Titre Original : Shika no O
De : Masashi Ando et Masayuki Miyaji
Avec les Voix Originales de Shinichi Tsutsumi, Ryoma Takeuchi, Anne, Hisui Kimura
Année : 2022
Pays : Japon
Genre : Animation
Résumé :
Van était autrefois un valeureux guerrier du clan des Rameaux solitaires. Défait par l’empire de Zol, il est depuis leur prisonnier et vit en esclave dans une mine de sel. Une nuit, la mine est attaquée par une meute de loups enragés, porteurs d’une mystérieuse peste. Seuls rescapés du massacre, Van et une fillette, Yuna, parviennent à s’enfuir. L’Empire de Zol ne tardant pas à découvrir leurs existences, Il mandate Hohsalle, un prodige de la médecine pour les traquer afin de trouver un remède. Mais Hohsalle et Van, tous deux liés par le fléau qui sévit, vont découvrir une vérité bien plus terrible.
Avis :
« Le Roi Cerf » est le premier film de Masashi Ando, artiste japonais de cinquante-trois ans. Si « Le Roi Cerf » est son premier film, le jeune réalisateur a derrière lui une sacrée carrière. Une carrière qui commence en 1990 lorsqu’il entre comme designer au Studio Ghibli. Dès lors, Masashi Ando travaille sur des films aussi célèbres que « Princesse Mononoké » ou « Le voyage de Chihiro« . Dans les années 2000, son talent est réclamé chez d’autres studios, et ainsi, on verra son nom sur « Paprika« , « Ghost In The Shell 2« , « Your Name« , « Animatrix » ou « Détective Conan« , pour ne citer qu’eux.
Après une trentaine d’années passées au service d’autres films, voici que Masashi Ando passe un cap et s’aventure sur son premier film. Ce sera alors « Le Roi Cerf« , adaptation d’un roman de Nahoko Uehashi, qui nous offre une belle plongée dans un univers d’Heroïc Fantasy. Intéressant mais compliqué, politique, riche, loin de ce qu’on a l’habitude de voir, revenant à une animation dite traditionnelle, « Le Roi Cerf » est un premier film qui globalement est beau et très intéressant, même s’il laisse aussi un petit goût d’inabouti à la fin.
Van était autrefois un grand guerrier du clan des Rameaux de Feu. Le clan, comme bien d’autres, a été conquis par l’Empire de Zol et aujourd’hui, Van est un esclave qui travaille dans une mine de sel. Une nuit, la mine est attaquée par une meute de loups porteurs d’une maladie qui pourrait s’apparenter à une peste. Malgré des morsures, Van et une petite fille vont être les seuls survivants de la mine. Libérés grâce à ce malheur, ils prennent la fuite, mais l’empire de Zol ne va pas tarder à découvrir qu’il existe des survivants et bientôt, il se met à leur recherche, car peut-être que leur sang contient un remède. Hohsalle est un savant médecin et ce dernier, lorsque Van sera retrouvé, va faire un pacte avec lui et au-delà ça, leur voyage ensemble va leur faire découvrir une terrible vérité…
Pour notre plus grand plaisir, l’animation japonaise est un puits sans fond et parmi tous les styles qu’elle aborde, je dois bien avouer que l’animation traditionnelle demeure celle que je préfère. Une animation que j’ai découverte comme beaucoup avec les dessins animés à l’époque du Club Dorothée, et puis après dans les films du Studio Ghibli.
Pour son premier film en tant que réalisateur, Masashi Ando se lance dans la pure tradition de ces films, notamment chez Ghibli qui m’ont fait adorer le genre. « Le Roi Cerf » est une plongée politique dans un monde d’Heroïc Fantasy, avec une intrigue complexe, parfois floue, mais qui sur l’ensemble se fait très intéressante. « Le Roi Cerf« , c’est une intrigue où l’on y trouve des luttes de pouvoirs, des guerres, et les séquelles de ces dernières. C’est un film où l’on y trouve un mystère, des légendes, une envie de liberté, une quête, voire une enquête à résoudre, tenue par trois personnages. On se plaît à suivre cette intrigue qui est loin d’être conventionnelle. Film pour adulte, Masashi Ando nous entraîne dans une histoire faite de politique, de coup en douce, et d’envie de règne.
Le scénario est riche et détaillé, mais derrière ça, il faut aussi dire que ce « … Roi Cerf » est parfois complexe, trop complexe, et bien souvent, on peut avoir tendance à se perdre dans sa trame. Beaucoup de clans, beaucoup d’éléments, beaucoup de mystères, et dans son fil rouge, un scénario qui fonctionne comme un puzzle, qui rassemblera ses éléments petit à petit. Malheureusement, si beaucoup de ces derniers trouvent leur place, d’autres restent en suspens et pas mal de questions vont difficilement trouver des réponses. On ajoutera à cela, un final certes joli et logique dans cette histoire, mais qui malgré ces bons points, se fait trop abrupt et nous laisse un petit goût de rapide en bouche. On aurait presque l’impression qu’au moment où le film se coupe, il lui manque quelques scènes pour mettre en forme sa fin. En somme, il y a comme un petit goût d’inachevé qui émane de cette fin.
Heureusement, ces déceptions sont, entre guillemets, cautérisées par tout ce que le film offre. Comme je le disais, il y a cette histoire, ce scénario, qui ne cesse d’être intéressant. S’ajoute à cela, l’animation de Masashi Ando qui est purement splendide, offrant un film plein de spectacle, mais aussi de poésie parfois, avec des connexions avec la nature de toute beauté. On notera aussi que le cinéaste gère très bien les émotions de son film, sachant le rendre tendu quand il faut, ou émouvant, là encore, quand son intrigue le demande. Puis, il y a ces personnages qui sont tous attachants et intéressants, même ceux qui arrivent tardivement. Avec ces personnages, l’intrigue explore beaucoup de sujets, comme les liens du cœur, le destin, l’héritage, la haine, les stratégies militaires, ou encore quelques légendes qui sont pile dans ce que l’on était venu chercher (même si tout n’est pas très clair).
Ainsi, ce premier film pour Masashi Ando est donc une jolie réussite, et ça malgré tous ces petits défauts et ces déceptions qui s’accumulent. S’il est vrai qu’on quitte le film avec un petit goût inachevé et qu’au-delà de ça, tout ne trouve pas forcément de résolution, il n’empêche que sur son ensemble, cette quête vers « le royaume des loups noirs » se pose comme un voyage aussi plaisant qu’il est sublime à regarder. Ce « … Roi Cerf » n’entrera peut-être pas dans le top liste des films d’animation japonaise, mais il demeure une première œuvre intéressante, voire même plus. Une première œuvre qui respecte bien la tradition d’animation et pose les bases d’un nouveau réalisateur, qu’on est curieux de suivre.
Note : 13,5/20
Par Cinéted