mars 29, 2024

D’Abord, Ils ont Tué mon Père

Titre Original : First They Killed my Father

De: Angelina Jolie

Avec Sareum Srey Moch, Kompheak Phoeung, Sveng Socheata

Année: 2017

Pays: Etats-Unis, Cambodge

Genre: Drame, Biopic

Résumé:

L’histoire vraie de l’activiste américano-cambodgienne Loung Ung ayant survécu aux atrocités du régime des Khmers rouges…

Avis:

Angelina Jolie, c’est bien évidemment l’actrice qu’on connaît tous. « 60 secondes chrono« , « Tomb Raider« , « Bone Collector« , « L’échange« , « Wanted« , « Alexandre« , « un cœur invaincu » et j’en passe. Ensuite, Angelina Jolie c’est aussi la militante qu’on connaît, l’ambassadrice des nations. C’est une femme qui œuvre beaucoup dans l’humanitaire et se sert de son image pour défendre des causes qui lui tiennent à cœur.

Puis, il y a une dizaine d’années, Angelina Jolie a rajouté une corde à son arc, la réalisation. S’oubliant en tant qu’actrice, elle s’implique de plus en plus dans la réalisation, au point qu’aujourd’hui, elle se fait rare sur les écrans, préférant raconter et mettre en lumière des destins.

En dix ans de réalisation, Angelina Jolie a fait cinq films, et si on enlève son premier qui est un documentaire et son dernier, « Vue sur Mer« , qui narrait la fracture d’un couple, il nous reste donc trois films. Et avec ces trois films, un thème de prédilection ressort, les ravages de la guerre. Après « Au Pays du Sang et du Miel » qui abordait la guerre en Bosnie. Après « Invincible » qui parlait de la Seconde Guerre mondiale à travers le portrait Louis Zamperini, voici que la réalisatrice s’attaque au régime des Khmers rouges, à travers les yeux de Loung Ung, une activiste très connue porte-parole de l’association « Un monde sans mine » entre autres.

Film poignant et injuste, « D’abord, ils ont tué mon père » est une belle reconstitution qui, malgré tout, manque quelque peu de noirceur, Angelina Jolie ne poussant pas loin l’horreur du régime, montrant principalement ce qu’il se passait dans les camps de travail.

Avril 1975, Loung Ung est une petite fille de cinq ans qui vit tranquillement avec ses parents et ses frères et sœurs. En ce mois d’Avril, le régime de Pol Pot vient de prendre le Cambodge et il est bien décidé à « révolutionner » le pays. Tous égaux, plus de riches et de pauvres. Le régime de Pol Pot fait la chasse aux employés de l’ancien gouvernement. Loung et sa famille sont obligées de quitter leur appartement, comme tous les habitants de leur ville. Dès lors, la famille Ung va résider sur un camp de travail et vivre, comme tout le pays, l’horreur du régime des Khmers rouges, un régime qui va supprimer plus d’un quart des habitants de son pays.

Quand on s’y intéresse, on trouve assez peu de films qui abordent le régime de Pol Pot, ce qui est dommage, car le sujet mérite amplement qu’on le mette en lumière. Bon, il y a bien le sublime « La déchirure » de Roland Joffé qui mérite à lui seul l’Oscar du meilleur film sur le sujet. Dernièrement, on pourra souligner « Le temps des aveux » de Régis Wargnier.

On était donc curieux de découvrir le film d’Angelina Jolie, car avec l’implication de l’actrice réalisatrice dans le pays, on savait d’emblée son projet sincère. Adapté des mémoires de Loung Ung publiées en 2000, Angelina Jolie nous livre ici un film impeccable dans son parcours. Un film qui retrace très bien et avec beaucoup de justesse le basculement d’un pays et d’une famille parmi tant d’autres. Ce film, c’est une question de survie qu’on va découvrir à travers les yeux d’une toute petite fille. Sans pathos, loin du tire-larmes, Angelina Jolie nous enferme dans ces camps de travail et filme au plus près l’insistance et l’embrigadement de ce régime. La réalisatrice aborde énormément cette idée de partage forcé, et le matraquage politique et la propagande que le peuple a subie.

Angelina Jolie touche et parfois bouleverse, notamment en filmant cette « révolution » dans les grands yeux noirs de la petite et extraordinaire Sareum Srey Moch, qui malgré son silence mutique, arrive sans aucun mal à nous faire transmettre toutes ses émotions.

Bref, le tout est tragiquement beau, surtout que la réalisatrice, même si son film demeure un peu trop lisse, nous offre un métrage esthétique et sublime. Angelina Jolie a toujours su offrir de très beaux films aussi bien dans leur fond que dans la forme et « D’abord, ils ont tué mon père » n’échappe pas à la règle de sa cinéaste.

Néanmoins, et malgré tout le bien qu’on en dit, un petit goût de déception vient aussi se greffer à l’ensemble, car « D’abord, ils ont tué mon père » est un film qui manque d’horreur et de dureté. On sait les tortures inimaginables du régime, on connaît les horreurs du génocide et c’est ce qu’il manque dans ce film. Si la réalisatrice en parle et en parle beaucoup, le tout donne aussi une sensation de survolage, ce qui est dommage, mais qui s’explique notamment à cause du point de vue qu’Angelina Jolie a choisi, puisqu’ici on suit le tout à travers les yeux d’une petite fille qui se trouve loin de ceci. C’est donc un choix logique, qui démontre de surcroît l’intelligence de sa réalisatrice qui aurait aussi très bien pu tomber dans le gratuit de la guerre.

On comprend sans mal cette position, mais malgré tout, il manque ce petit plus au film pour l’amener du bon moment au grand film. Étrangement, c’est peut-être celui qui tenait le plus à cœur à Angelina Jolie et c’est aussi son moins fort et marquant.

« D’abord, ils ont tué mon père » reste donc un très bon film, doublé d’une triste et superbe odyssée. Poignant, agaçant et tragique, ce cinquième film pour Angelina Jolie, malgré ses faiblesses, demeure une belle réussite et l’on attend maintenant « Africa » avec beaucoup de curiosité.

Note : 15/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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