avril 28, 2024

Dolan’s Cadillac

De : Jeff Beesley

Avec Christian Slater, Wes Bentley, Emmanuelle Vaugier, Greg Bryk

Année : 2010

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Après le meurtre de sa femme, témoin d’une exécution, Robinson, un instituteur, entreprend de se venger du responsable, Dolan, un grand mafieux. Conscient de ne pas avoir affaire à un amateur, Robinson se prépare : il étudie les déplacements et habitudes du criminel afin d’établir un plan pendant sept ans.

Avis :

Stephen King est certainement l’auteur le plus adapté au cinéma ou à la télé. Que ce soit dans des longs-métrages, des téléfilms ou même des séries, l’écrivain a dû voir presque toutes ses œuvres transposées pour l’écran, qu’il soit grand ou petit. Si on peut compter sur quelques pépites, notamment quand c’est Frank Darabont qui s’y colle, on ne compte plus les navets qui sont issus des écrits de Stephen King. Cela est souvent la cause d’un manque de budget, mais aussi parce que les metteurs en scène n’ont pas su saisir l’essence même des histoires de l’auteur. Dolan’s Cadillac est une nouvelle qui est disponible dans le recueil Rêves et Cauchemars, et elle s’éloigne un peu des autres écrits de King, dans le sens où il s’agit d’un thriller pur et dur, sans aucun élément fantastique dedans. Une aubaine pour un téléfilm à tout petit budget.

Directement sorti chez nous en DVD, Dolan’s Cadillac va être une adaptation assez fidèle, lorgnant clairement vers le thriller et le policier, sans aucun autre artifice (si ce n’est quelques apparitions fantasmagoriques, mais très peu). Robinson est un professeur de sixième et il va perdre sa femme dans un attentat à la bombe, car cette dernière était témoin d’un triple meurtre perpétré par le trafiquant Jimmy Dolan. Ne faisant pas confiance à la police pour mener l’enquête, Robinson va alors étudier les moindres faits et gestes du mafieux pour le piéger et assouvir sa vengeance. Le pitch est simple, et le film va l’être tout autant. Du moins suffisamment pour qu’il rentre dans un cadre d’une heure et vingt minutes, ni plus, ni moins. Et en ce sens, on aurait espéré une dynamique plus pêchue, et un film qui ne perd pas son temps dans de l’inutile.

« Christian Slater cabotine comme jamais, au point d’en devenir pénible et sans intérêt. »

La première partie fait illusion. On nous présente rapidement ce couple aimant, qui essaye d’avoir un enfant, et qui bosse tous les deux dans l’enseignement. Mais tout bascule quand la femme est témoin oculaire et décide d’aller au bout de l’affaire afin de faire arrêter ce mafieux. Le film prend vraiment le temps de présenter ces personnages, les présentant comme des gens lambda, sans histoire, et qui veulent vivre leur vie. A contrario, le scénario ne s’appuie pas vraiment sur Jimmy Dolan, si ce n’est pour nous montrer un mafieux impétueux, qui n’a aucun état d’âme et qui se repose surtout sur ses sbires pour faire son trafic. C’est peu et pour poser un méchant charismatique, il ne suffit pas de prendre un acteur connu. D’autant plus que Christian Slater cabotine comme jamais, au point d’en devenir pénible et sans intérêt.

Bien évidemment, la deuxième partie va présenter un Robinson au bord de la dépression, qui voit que la police le mène en bateau, et qui va profiter de ses vacances pour fomenter un coup mortel. Là-dessus, le film passe très vite et use d’une mise en scène ringarde pour montrer la difficulté de travailler en pleine chaleur afin de s’endurcir et d’apprendre à manier les divers métiers du BTP. On aura droit à des ralentis lorsque Wes Bentley tombe au sol, ou encore lorsqu’il a les mains qui brûlent. On verra aussi des personnages secondaires vulgaires et stéréotypés, qui n’apporteront rien à l’histoire. C’est là que l’on prend la mesure des limites d’un DTV. La tension ne monte jamais vraiment, la faute à une redondance dans la mise en scène et un montage qui force sur certaines émotions.

« Dolan’s Cadillac manque cruellement d’intérêt dans ce qu’il raconte. »

Cette répétitivité de mise en scène, on la retrouve aussi en milieu de film, lorsque ce pauvre Robinson fait le guet à l’hôtel de Dolan, avec des plans qui se répètent inlassablement, à l’image de cette fontaine monumentale devant ledit hôtel. Tout ceci conjugue à faire de ce DTV quelque chose de pénible, ou tout du moins anecdotique. Et il ne faudra pas compter sur la fin du long-métrage, qui s’étire de façon abusive. Robinson réussit son coup en piégeant de manière originale Dolan, mais il va faire vivre un supplice au méchant qui en sera un pour nous aussi. En enterrant vivant le type et sa voiture, il va faire en sorte que cela dure longtemps, et on a l’impression que Jeff Beesley, le réalisateur, s’impose une durée précise pour rentrer dans un carcan conventionnel. Il aurait été plus malin de faire plus court, plus concis, et plus violent.

Le dernier point faible du film concerne son fond. Car si sa forme reste, au mieux, conventionnelle, on ne peut pas dire que ce soit la meilleure histoire de Stephen King. Il est question ici de vengeance et d’un type qui doit s’endurcir pour venir à bout d’un être démoniaque. Rien de bien novateur, que ce soit dans le développement du personnage, ou dans les sous-textes, qui servent juste à démontrer l’inutilité de la police face à un magnat du trafic d’humains. Dolan’s Cadillac manque cruellement d’intérêt dans ce qu’il raconte, ne cherchant jamais plus loin que ces deux personnages qui s’affrontent, oubliant dès lors le contexte, et ce qu’il peut y avoir plus loin. C’est dommage, car il y avait un potentiel intéressant, mais le réalisateur ne fait pas vraiment d’efforts. Et d’ailleurs, c’est sûrement pour cela que depuis, il ne fait que des téléfilms de Noël…

Au final, Dolan’s Cadillac est un film très moyen, pour ne pas dire médiocre. Si on peut lui sauver deux/trois moments intéressants, ainsi qu’un Wes Bentley qui s’en sort avec les honneurs, pour le reste, il n’y a rien de bien mémorable. La mise en scène fait vieillotte, le montage est redondant, et surtout, le méchant n’est pas du tout charismatique, avec un Christian Slater en roue libre qui fait tout pour se rendre détestable, mais qui prête finalement plus à sourire qu’autre chose. Bref, un DTV bas de gamme, pas le pire, mais pas le meilleur non plus, et parmi les adaptations de Stephen King, on est plutôt vers un milieu faible…

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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