Titre Original : The Boogeyman
De : Rob Savage
Avec Sophie Thatcher, Chris Messina, Vivien Lyra Blair, David Dastmalchian
Année : 2023
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Sadie Harper, une jeune lycéenne, et sa petite sœur Sawyer sont encore sous le choc de la mort récente de leur mère. Dévasté par sa propre douleur, leur père Will, thérapeute de profession, ne leur prodigue ni le soutien ni l’affection qu’elles tentent de lui réclamer. Lorsqu’un patient désespéré se présente à l’improviste à leur domicile pour demander de l’aide, celui-ci fait entrer avec lui une terrifiante entité s’attaquant aux familles et se nourrissant de leurs plus grandes souffrances.
Avis :
Le cinéma d’horreur offre constamment de nouveaux noms qui se font remarquer sur plusieurs films. Si on trouve une sorte d’apogée dans les années 80, chaque décennie comporte son lot de réalisateurs amateurs de genre, et on peut dire qu’en 2020, il faut compter sur le duo Scott Beck et Bryan Woods. Si le duo commence doucement en 2015 avec un premier film faiblard, à savoir Night Light, qu’ils écrivent et réalisent, leur premier coup d’éclat survient trois ans plus tard avec Sans un Bruit dont ils seront les scénaristes. Grâce à cela, ils auront accès à la réalisation d’un nouveau film d’horreur, le sympathique Haunt, puis ils alterneront entre écriture et réalisation, que ce soit dans l’horreur, Sans un Bruit 2, dans la série avec 50 States of Fright ou dans la science-fiction avec 65 – La Terre d’Avant. En 2023, ils seront derrière le scénario du Croque-Mitaine.
Librement adapté d’une nouvelle de Stephen King parue dans Danse Macabre, Le Croque-Mitaine raconte une histoire assez simple de monstre dans le placard qui tue des enfants dans des familles fragiles. L’introduction ne laisse rien au hasard, avec une caméra qui tourne dans une chambre d’enfant, avec une jeune fille qui pleure dans son lit à barreaux, et qui va se faire zigouiller hors-champ. Ce démarrage démontre les envies de cinéma de Rob Savage, un amateur du cinéma indépendant, mais aussi l’absence de concession quant aux meurtres de gamins. Le Croque-Mitaine balance une grosse promesse, celle de ne faire aucun quartier, et donc de faire de nombreuses victimes. Malheureusement, on va vite déchanter de ce côté-là lorsque le film se focalise alors sur une famille dysfonctionnelle qui a dû mal à faire le deuil de la maman récemment disparue. Tous les clichés seront alors cochés.
« le film s’enlise dans un faux rythme »
On retrouve un père psychiatre qui aide les autres mais refuse de se regarder dans un miroir, une fille aînée qui souffre en silence et ne veut pas affronter le regard de ses camarades de lycée, ainsi qu’une petite sœur qui sera la première proie de l’immonde monstre dans le placard. Un monstre qui fait son apparition suite à la visite impromptue d’un père dépressif qui a perdu ses filles à cause de ce monstre qui vit dans l’ombre. Très vite, le film s’enlise dans un faux rythme qui essaye par tous les moyens de construire ses personnages pour leur donner du relief. L’intention est louable (et nécessaire), mais c’est tellement banalisé que l’on va avoir du mal à ressentir de l’empathie pour qui que ce soit. D’autant plus que les réactions des personnages sont assez stéréotypées, ne prenant alors aucun risque.
Mais plus loin que ça, Le Croque-Mitaine manque de mordant dans ses scènes de flippe. Si le monstre est stylisé et peut effrayer par son omniprésence dans les zones d’ombre, on reste sur des choses simples qui n’arrivent pas vraiment à marquer. Certains jumpscares sont assez grossiers, et on se doute sans arrêt de ce qu’il va se passer. Certes, la mise en scène et la photographie sont plutôt bien fichues, mais on reste sur du tout-venant, avec une ambiance bancale, qui oscille constamment entre le drame larmoyant aux teintes grisâtres, et l’horreur nerveuse qui se pare d’un rouge sang. Et au niveau du bodycount, c’est un peu la même tambouille, on est dans un film qui se veut psychologique, où les morts sont timides et pas forcément mises en valeur d’un point de vue réalisation. En fait, on fait face à un film lambda qui manque de personnalité.
« La réalisation est aussi plaisante »
Pour autant, le film n’est pas dénué de qualités. On pourrait évoquer le casting, qui est plutôt bon, notamment Chris Messina en père psychiatre qui refuse de croire ses filles, et qui s’avoue, au bout d’un moment, accablé par la mort de sa femme. Sophie Thatcher est aussi relativement solide dans le rôle de la grande sœur qui n’arrive pas à faire le deuil, et se révèle être la grande rivale de ce boogeyman qui ne s’attaque qu’aux faibles. Pour le reste, les rôles secondaires sont assez peu présents, et l’ensemble manque d’épaisseur. La réalisation est aussi plaisante, avec quelques essais payants et des idées intéressantes, à l’image de ce champignon qui se répand dans l’obscurité, marquant l’arrivée du monstre. On pourra aussi se satisfaire d’une femme badass qui décide de buter le monstre à coups de fusil à pompe au sein d’une séquence ubuesque.
Au final, Le Croque-Mitaine est un film d’horreur plutôt moyen. Il n’est pas accablant et ne rentre pas dans la catégorie des purges que l’on a pu avoir cette année, mais il reste trop timide pour réellement s’imposer. Certes, il a du fond et travaille plutôt bien ses personnages, mais il lui manque cruellement un aspect foufou pour pleinement d’imposer. Car même si le ton est grave, et que le film s’interdit la moindre touche d’humour, on reste tout de même sur quelque chose de trop gentil, et qui ne va peut-être pas au bout de son postulat de départ, notamment avec un monstre au design intéressant, mais qui semble trop timoré.
Note : 12/20
Par AqME