avril 27, 2024

Jigsaw

De : Michael et Peter Spierig

Avec Matt Passmore, Tobin Bell, Callum Keith Rennie, Hannah Emily Anderson

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Après une série de meurtres qui ressemblent étrangement à ceux de Jigsaw, le tueur au puzzle, la police se lance à la poursuite d’un homme mort depuis plus de dix ans. Un nouveau jeu vient de commencer… John Kramer est-il revenu d’entre les morts pour rappeler au monde qu’il faut sans cesse célébrer la vie, ou bien s’agit-il d’un piège tendu par un assassin qui poursuit d’autres ambitions ?

Avis :

Parmi les longues, trop longues, sagas horrifiques du septième art, Saw tient une place assez particulière. En effet, c’est l’une des franchises qui ne propose pas vraiment de boogeyman monstrueux, et surtout, elle possède un fond aussi malin que parfois dérangeant. Car ici, il n’est point question de buter n’importe quel quidam, mais de faire comprendre l’importance de la vie à des gens qui gâchent la leur ou celles des autres. Après un premier volet très réussi qui signera la reconnaissance de James Wan, et un deuxième opus plutôt plaisant, le reste n’était franchement pas folichon, et surfait surtout sur la vague Torture-Porn qu’avait initié la saga. Après un septième chapitre peu convaincant, aussi bien critique que public avec peu de gens dans les salles, il faudra attendre pas moins de sept ans pour voir un nouvel épisode. Et ce qui devait être un reboot va devenir un huitième film.

Car oui, il était difficile de laisser tomber cette poule aux œufs d’or, et la première idée des producteurs fut de recommencer la saga à zéro. Mais pour y apporter quelle nouveauté ? Après quasiment sept ans de gestation, ce sont deux nouveaux scénaristes qui vont prendre les manettes de la franchise, pour en faire une nouvelle suite. Ainsi donc, Jigsaw se place huitième dans la saga, et il met en avant cinq nouvelles victimes, qui vont devoir faire face à des jeux mortels. En parallèle de cela, des corps sont retrouvés et une enquête se met en place, avec le détective Halloran à la tête des recherches. Le film alterne alors le côté thriller/policier avec l’horreur à la torture-porn afin de créer du liant et de questionner le spectateur sur qui est la taupe au sein de la police, car il y a un loup dans la bergerie.

« Le film est plus malin que les derniers opus. »

L’intérêt du film tient donc sur deux enjeux opposés, celui du whodunit pour savoir qui, parmi les enquêteurs, est un acolyte de Jigsaw, et celui du divertissement macabre pour voir les nouveaux jeux du tueur, ainsi que les raisons du choix des victimes. Et franchement, ce n’est pas si mal que ça. Le film se traine une réputation peu glorieuse, et pourtant, on ne peut pas dire que ce soit mal écrit. Certes, on ressasse la même recette que pour les opus précédents, avec un héritage qui refait surface, trouvant des raisons alambiquées pour perpétuer les crimes de John Kramer, mais c’est plutôt bien fichu, jouant sur deux temporalités, et mettant en avant un homme brisé qui fait écho au tout premier film. Le film est plus malin que les derniers opus, essayant d’intriguer le spectateur, et de l’impliquer dans la recherche, brouillant constamment les pistes.

Pour cela, le scénario propose une courte palette de personnages qui ont tous leurs raisons d’aider Jigsaw dans ses meurtres. Ainsi, on aura un détective très impliqué dans l’affaire, et qui a un passif pas très réjouissant. On peut aussi compter sur une femme qui bosse à la morgue et voue un culte aux créations du tueur, jusqu’à avoir un musée qui est dédié à ses œuvres. Le film ajoute un autre détective un peu trop zélé et un médecin légiste père célibataire qui fut torturé en Afghanistan. Tout ce petit monde constitue des suspects que le film manipule au fur et à mesure des minutes, afin de nous faire changer d’avis. Si parfois, les ficelles sont grossières, il n’empêche que c’est plutôt réfléchi. D’autant plus que le film ne tergiverse pas, optimisant sa durée sur un peu moins d’une heure trente pour ne pas lasser le public.

« Les frères Spierig ne sont pas avares en gore. »

L’autre point intéressant dans ce film réside bien évidemment dans son côté torture et piège dégueulasse. On se souvient encore du troisième épisode qui fut interdit au moins de dix-huit ans lors de sa sortie en salles. Ici, c’est un peu plus timide. Les frères Spierig ne sont pas avares en gore, ils ont de l’expérience là-dedans (Undead est à voir), mais ça reste moins osé que certains films précédents. Les pièges sont plutôt bien pensés, même si on retrouve quelques incohérences et une place trop importante laissée au hasard. Comment prévoir qu’un des types va forcer la mauvaise porte pour le prendre au piège et entrainer une réaction en chaîne ? Néanmoins, ça reste généreux, et les portraits proposés dressent un tableau peu réjouissant d’une Amérique qui se voile la face et qui préfère fermer les yeux sur certains problèmes de société.

On aura droit au type qui vend sa moto défectueuse pour gagner de l’argent facile, quitte à risquer la vie d’un inconnu. Il y a aussi la femme qui est dans le besoin et laisse une personne mourir pour seulement cinq dollars. On retrouvera l’homme irresponsable, qui n’assume pas ses erreurs de jeunesse, et fera porter le chapeau à ses amis décédés. Et enfin, on a droit à la femme sans scrupule, qui se ment tellement à elle-même qu’elle finit par croire ses mensonges. Tout ce petit monde constitue un vivier intéressant parmi les victimes, offrant un spectacle assez jouissif lorsqu’il s’agit de mourir. Néanmoins, aussi détestables soient-ils, ils leur manquent un peu plus de profondeur, ou tout du moins un personnage plus empathique que les autres afin de créer une tension supplémentaire. Ce n’est pas l’adage des Saw, mais ça aurait été un plus indéniable.

Au final, Jigsaw n’est pas le film honteux que l’on veut nous faire croire. Certes, il est imparfait et possède des défauts, à l’image de pièges qui laissent trop de place au hasard, ou des personnages bien trop détestables, mais il a aussi de bons moments et s’avère un divertissement honnête. Gore juste ce qu’il faut, essayant de perdre le spectateur dans une enquête nébuleuse, ne dépassant pas la durée requise pour ce genre de spectacle, on est dans une suite honorable, qui redresse même la barre de la franchise, ce qui n’était pas bien difficile, il faut l’avouer.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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