avril 27, 2024

Primus – The Desaturating Seven

Avis :

Pour se faire connaître, de nombreux groupes cultivent une identité propre, allant quelques fois dans la bizarrerie afin de se démarquer. Primus, groupe américain fondé dans les années 80, l’a très bien compris. Mélangeant de nombreuses références allant du Métal au Rock en passant par le Funk ou le Jazz, la formation s’est toujours amusée à raconter des histoires ubuesques et à se moquer des pécores américains. Connaissant son heure de gloire dans les années 90, la force de Primus réside surtout dans le jeu de basse de son frontman, Les Claypool. Cependant, après diverses ruptures, pauses, hiatus et changement de line-up, la formation prend un coup dans l’aile dans les années 2000, avant de revenir sous forme de trio dans les années 2010. Sorti en 2017, The Desaturating Seven est ce que l’on appelle un album concept.

Premier réel album studio entièrement écrit et composé par le groupe depuis 2011, The Desaturating Seven provient d’un délire du bassiste. En effet, Les Claypool avait pour habitude de lire un album jeunesse du même nom à ses enfants pour les endormir, et il a toujours su que cela pouvait donner un bon album. Il décide donc de mettre en musique cette histoire de gobelins aux couleurs de l’arc en ciel, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il en résulte une expérience musicale étrange, mais pas forcément pertinente. Cultivant encore et toujours son étrangeté, Primus propose son album le plus court (34 minutes) et sans doute le moins accessible, avec une absence volontaire de hits, et une alternance de titres courts et longs, offrant un skeud bizarre, déséquilibré et presque sans aucun intérêt.

Sept gobelins, sept couleurs, sept morceaux, le concept est simple, mais il est loin d’être efficace. On sent déjà la douille dès le premier titre, The Valley. Entre une narration à la voix transformée et des essais instrumentaux qui tirent vers des sonorités discordantes, on sent bien que le groupe part trop loin dans l’expérimentation. Certes, on retrouve l’essence de Primus avec l’omniprésence de la basse de Les Claypool, mais elle tarde toujours à venir et ne donne pas vraiment envie de se dandiner. Même d’un point de vue musical, on reste sur un truc tellement étrange qu’il est difficile de plonger dedans. A la rigueur, on aura un semblant de Rock via The Seven, mais ça reste assez timide, d’autant plus pour un titre qui dure à peine plus d’une minute. Néanmoins, c’est avec ce morceau que l’on retrouve un peu le Primus des années 90.

En proposant The Trek, le groupe offre le premier long titre de l’album, et c’est assez déséquilibré. Le morceau met un temps fou à se décanter et à proposer quelque chose de vraiment musical, avec notamment une superbe ligne de basse. Mais attendre près de cinq minutes pour avoir deux minutes de réelle musique, c’est trop long. Puis The Scheme est clairement un interlude pour faire valoir les talents techniques de Les Claypool. Si la gratte de Larry LaLonde est bien présente aussi, on reste surtout sur la rythmique de la basse qui bouffe tout le titre. Et c’est quand même triste de se rendre compte que le seul « vrai » morceau ne dure même pas trois minutes. Et The Dream ne sera qu’un long voyage éthéré dans une expérimentation dont nous serons totalement en dehors. Le délire va beaucoup trop loin.

Un délire qui correspond certainement à l’album jeunesse, et dans lequel se retrouve l’esprit tordu de Les Claypool (qui se régale avec sa basse qui claque), mais pour l’auditeur, on est clairement en dehors de ça. D’autant plus que l’on aura l’impression que tout l’album est sur la même ligne de tempo. Il y a peu de variations, peu de moments qui ondulent entre une vitesse accrue ou des moments plus calmes, et malheureusement, l’ennui pointe rapidement le bout de son nez. The Storm pourrait faire illusion pendant un temps, mais encore une fois, on reste en dehors du délire. Et cela malgré une volonté de faire plus rapide, et plus rock. Enfin, The Ends ? est une conclusion rapide et qui ne présente aucun intérêt, sinon celle de reprendre les mélodies du premier titre, afin de créer une boucle et d’effectivement poser la question d’une vraie fin.

Au final, The Desaturating Seven est un album très bizarre de Primus. Concept qui aurait pu être sympathique, Les Claypool transforme cela en quasi chemin de croix tant les expérimentations sont multiples et l’absence de morceaux normaux se fait sentir. Sans être une purge pour autant, il s’agit-là d’un effort qui demande un certain investissement pour en comprendre les tenants et les aboutissants, mais même avec cela, on ne peut que se dire qu’il s’agit d’un opus raté, allant beaucoup trop loin dans un délire inadapté.

  • The Valley
  • The Seven
  • The Trek
  • The Scheme
  • The Dream
  • The Storm
  • The Ends ?

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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