Spirale - L'Héritage de Saw - Ça tourne en Rond

Titre Original : Spiral : From the Book of Saw

De : Darren Lynn Bousman

Avec Chris Rock, Max Minghella, Samuel L. Jackson, Marisol Nichols

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur, Thriller

Résumé :

Travaillant dans l’ombre de son père, une légende locale de la police, le lieutenant Ezekiel «Zeke» Banks et son nouveau partenaire enquêtent sur une série de meurtres macabres dont le mode opératoire rappelle étrangement celui d’un tueur en série qui sévissait jadis dans la ville. Pris au piège sans le savoir, Zeke se retrouve au centre d’un stratagème terrifiant dont le tueur tire les ficelles.

Avis :

Existe-t-il une franchise d’horreur plus lucratif que Saw ? Dotée de dix épisodes au moment où ces lignes sont écrites, la saga a toujours réussi à faire du profit, amenant de nombreux curieux dans les salles obscures. Le premier film, réalisé par James Wan, n’a coûté que 1,7 millions de dollars, et il en a rapporté 103 millions. Forcément, avec une telle poule aux œufs d’or, difficile de lâcher les cordes d’un tel arc. Par la suite, chaque épisode a généré du profit. Coûtant entre 4 et 17 millions de dollars, chaque film en a rapporté plus de 100 millions. Et ce malgré des qualités déclinantes au fur et à mesure des épisodes, démocratisant par là même le torture-porn, un genre dégueulasse qui met en avant des scènes de torture plutôt qu’un scénario qui veut raconter quelque chose. Pour autant, on avait senti un léger frémissement avec Jigsaw.

En effet, le huitième épisode de la franchise réussissait à redresser un petit peu la barre, avec toujours des meurtres sadiques, mais un scénario un peu plus réfléchi. Pas de quoi se lever la nuit pour le revoir, mais il y avait un léger regain d’intérêt. Pour Spirale, les chose seront différentes. Très clairement, le film n’a pas été fait pour les bonnes raisons. L’idée provient de Chris Rock qui, lors d’un mariage, s’est retrouvé assis à côté de l’un des producteurs de la franchise, et il lui a parlé de son amour pour Saw, et qu’il aimerait bien jouer dans le prochain. Ni une, ni deux, le projet commence à se monter, Chris Rock évoque même l’ébauche d’un scénario, à savoir celui d’un copycat qui va piéger des flics ripoux afin de leur faire prendre conscience de leurs méfaits. Pourquoi pas ?

« Chris Rock est très mauvais dans ce rôle de flic intègre »

Malheureusement, les choses ne vont pas se passer comme prévu. Déjà, premier constat, Chris Rock est très mauvais dans ce rôle de flic intègre qui voit ses collègues se faire déglinguer. Il n’est pas crédible, et surtout, il est antipathique au possible. L’acteur ne donne pas corps à son personnage, et son background avec son père n’est vraiment pas très intéressant. En plus de contenir quelques incohérences, avec un père absent depuis plusieurs jours sans que ça l’inquiète vraiment. Bref… Et globalement, tout le casting est mauvais. Samuel L. Jackson cabotine comme jamais dans ce rôle de paternel irréprochable mais sévère, et Max Minghella a le charisme d’un poulpe neurasthénique. Forcément, si l’on commence comme ça, c’est plutôt mal parti. Mais peut-être peut-on se rattraper au niveau du scénario et du contenu de l’intrigue. Là encore, ça va battre de l’aile assez rapidement.

En effet, le coup de ne s’en prendre qu’à des flics corrompus est un concept intéressant, mais il est traité par-dessus la jambe. Le scénario est écrit de façon à ce que tous les flics côtoyés par le héros sont plus ou moins des ripoux. Et chacun sa petite spécialité, avec celui qui ment sous serment au tribunal, celui qui a tué un noir en plaidant la légitime défense, ou encore celui qui a fait taire des témoins gênants dans des affaires de corruption. En faisant cela, le film annihile toute forme de suspens, et l’étau va vite se resserrer autour d’un seul personnage, concordant entre les faits reprochés, et les lieux où ont lieu les sévices et autres tortures. En gros, c’est mal écrit, c’est ma dégrossi, et le film n’arrive pas à rendre cela passionnant. Il faut dire que la réalisation accuse des années de retard.

« Il est loin le temps du génie de James Wan«

Si Darren Lynn Bousman peut avoir quelques bons films dans sa carrière, et notamment le deuxième volet de la franchise qui n’est pas si mal, ici, il se saborde complètement en se pensant dans les années 2000. Que ce soit dans les teintes choisies, toujours entre le vert bouteille, le bleu triste et le rouge sanguinolent, ou encore dans le montage qui aime faire des coupures syncopées lors des points d’orgue des tortures, on reste dans un format qui rappelle les premiers films, mais pas forcément ceux qui sont bien. Et quand il n’y a pas de piège, on reste sur un truc très plan-plan qui manque d’ambition et d’envergure. Il est loin le temps du génie de James Wan qui savait filmer, planter un décor, une ambiance, et s’en servir pour distiller une peur insidieuse. Alors, que nous reste-t-il dans ce marasme ?

Pas grand-chose, et ce ne sont pas les différentes morts qui seront très intéressantes à regarder. Déjà, il y en a peu, cinq, et les pièges ne vendent pas forcément du rêve. D’ailleurs, s’ils sont moins sophistiqués qu’avec Jigsaw, ils restent quand même complexes à mettre en œuvre, et il est étonnant de ne pas avoir d’explication sur comment le suspect arrive à faire tout ce barda. Mais à la rigueur, ce n’est pas bien grave. Là où c’est plus gênant, c’est que les pièges sont assez communs. Le coup du métro demeure inintéressant, tout comme celui avec la cire chaude, qui semble d’ailleurs inéluctable. A la rigueur, celui avec les doigts est plutôt plaisant et graphique, tout comme celui avec les bouteilles en verre, même s’il reste plutôt timide. Bon, pour faire simple, c’est peu inspiré, mais on doit se contenter de cela.

Au final, Spirale – L’Héritage de Saw est un mauvais film, et s’inscrit dans les loupés de la franchise, avec les troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième volet. Le scénario aurait pu être intéressant, mais il se saborde tout seul en ne présentant que des gens pourris, Chris Rock est tout sauf crédible dans ce rôle, et au niveau des effets gores, on est sur le strict minimum. Bref, une jolie déception après un Jigsaw pas si détestable que ça…

Note : 06/20