mai 20, 2025

The Grill – Cauchemar en Cuisine

Titre Original : La Cocina

De : Alonso Ruizpalacios

Avec Raul Briones, Rooney Mara, Anna Diaz, Motell Foster

Année : 2025

Pays : Mexique, Etats-Unis

Genre : Drame

Résumé :

C’est le coup de feu dans la cuisine du Grill, restaurant très animé de Manhattan. Pedro, cuisinier rebelle, tente de séduire Julia, l’une des serveuses. Mais quand le patron découvre que l’argent de la caisse a été volé, tout le monde devient suspect et le service dégénère.

Avis :

Et si on allait se poser au Mexique pour une fois, en allant explorer la filmographie d’Alonso Ruizpalacios. Cinéaste né à la fin des années 70, Alonso Ruizpalacios a étudié la mise en scène à Mexico, avant de partir pour Londres, où il va suivre une formation d’acteur. De retour au Mexique, il met en scène son premier court en 2008, avant de réaliser six ans plus tard, « Gueros« , son premier long-métrage. Depuis, le réalisateur oscille entre le petit et le grand écran, réalisant des longs qui n’ont pas encore trouvé le chemin de nos salles de cinéma, et des épisodes de séries télé, notamment pour « Narcos : Mexico« .

Pour son quatrième film, Alonso Ruizpalacios passe un cap, puisqu’il réalise ici son premier film américain, et pour cela, c’est dans la cuisine d’un restaurant huppé qu’il place sa caméra. « The Grill » sera donc deux heures vingt d’une caméra qui virevolte dans les arrières d’un restaurant, afin d’y suivre le parcours de plusieurs personnages, venus de divers horizons. Intelligent dans ses sujets, amusant, parfois tristement drôle, si le film est imparfait notamment à cause d’un gros ventre mou, Alonso Ruizpalacios nous entraîne dans un univers passionnant, et avec ça, les sujets qu’il soulève, notamment l’immigration aux Etats-Unis, sont nécessaires.

« en permanence, le film offre de l’intérêt. »

New York, près de Time Square, le Grill est un restaurant qui fait le plein à tous les services. Pour Estella, c’est son premier jour, et elle n’arrive pas au bon moment, puisque la veille, une belle somme d’argent a disparu des caisses, et pendant que les DRH enquêtent pour découvrir l’identité du voleur, Pedro, un homme d’une trentaine d’années, essaie de prouver son amour à Julia, une serveuse. Alors que le service s’intensifie, en cuisine, une bombe à retardement est lancée…

Avec ce film, Alonso Ruizpalacios nous fait entrer dans une cuisine, pour y aborder l’immigration aux Etats-Unis. Déambulant dans les couloirs et en cuisine, « The Grill » est un film qui est construit en trois parties pour mieux étayer ses sujets. Ainsi, en ouverture, le réalisateur nous invite à suivre une jeune femme qui se rend à ce qui va être son premier job en Amérique. Avec elle, Alonso Ruizpalacios nous invite à découvrir ce monde cosmopolite, fait d’hommes et de femmes qui viennent d’un peu partout. L’ambiance est chaude et rigoureuse en même temps. Directement, on est charmé par ces personnages et tout aussi vite, on va être piqué par son intrigue, qui présente un vol au sein de la brigade. À partir de là, le film se scinde en deux, cherchant d’un côté le coupable et de l’autre, il continue de nous présenter ses personnages et leurs histoires.

Sur un rythme effréné, Alonso Ruizpalacios passe d’un personnage à l’autre avec assurance, et il offre à chacune de ses scènes de quoi nourrir son film. Espoir, rêve, vie, désillusions, travail, obligation, implication, et ce melting-pot d’origines fait qu’en permanence, le film offre de l’intérêt. Enfin, ça, c’est jusqu’à la fin de son premier service, car à partir de ce moment-là, entre les deux services, malgré tout ce qui a été mis en place, le film faiblit. À ce moment-là, Alonso Ruizpalacios a du mal à faire repartir son film et des longueurs s’installent, ce qui peut être agaçant, car dans ce que le film continue de raconter de ses personnages, c’est très souvent intéressant.

« une mise en scène qui nous entraîne parfaitement dans le rush de sa cuisine. »

Mais voilà, étaler sur deux heures vingt, « The Grill » finit par se faire trop long pour ce qu’il raconte. Beaucoup de ce que le film aborde pendant ce ventre mou pourrait être raccourci, car on a compris où Alonso Ruizpalacios veut en venir. Heureusement, après ces moments de faiblesse, le cinéaste ressert le tout et « The Grill » nous entraîne vers un final aussi hilarant que dramatique finalement. Plus haut, je parle d’une sorte de cocotte-minute qui n’attendait qu’à exploser, et c’est ce qui va se passer avec un final aussi prévisible que son contraire. Dès lors, beaucoup des pièces parsemées ici et là se rassemblent, et la conjugaison de tout cela fait que cette « … cocina » se fait plus marquante que ce que l’on imaginait au départ.

Si le film a son petit ventre bedonnant, il s’est aussi très bien le rentrer, grâce à une mise en scène qui nous entraîne parfaitement dans le rush de sa cuisine. La caméra d’Alonso Ruizpalacios virevolte en permanence, passant d’un personnage à un autre, passant d’un couloir à un autre, d’un bureau aux cuisines, ou encore quelques excursions en salles. L’ensemble est magnifiquement plongé dans un noir et blanc de toute beauté, qui donne un très bel effet à l’ensemble. On ajoutera à cela un sens du cadre, et une élégance dans ses plans-séquence qui nous tiennent au plus près de ses personnages.

C’est vraiment dommage que le réalisateur soit parfois trop expansif, voulant trop en mettre, ou trop raconter, car plusieurs séquences facilement reconnaissables gagneraient à être raccourcies pour ne pas perdre l’énergie du film. Encore une fois, malgré le très grand intérêt pour le film et ses personnages, deux heures vingt pour cette histoire-là, et ce film, c’est trop long.

Parmi cette sélection 2024 du festival de Deauville, « The Grill« , si imparfait soit-il, se pose comme l’un de ses meilleurs films. Bien tenu, bien film, bien incarné, notamment par Raúl Briones, qui est une belle révélation, ce moment en cuisine, pour ne pas dire ce cauchemar en cuisine, se pose comme un bon divertissement, qui se fait intelligent de par la façon de raconter la plupart de son histoire, et de par les sujets qu’il soulève au gré des discussions et des agissements de ses personnages.

Note : 14,5/20

Par Cinéted

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