
Titre Original : Julie Zwijgt
De : Leonardo Van Dijl
Avec Tessa Van Den Broeck, Koen De Bouw, Claire Bodson, Ruth Becquart
Année : 2025
Pays : Belgique, Suède
Genre : Drame
Résumé :
Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l’entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu’une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.
Avis :
Nouveau venu dans le paysage belge, Leonardo Van Dijl est un jeune cinéaste de trente-trois ans qui, avec « Julie se tait« , met en scène son premier long-métrage. Un premier long qui s’est fait joliment remarquer au festival de Cannes, à la semaine de la critique, où il est reparti avec deux prix. Puis avec ça, le film a été sélectionné par la Belgique pour la représenter aux prochains Oscars. Avant tout cela, Leonardo Van Dijl a déjà réalisé trois courts-métrages qui approchent tous plus ou moins le milieu du sport.

« Julie se tait » est un film qui propose de suivre une jeune tenniswoman au moment où l’un des entraîneurs de son club est écarté. Lorsqu’on s’arrête sur ce premier film, « Julie se tait » est un film qui d’emblée intéresse de par son sujet qui s’inscrit parfaitement dans l’air du temps. Ayant une patte de réalisation, tenant une atmosphère superbe, « Julie se tait » est un film qui nous présente les premiers pas d’un jeune cinéaste qui a du talent et des choses à raconter. Malheureusement pour son cinéaste, malgré ce que le film raconte, malgré la proposition et le portrait tout en subtilité de son personnage, « Julie se tait » a bien du mal à se faire prenant, et plus encore touchant, ce qui est franchement dommage au vu de son sujet.
« »Julie se tait » a bien du mal à se faire prenant »
Julie est une adolescente qui peut être une star montante du tennis. Toute sa vie tourne autour de son sport qu’elle adore, et dont elle donne tout. Un matin comme un autre, Jérémy, l’un des entraîneurs du club, est suspendu après le suicide d’une ancienne joueuse. Cette suspension et ce drame donnent lieu à des suspicions, et alors que beaucoup parlent entre eux ou à la direction, Julie, elle, reste dans le silence…
Le mutisme, ou plutôt comment parler, quand parler, et peut-être même pourquoi parler ? Bon, on l’aura compris, « Julie se tait » est un film qui parle des abus dans le sport, mais plus que de parler de cela, Leonardo Van Dijl a surtout voulu faire un film sur la parole et surtout sur sa libération. Pour étayer cette idée, le réalisateur va faire un film tout en silence. Un film intérieur, où l’on sent bien que l’héroïne bout, ne demande qu’à parler sans pouvoir le faire et c’est ce qui est intéressant, enfin du moins sur le papier, car une fois posé à l’écran, le film de Leonardo Van Dijl ne se révèle pas aussi prenant que prévu.
Alors bien sûr, dire que l’on n’est pas touché par cette jeune femme qui ne sait pas vraiment comme réagir face à ce qu’elle a vécu, et aux langues de concierge qui ne font que supposer ce qui a pu arriver et le pourquoi de l’éviction de cet entraîneur, ce serait mentir. Non, Julie, dans son mutisme, est touchante, et tous les questionnements qui vont avec la foule de questions qu’elle peut se poser sont autant de sujets qui sont intéressants. Mais avec un tel raisonnement, pourquoi finalement le film de Leonardo Van Dijl se pose-t-il comme une déception ? Pourquoi n’arrive-t-il pas à autant toucher qu’on l’aurait pensé ?
« Tessa Van den Broeck porte le film sur ses épaules »
La réponse est simple, si le silence de Julie est lourd de sens, et s’il communique beaucoup à force de silences justement, à force de tout retenir, tout garder, on a l’impression que le film garde son intrigue et n’arrive pas à exploser, un peu comme son personnage finalement. On se retrouve alors devant une intrigue excellente, une idée toute aussi excellente, et pourtant, il manque un truc en plus qui fait qu’on se retrouve pris et bousculé par la souffrance de cette jeune femme. Puis quand enfin, l’idée de se libérer, de parler, au moment où le film aurait dû se faire bouleversant, on se retrouve avec un générique de fin. Alors oui, cette idée de ne rien dire va avec la grammaire du film, mais là, ça laisse une sensation d’avoir « attendu » pour rien, même si on sait très bien ce que sera la suite.
Ce sentiment est d’autant plus dommage que le reste du film est bon. Comme je le disais, « Julie se tait » a une bonne ambiance, avec un soin tout particulier qui est apporté à la photographie, ce qui lui donne un ton particulier, qui en un sens reflète bien son personnage. Puis derrière ça, le film est tenu par une jeune actrice dont c’est la première fois à l’écran et elle est franchement excellente. C’est bien simple, Tessa Van den Broeck porte le film sur ses épaules, et même si parfois, les silences du film empêchent que le film offre plus, jamais ça ne vient de la comédienne.

Ainsi donc, « Julie se tait » est un film intéressant dans ce qu’il raconte, dans son ton et de par sa jeune actrice, mais malgré tous les points positifs que le film peut avoir, il reste que « Julie se tait » n’arrive jamais à nous entraîner totalement dans son intrigue. Si son personnage bout et ne demande qu’à exploser, ce n’est pas ce que le film nous fait ressentir, et ça, c’est dommage.
Note : 10/20
Par Cinéted