
Titre Original : Lu Xing Sha
De : Siyu Cheng
Avec Li-Qun Luo, Meili Xi, Tang Xin, Yang Yong
Année : 2020
Pays : Chine
Genre : Horreur
Résumé :
Des scientifiques cherchant un remède contre le cancer modifient les gènes d’un requin et créent accidentellement un requin mutant tueur, géant et mangeur d’hommes… Avec des capacités à se mouvoir au-delà de toute imagination.
Avis :
On ne compte plus les innombrables étrons cinématographiques qui jalonnent les méandres de la sharksploitation. Des décennies de productions opportunistes et médiocres qui, au fil des projets, ne cessent d’excaver de nouvelles strates dans la bêtise humaine. En règle générale, on relègue ce genre d’ignominies aux sottises d’Asylum, SyFy et consorts. Il arrive néanmoins que l’on distingue des itérations plus exotiques. En Asie, les films de requins ne sont pas légion. On peut toutefois évoquer le non moins méphitique Psycho Shark, en provenance du Japon. Avec Land Shark (sans rapport avec le métrage éponyme de Mark Polonia), on traverse la mer de Chine orientale pour constater quelques sombres expérimentations sur les squales.

En matière d’excentricité, certaines productions asiatiques ne sont pas en reste pour afficher un traitement déluré. Dans le pire des cas, cela porte à un humour douteux et des situations rocambolesques qui ne prêtent guère à sourire. Dès la première séquence, le film de Siyu Cheng donne le ton avec un moment de pêche père/fils qui se solde par une « belle » prise à tête de vache. À la question et la surprise de son enfant, le parent estime que le poisson a sans doute mangé trop de fruits de mer… Ce genre de réparties se réitèrent à intervalles réguliers. Parmi les plus gratinées, on peut évoquer le changement de sexe du requin pour cause de dépression ou la théorie de Pang Yu où l’âme du squale entre en harmonie avec sa nourriture.
« l’ensemble ne se prend pas au sérieux. »
Certes, l’ensemble ne se prend pas au sérieux. Toutefois, on peut s’interroger sur la santé mentale des scénaristes. En manque d’inspiration ou peu soucieux sur la notion de propriété intellectuelle, ils proposent un prétexte calqué sur Peur bleue, où les recherches scientifiques sur les requins sont censées éradiquer le cancer. La première partie privilégie le survivalisme en lieu clos. Au lieu d’explorer le complexe, il faut se contenter de quelques barbotages dans la salle principale. L’exposition de la scène demeure ridicule et les moyens de s’en extirper s’avèrent invraisemblables. Pour autant, on peut apprécier que le prédateur reste dans son milieu naturel. Cela peut paraître étonnant, mais nombre de films ont tôt fait d’inviter les squales sur la terre ferme, à l’image de Sand Sharks ou Sharkenstein.
La seconde partie s’apparente à une traque indigente de l’animal sur tous les terrains. On a beau mettre ses incroyables capacités sur le compte de son patrimoine génétique manipulé, les moments aberrants n’ont de cesse d’interpeller sur la teneur d’un tel projet. Le semblant d’intrigue s’essaye à une brève allusion au kaiju-eiga avec l’incursion du requin en ville. En dépit d’un montage épileptique, l’enchaînement des séquences se montre décousu, même si à ce stade, on n’est pas à une incohérence prête. Ici, on ne peut décerner une mention spéciale particulière, tant le métrage multiplie les idioties en tous sens.
« les effets spéciaux sont mauvais, sinon exécrables. »
L’un des rares éléments au crédit du film demeure son rythme emporté. On le serait à moins, au vu de sa brièveté. Les confrontations sont nombreuses et mettent sur le devant de la scène une bestiole mal fichue. Son design n’est pas forcément déplorable. On apprécie ce côté massif et son apparence de « char d’assaut » qui nous épargnent les sempiternels hybrides sans nageoires ni tête. Pour autant, les effets spéciaux sont mauvais, sinon exécrables. On note des animations bâclées avec des déplacements surréalistes. Cela sans oublier des incrustations imbuvables pour intégrer le squale dans les plans réels. Si la Chine a pu démontrer que certains de ses films pouvaient rivaliser avec les blockbusters hollywoodiens, l’empire du Milieu concurrence aussi les mockbusters made in Asylum.

Au final, Land Shark prouve que le virus de la sharksploitation est universel et ne se cantonne pas à l’Occident. Le métrage de Siyu Cheng s’avance comme une erreur cinématographique, une imbécillité aquatique (et terrestre), où la chasse au requin est prétexte à l’expression de la débilité de notre espèce. Entre un casting en roue libre, un traitement comique qui ne fonctionne jamais, des situations plus crétines les unes que les autres, le cahier des charges est exhaustif en matière de tares à ne pas commettre ni songer. Il en ressort une expérience pénible, voire dangereuse pour les neurones des spectateurs, tant l’incursion s’avère vide de sens et insignifiante.
Note : 03/20
Par Dante