De : Eve Deboise
Avec Laetitia Dosch, Pierre Deladonchamps, Paul Kircher, Lorette Nyssen
Année : 2022
Pays : France
Genre : Comédie, Romance
Résumé :
Un café parisien, des copies égarées, la lettre d’amour d’une lycéenne à son professeur de maths : il n’en faut pas plus à Julie, promeneuse de chiens à ses heures perdues, pour se lancer dans une folle enquête. Elle a peu de temps pour éviter le pire, l’adolescente semble prête à tout. Par où commencer ? Retrouver le prof, et l’entraîner jusqu’à l’aube dans une course effrénée…
Avis :
Diplômé de la Fémis en 1991, Eve Deboise a tout d’abord évolué en tant que scénariste. Si elle a travaillé sur quelques films qui n’ont pas vraiment marqué, on lui retiendra un gros fait d’arme qui va l’occuper près de vingt-cinq ans, puisqu’elle a à son actif le fait de faire partie des showrunners de cette très longue série qu’est « Une famille formidable« . Dans les années 2000, en plus d’intégrer la Fémis pour y enseigner l’écriture de scénario, Eve Deboise commence à réaliser, avec un court-métrage en 2001, suivi de son premier long, dix ans plus tard.
Après plusieurs années en tant que scénariste et enseignante, Eve Deboise fait son retour derrière la caméra, dix ans pile-poil après son premier long, pour une petite romcom amusante et attachante, tenue par deux acteurs en totale alchimie. Sans être la comédie de l’année non plus, « Petite leçon d’amour » se pose comme un petit film sympathique qui nous offre pile ce que l’on était venu chercher, c’est-à-dire de la romance, un peu de rocambolesque, des personnages hauts en couleurs et une échappée nocturne amusante.
Julie est promeneuse de chiens et en cette fin d’après-midi pluvieuse, elle décide de prendre un café-champagne dans un café parisien, et c’est là qu’elle tombe sur des copies de maths égarées par leur professeur. Jusque-là, rien d’anormal (mis à part le café-champagne…), puis tout se corse quand Julie découvre, dans les copies en question, une lettre d’amour désespérée. Cette lettre d’amour, c’est celle d’une élève amoureuse de son professeur et cette dernière lui dit qu’elle va l’attendre toute la nuit et si à l’aube, il n’est pas là, alors elle se suicidera. Julie prend alors cette lettre très au sérieux et se met en tête de trouver ce professeur de math, puis ensemble d’aller sauver cette jeune fille. Cette nuit-là s’annonce plus agitée que prévu.
Envie d’une petite comédie sans prétention, qui sait amuser avec un duo de personnages attachants et une aventure nocturne improbable, alors cette « Petite leçon d’amour » est parfaite pour habiller une soirée.
La comédie française est sûrement le genre qu’exploite le plus le cinéma français, mais c’est le genre qu’il abîme le plus, avec des comédies lourdingues, qui pour la plupart ne sont pas drôles, et au-delà de ça, elles finissent par toutes se ressembler un peu. Eve Deboise, réalisatrice inconnue, revient avec un deuxième film qui va élever quelque peu le niveau en livrant une romcom sucrée salée, assumée et surtout plaisante et divertissante.
Alors oui, c’est vrai, « Petite leçon d’amour » n’est pas incroyable non plus, et il ne bousculera pas le genre, mais dans son intrigue, dans son petit délire, et surtout dans son duo de personnages parfaitement mal accordés, cette petite comédie se fait entraînante et l’on se laisse séduire par cette échappée nocturne aussi improbable qu’elle est bordélique, pleine de rebondissements, puis à la fin de tout cela, elle sait se faire joliment romantique.
Doté d’un chouette scénario, qui fait bien doser les mésaventures que vont rencontrer ces deux personnages en totale opposition, « Petite leçon d’amour« , on ne va pas se le cacher, ne raconte pas grand-chose de neuf. On peut même dire qu’en un sens, le film est déjà vu dans son intrigue et l’on devine assez vite où cette histoire va emmener ces deux personnages. Pourtant, malgré ce côté déjà vu, le film d’Eve Deboise arrive à créer de la surprise et de l’intérêt notamment parce qu’il tient deux personnages hauts en couleurs qui vont être très attachants. Deux personnages qui n’ont rien à faire ensemble, deux personnages assez lunaires chacun dans leur côté et c’est ce qui fonctionne le mieux, car ils se complètent très bien. Franchement, on se plaît à les suivre dans cette nuit de folie, qui va leur réserver quelques surprises, pas mal de moments cocasses, et d’autres encore assez poétiques. En fait, « Petite leçon d’amour » est un film qui fonctionne et charme bien plus avec ses personnages qu’avec l’histoire qui nous est racontée.
Puis ce qui fait aussi que ces personnages sont très bons et sont aussi plaisants, c’est qu’ils sont parfaitement tenus par deux acteurs qui s’amusent et leur enchantement à tenir ses personnages est communicatif. Avec cette nuit déjantée, Eve Deboise nous propose une Laetitia Dosch complétement allumée, tenant un personnage hors-sol qui déclenche des sourires dès qu’elle ouvre la bouche. Certaines de ses réflexions, ou ses mensonges, valent leur petit pesant d’or. Pour l’accompagner jusqu’à l’aube, Eve Deboise nous propose aussi un Pierre Deladonchamps à contre-emploi dans un rôle assez inédit pour lui, et l’acteur fait preuve de pas mal de drôlerie. À noter toutefois qu’il est dommage que le film se repose trop sur ces deux personnages et n’offre aucun personnage secondaire fort ou marquant.
Deuxième film pour Eve Deboise, « Petite leçon d’amour » se pose comme une petite romcom amusante et attachante. On se plaît à suivre cette drôle de nuit qui réservera pas mal de rebondissements à ces personnages. Drôle et romantique, si cette petite comédie ne bousculera pas le genre, au milieu de tous les navets poussifs que le cinéma français sait nous offrir tous les mois, lorsqu’on trouve un film de cette jolie qualité, on le tient, on le retient et mieux encore, on le met en avant, car malheureusement, et à coup sûr, il remportera moins de succès que d’autres, alors qu’il en méritait plus. Donc une fois que vous aurez été voir « Doctor Strange in the Multiverse of Madness« , pourquoi ne pas vous laisser tenter par Laetitia Dosch, Pierre Deladonchamps et leur nuit rocambolesque.
Note : 13,5/20
Par Cinéted