avril 20, 2024

Le Crime de l’Orient Express

Titre Original : Murder on the Orient Express

De : Sidney Lumet

Avec Albert Finney, Lauren Bacall, Jacqueline Bisset, Martin Balsam

Année : 1975

Pays : Angleterre

Genre : Policier

Résumé :

En visite à Istanbul, le célèbre détective belge Hercule Poirot embarque dans l’Orient-Express, luxueux train reliant la capitale turque à Calais. Il fait connaissance avec les autres passagers : la volubile Américaine Mme Hubbard, la princesse russe Dragomiroff et sa servante Hildegarde, ou le séduisant comte hongrois Andrenyi et sa femme. Un matin, alors que le train est immobilisé sous la neige, les passagers découvrent avec effroi que M. Ratchett, antipathique homme d’affaires américain, a été froidement assassiné dans sa cabine durant la nuit. Pour Hercule Poirot, cela ne fait aucun doute : le meurtrier se trouve parmi les treize personnes à bord…

Avis :

Avec Mort sur le Nil, Le Crime de l’Orient-Express est le roman le plus emblématique de l’œuvre d’Agatha Christie. Paru en 1934, il s’approprie avec brio les ressorts du récit policier pour développer une énigme criminelle aussi stupéfiante qu’originale ; tant dans le cadre que dans la finalité des évènements. À bien des égards, il demeure un véritable modèle en matière de construction narrative, de suspense. L’auteure tisse son intrigue au fil d’investigations et d’échanges qui interpellent plus qu’ils ne répondent aux interrogations initiales. Il en ressort un roman magistral auquel il aura fallu 40 années pour voir sa première adaptation sur grand écran se concrétiser.

Malgré les réticences d’Agatha Christie à subir une nouvelle version « tronquée » d’une de ses histoires (selon son propre avis), elle se laisse convaincre. En la personne de Sidney Lumet, le projet est entre de bonnes mains. Cela sans compter sur un casting d’exception. Cela étant dit, le prestige et la réussite d’un film ne tiennent pas uniquement à son équipe de tournage. Pour une telle entreprise, il convient d’avoir une vision précise de l’œuvre originale et une volonté de la retranscrire, si possible en s’affranchissant des velléités mercantiles de la production. Au sortir de ces considérations, Le Crime de l’Orient-Express parvient à satisfaire tous les intervenants ; des amateurs de la reine du crime jusqu’à elle-même.

Exception faite de quelques détails, la trame est particulièrement fidèle à celle du roman. La présentation des protagonistes possède un intérêt prépondérant pour mettre en condition le spectateur. L’immersion tient au cadre lui-même. En l’occurrence, le train permet d’orchestrer un huis clos policier du plus bel effet. L’exiguïté des lieux a une importance toute particulière dans leur appropriation. On songe aux déambulations des passagers à l’heure de l’assassinat, l’exploration des espaces communs et privés, sans oublier la scène de crime en considérant les cabines voisines. Tout est agencé de telle sorte à multiplier les pistes, les faux semblants selon le mobile et les opportunités.

À ce titre, les indices ne manquent pas, sans compter les raisons de tuer la « victime ». Le background joue un rôle essentiel pour bien appréhender les tenants de l’affaire. Comme son modèle littéraire, le film enchaîne ensuite les interrogatoires. En des circonstances différentes, le procédé peut paraître rébarbatif, voire redondant. Cependant, le rythme demeure soutenu et maintient l’intérêt jusqu’au terme des investigations. Comme constaté précédemment, la succession des échanges évoque des réflexions pertinentes qui amènent à d’autres questionnements. L’ensemble est parfaitement compréhensible et, à la lumière des faits, offre une double lecture au récit.

Au sortir de ce dénouement surprenant, désormais considéré comme un classique dans le domaine, on apprécie cette disparité sociale entre les protagonistes. Le travail fourni est d’autant plus remarquable qu’à une échelle variable, ils possèdent tous un mobile, les moyens et l’opportunité de commettre le crime. Certes, c’est l’une des nombreuses occurrences propres à l’auteure. Il n’en reste pas moins que cet aspect présente une importance prépondérante par rapport à d’autres de ses histoires. En d’autres termes, la caractérisation est travaillée avec rigueur, sans sombrer dans des facilités inhérentes au genre ou une exposition de personnages prétextes.

Au final, Le Crime de l’Orient-Express demeure un fleuron du récit policier. En comparaison du roman, l’adaptation cinématographique de Sidney Lumet est tout aussi incontournable. Celle-ci retranscrit avec grand soin l’esprit et l’atmosphère du livre d’Agatha Christie. Cela tient à ces séances d’interrogatoire et ces investigations méticuleuses qui amènent à des considérations stupéfiantes lorsqu’on ignore tout de l’intrigue. À défaut d’être fondateur du genre (paru « tardivement » en 1934), il en ressort un classique magnifié par le sens de la mise en scène du réalisateur et une brochette d’acteurs qui laisse pantois. Un film somptueux à l’ambiance unique ; à l’image de sa conclusion magistrale.

Note : 18/20

Par Dante

Une réflexion sur « Le Crime de l’Orient Express »

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