Titre Original : Children of Men
De : Alfonso Cuaron
Avec Clive Owen, Julianne Moore, Clare-Hope Ashitey, Michael Caine
Année: 2006
Pays: Etats-Unis, Angleterre
Genre: Science-Fiction, Thriller
Résumé :
Dans une société futuriste où les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire, l’annonce de la mort de la plus jeune personne, âgée de 18 ans, met la population en émoi. Au même moment, une femme tombe enceinte – un fait qui ne s’est pas produit depuis une vingtaine d’années – et devient par la même occasion la personne la plus enviée et la plus recherchée de la Terre. Un homme est chargé de sa protection…
Avis :
Avec Guillermo Del Toro et Alejandro González Iñárritu, Alfonso Cuarón fait partie du cercle très fermé des plus grands réalisateurs venus du Mexique. En seulement sept films sur plus de vingt-cinq ans, le réalisateur a su s’imposer sur la scène internationale. Il aura même fait plus que s’imposer, puisqu’aujourd’hui chacun de ses films est désiré avec la plus grande des impatiences.
C’est dans les années 2000 que le réalisateur mexicain s’impose vraiment et après un détour à Poudlard pour ce qui est l’un des meilleurs épisodes des aventures de « Harry Potter« , Alfonso Cuarón nous revient avec ce qui reste encore aujourd’hui le film le plus important de sa carrière, « Les fils de l’homme« . Avec ce film, le cinéaste livre une immense leçon de cinéma. Une leçon de cinéma sur fond d’espoir pour l’humanité. Doté d’un des scénarios les plus intelligents des années 2000, Alfonso Cuarón, en un tout petit peu plus d’une heure et demi, livre un film à la fois effrayant, émouvant et très en avance sur son temps, quand il parle de politique. Une œuvre angulaire qui arrive à lier divertissement et réflexion, pour nous quitter avec un mot en tête, chef-d’œuvre !
Le monde, 2027. La planète est en déshérence, car cela fait maintenant dix-huit ans que le monde n’a plus vu de naissance. Les hommes, face à cette agonie, essayent tant bien que mal d’instaurer un autre système. Mais le contexte est on ne peut plus sensible. À Londres, Théo est un homme qui a perdu la foi depuis la mort de son fils et vit au jour le jour, n’attendant rien d’autre que la vieillesse et la mort. Un jour, son ex-femme réapparait dans sa vie, car elle a besoin de son aide. Chef d’une organisation de rebelle, sa femme lui demande de faire passer Kee à l’autre bout du pays. Théo ne va pas tarder à apprendre que Kee est la première femme depuis dix-huit années à attendre un enfant…
Un scénario hallucinant, un contexte politique incroyable, une réalisation sidérante, et d’immenses moments d’émotion, voici le programme virulent des « … fils de l’homme« , le film le plus important d’Alfonso Cuarón.
Il est difficile de savoir par où commencer tant le réalisateur a mis la barre très haute à tous les plans. D’un réalisme absolu, « Les fils de l’homme » est un film qui ne laissera personne indifférent, ne serait-ce que par son intrigue et tous les messages et autres sous-entendus que le film laisse passer.
L’idée de base est géniale, la première femme à être enceinte depuis presque vingt ans doit être protégée, car cet enfant fascine autant qu’il fait peur et tout le monde guette ce bébé à des fins politiques, afin d’imposer un pouvoir. Mais là où le film est encore plus génial, c’est que derrière cette première ligne scénaristique, Alfonso Cuarón y a ajouté des enjeux et un contexte politique et social fabuleux. Il aborde la fin du monde, les réfugiés politiques et climatiques, la politique, le fascisme, le totalitarisme, la peur, l’oppression, une société sans espoir, la religion, la vie, la mort, la gronde d’un peuple opprimé ou encore la rédemption d’un homme, Alfonso Cuarón développe tout ceci et bien plus encore et ne se perd jamais. C’est hallucinant comme le film arrive à condenser tous ces sujets sensibles et complexes en si peu de temps. Le constat que livre le réalisateur à travers ses personnages fait froid dans le dos et on va être choqué à plus d’un titre.
On restera aussi bouche bée devant l’avance que le film peut avoir sur son temps, car derrière la stérilité du monde, le film dresse un constat sur la société de masse, sur la consommation, sur l’égoïsme de cette société dite ouverte. Racisme, maladie de masse, les guerres et l’Irak plus particulièrement, l’accueil de clandestins, la pollution, Alfonso Cuarón annonce un futur peu glorieux si l’on n’ouvre pas les yeux. Plusieurs dialogues résonnent en tête et finalement, « Les fils de l’homme » amène à une belle réflexion et ouvre un débat, ce qui est sans aucun doute sa plus grande réussite.
« Les fils de l’homme« , c’est aussi un film qui a une gueule incroyable. Aussi futuriste qu’apocalyptique, Alfonso Cuarón nous plonge dans un film aux allures de fin du monde. Un film grandiose et intimiste en même temps. Un film qui oscille avec virtuosité dans tous les genres. Drame, guérilla urbaine, fin du monde, le tout saupoudré de science-fiction. Bref, Alfonso Cuarón tient son film à la perfection. Une perfection qui est assurée par une mise en scène palpitante. Une mise en scène de génie, qui enchaîne les plans-séquences tous plus impressionnants les uns que les autres. Des plans-séquences qui servent incroyablement l’intrigue. Avec eux, on plonge encore plus dans le réalisme de ce que le réalisateur nous raconte. À aucun moment, cette mise en scène géniale n’est là pour faire un déballage de compétences. Non, c’est brillant, intelligent et ça a du sens.
Ce chef d’œuvre n’en serait pas un sans ce casting exemplaire qu’a réuni Alfonso Cuarón. Un casting dans lequel Clive Owen trouve son plus beau rôle. Son rôle le plus puissant, peut-être même le rôle de sa carrière. Julianne Moore, Michael Caine, Chiwetel Ejiofor, Peter Mullan et Charlie Hunnam trouvent des rôles plus ou moins importants à l’image, mais qui servent intelligemment le film. Enlever l’un d’eux et le film, et surtout l’intrigue, devient bancal. Chacun d’eux est là pour une raison précise.
Enfin, ce film c’est aussi deux révélations féminines. La première, c’est Clare-Hope Ashitey qui incarne Kee avec une délicatesse folle. Émouvante et sublime, l’actrice fait passer beaucoup d’émotions à travers ce rôle. On s’attache, on craint, et comme le reste du monde, on espère pour elle.
L’autre révélation, c’est Pam Ferris qui incarne ce que l’on pourrait appeler sa nourrice, un personnage singulier et attachant qui a sa part d’émotion et de belle réflexion, en plus d’avoir une actrice géniale.
« Les fils de l’homme » est donc un film percutant, un choc, une claque qui est aussi bien scénaristique que visuelle. C’est un film violent, beau, pessimiste et plein d’espoir en même temps. C’est un film qui bouscule, qui appuie et qui assure son propos, qui pousse à la réflexion, tout en oubliant jamais d’être divertissant. Bref, à bien des arguments, des scènes, des séquences, des dialogues, et même des personnages, « Les fils de l’homme » est le chef d’œuvre de la carrière d’Alfonso Cuarón.
Note : 20/20
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Par Cinéted