mai 20, 2025

Decapitated – Cancer Culture

Avis :

Quelle drôle de vie de groupe que celle de Decapitated. Groupe de Technical Death fondé en 1996 par les frères Kieltyka alors âgés de 12 et 16 ans, c’est en 2000 qu’ils sortent leur premier album, Winds of Creation, qui va avoir un accueil très chaleureux. Dès lors, la formation polonaise est lancée, et rien ne semble les arrêter. Sauf un malheureux accident de bus en 2007 pendant une tournée en Biélorussie, qui coûtera la vie au plus jeune des frères, qui faisait aussi office de chanteur. Le groupe va continuer un peu, mais la douleur sera trop grande pour le grand frère, qui décide de dissoudre le groupe. Il rejoint alors Vader pendant quelques mois, avant de prendre la décision de reformer Decapitated avec de nouveaux membres. Le groupe se relance donc en 2011 avec la sortie d’un nouvel album.

On pourrait croire que l’histoire allait s’arrêter là, mais un autre fait divers un peu glauque va entourer la formation en 2017. En effet, alors que le groupe est en tournée aux Etats-Unis, il est accusé par une femme de viol en réunion. Cette dernière déclarera avoir été agressée et violée dans le bus de tournée par tous les membres. Les quatre hommes sont arrêtés en août 2017, puis relâchés en janvier après avoir été acquittés. Bref, Decapitated a une vie tumultueuse, et cela n’a pas empêché la formation de sortir des albums de façon plus ou moins régulière. Cancer Culture est le dernier né, sorti en 2022, et il sera le dernier du chanteur Rafal Rasta Piotrowski, qui quittera alors le groupe en 2024. Et malgré tout ça, on peut dire que ce huitième album est une très belle réussite, entre Death, Technical et Groove Metal.

Comme tout bon album qui se respecte, on débute avec une introduction. From the Nothingness With Love ressemble à une marche militaire, avec des guitares qui annonce un climat délétère et puissant. Et c’est effectivement ce que l’on va avoir, notamment avec Cancer Culture, qui viendra nous déboucher les esgourdes. On plonge ici en plein dans un Death virulent et puissant, qui ne laisse que très peu de répit. A la rigueur, on peut compter sur un petit break assez aérien, mais la lourdeur sera de mise, avec en prime une ambiance assez angoissante. On retrouvera cela sur tous les morceaux, et notamment Just a Cigarette, qui n’est pas là pour rigoler. Le batteur blaste à tout va, les riffs atmosphériques sont pesants, et l’ensemble tient parfaitement la route. Le morceau est doté d’une énergie folle, et surtout, il joue avec des textures différentes qui sont toutes importantes.

Par la suite, on pourrait croire que No Cure suit le même chemin, avec une violence accrue. Cependant, le morceau sera plus complexe qu’il n’en a l’air, notamment avec un break étonnant sur la fin, où un saxophone viendra se faire entendre, donnant une dimension progressive au morceau. Et cela en gardant cette ambiance malsaine qui caractérise le groupe, ou tout du moins le thème général de cet album. Les deux morceaux suivants seront d’excellentes factures, et surtout, ils font intervenir deux featurings de qualité. Hello Death démarre de façon saturée avec un cri, puis après cette violence démentielle, on va entendre une petite voix féminie, celle de Tatiana Shmayluk, la chanteuse de Jinjer. Le côté Mathcore fonctionne à plein régime, et le plus fort dans tout ça, c’est que l’on retrouve l’identité des deux groupes au sein du même morceau. Un vrai tour de force.

Et cela ne s’arrête pas là, puisqu’avec Iconoclast, le groupe s’octroie les faveurs de Rob Flynn de Machine Head. Forcément, le titre est plus accessible que les autres, allant vers un Death moins lourd et plus groovy, et on va se faire un gros plaisir en headbangant dans tous les sens. Là aussi, on ressent bien les identités de chaque groupe, et c’est vraiment grisant. Suicidal Space Programme revient à du Decapitated pur jus, avec une atmosphère mortifère, et des riffs toujours aussi puissants. Histoire d’enfoncer le clou, Locked fera office de défouloir avec une minute quinze de beuglerie, avant de laisser la place à Hours as Battlegrounds, un morceau qui joue beaucoup sur son ambiance délétère et sur son aspect organique. Enfin, pour clôturer l’album, Last Supper renoue avec un Death plus simple, plus classique, histoire de nous donner envie de reprendre une petite louche.

Au final, Cancer Culture, le dernier album de Decapitated, est une superbe réussite, dans les règles de l’art. Alternant sans arrêt les sous-genres du Death pour mieux nous bousculer, le groupe s’octroie en prime des featurings prestigieux et très bien utilisés, permettant alors de continuer un excellent travail. Entre la durée courte mais idéal pour ce genre d’exercice et les mandales que l’on se prend, le retour des polonais fait vraiment plaisir à entendre.

  • From the Nothingness With Love
  • Cancer Culture
  • Just a Cigarette
  • No Cure
  • Hello Death feat Jinjer
  • Iconoclast feat Machine Head
  • Suicidal Space Programme
  • Locked
  • Hours as Battlegrounds
  • Last Supper

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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