pour avoir travaillé sur les effets spéciaux de blockbusters, dont Jurassic Park, Dracula et Deep Impact. Sur ce point, il affiche une filmographie impressionnante. Avec Komodo, il s’insinue dans un genre à double tranchant, voire mésestimé en raison d’innombrables bévues et idioties associées au survival animalier. Pour autant, l’idée initiale offre un postulat de départ honnête, à défaut d’être original. On s’écarte sciemment du cadre usuel pour se cantonner à une île (presque) inhabitée. De même, le scénario vient justifier son prétexte par des situations aux antipodes, même si elles manquent de vraisemblances dans le fond.
« l’histoire reste facile et convenue. »
Certes, l’histoire reste facile et convenue. On peut aussi émettre des réserves sur la nature de la thérapie qui consiste à confronter la personne à son traumatisme. Le spectateur n’obtiendra guère d’explications probantes sur ce point. Cela sans compter sur le tempérament du jeune intervenant qui passe d’un état tétanique tout relatif à un mode survivaliste pour trucider du reptile en tenue légère. Malgré le potentiel initial, la progression rassemble ce genre de moment plus ou moins gênant, sans réelle cohésion scénaristique ou spatiale. Il n’est guère étonnant de traverser un champ de maïs avant de se confronter à un refuge en pleine forêt, truffé de pièges opportuns.
La traque se veut décousue et, malgré la présence tapie des dragons de Komodo, la sensation de danger demeure inconstante. Afin d’étayer une caractérisation percluse de clichés, on nous impose des séquences d’exposition plus larmoyantes qu’utiles, ainsi que des échanges circonspects, voire stériles. Alors que la psychologue évoque des évidences sans réelle portée, le biologiste semble davantage compétent dans le maniement d’armes à feu que d’éprouvettes de laboratoire. Vagues caricatures esseulées, ces portraits ne rendent guère crédible une excursion qui tourne court. La faute à un démarrage poussif et une évolution cahoteuse.
« Komodo demeure un survival animalier anecdotique. »
Toutefois, l’on peut trouver une modeste compensation dans les reptiles eux-mêmes. Pour les séquences les plus véloces, on distingue des images de synthèse acceptables avec un effet d’incrustation qui fait illusion, le temps d’attaques furtives. Du reste, les dragons de Komodo sont représentés par des animatroniques soignés. Le gabarit des animaux demeure respecté et la mise en scène sait tirer parti de leur présence à l’écran, du moins lorsqu’ils daignent investir les lieux. Au-delà de leur aspect massif et d’une situation où l’île manque de proies, les morsures sont une autre source de danger pour les victimes, car elles sont exposées à une septicémie. Cependant, les bruitages sont moins convaincants. En lieu et place de leur sifflement menaçant, on perçoit un grognement qui évoque davantage un ours.

Au final, Komodo demeure un survival animalier anecdotique. Le film de Michael Lantieri se distingue par son idée de départ et quelques intentions louables pour fournir un divertissement honnête. Pour autant, le scénario reste empêtré dans des facilités narratives alarmantes et pâtit d’un développement caricatural des personnages. On regrette aussi une certaine inconstance dans l’intérêt des confrontations ou l’enchaînement des séquences. Le principal attrait du métrage réside dans ses trucages, assez bien fichus, compte tenu des moyens déployés et des technologies à disposition. Au demeurant, l’expérience n’est pas exécrable, mais loin d’interpeller par ses maigres qualités. Une distraction sommaire qui prévaut surtout par une espèce de reptiles peu présente au cinéma.
Note : 10/20
Par Dante