De : Scott Beck et Bryan Woods
Avec Katie Stevens, Will Brittain, Lauryn Alisa McClain, Andrew Caldwell
Année : 2019
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Le soir d’Halloween, six amis tombent par hasard sur une maison hantée « radicale » qui promet de nourrir leurs peurs les plus inavouées. Au fur et à mesure qu’ils se rendent comptent que leurs cauchemars sont bel et bien réels, la mort s’invite à la fête.
Avis :
Le début de carrière du duo Scott Beck et Bryan Woods est assez étrange. Si on gratte un peu, on va voir que ce sont les responsables du très mauvais Nightlight, un found-footage absolument dégueulasse qui n’arrive jamais à susciter la peur. Pour autant, trois ans plus tard, on va les retrouver à l’écriture de l’un des meilleurs films d’horreur de 2018, Sans un Bruit. Si c’est John Krasinski qui va récolter tous les lauriers avec les casquettes d’acteur et réalisateur, il ne faut pas oublier qu’à la base de tout film, il y a un scénario. Après une si bonne nouvelle, le duo s’engage alors dans un nouveau film d’horreur, Haunt, qui sera produit par un certain Eli Roth (Hostel, The Green Inferno). Promettant des clowns tueurs dans une maison hantée, on pouvait craindre un énième nanar horrifique sur Prime Video. Et pourtant, la petite surprise est là.
Le film débute tout de même de manière hasardeuse. On va y suivre une bande de copines qui fête Halloween avec deux autres garçons. L’une d’entre elles est un peu en déprime, car elle sort avec un mec qui la frappe et elle a du mal à rompre. Pour autant, ce soir, elle décide de lui envoyer un message de rupture. La bande de copains s’ennuyant dans leur soirée, ils décident de faire une virée nocturne et le hasard les amène dans une attraction de maison hantée, tenue par des clowns mutiques. Mais rapidement, une fois à l’intérieur, ce qui paraissait ringard va vite devenir un vrai film d’horreur pour le groupe. Pitch simplissime où l’on retrouve tous les codes d’un slasher bas de gamme des années 2000, Haunt va pourtant tirer son épingle du jeu grâce à une gestion agréable des personnages, mais surtout avec des antagonistes inattendus.
En fait, ce qui surprend au départ, malgré la bêtise du scénario, c’est que les personnages ne sont pas si crétins que cela. Au départ, on va croire à un déluge de clichés avec la bimbo, la jeune victime qui deviendra héroïne, le beau gosse gentil, le lourdaud, celle qui connait tout et la discrète. Mais le petit groupe va rapidement devenir intéressant dans sa gestion de la panique. Si le parcours dans la maison force tout le monde à faire deux groupes, ils restent groupés, et surtout, ils s’entraident, sans sombrer dans une hystérie insupportable. Du coup, on va se surprendre à ressentir un peu d’empathie pour eux. Car même si les clichés sont bien présents, ils sont adoucis avec des relations crédibles et sincères. Tout ce petit groupe s’apprécie et chacun va faire en sorte de sauver l’autre. Un fait rare de nos jours dans les productions horrifiques.
L’autre point intéressant revient à la réalisation. On est loin d’un found-footage, et même si on est loin d’un chef-d’œuvre, les deux réalisateurs essayent des choses et offrent des décors variés qui font de nombreuses références. Le travail des couleurs permet cela, avec du gris/blanc pour des allures fantomatiques, ou du rouge/bleu pour marquer des zones de danger, avec notamment une référence à Massacre à la Tronçonneuse. Le duo utilise bien les lignes de fuite pour créer un malaise, surtout avec la scène des mannequins, et il y a une certaine lisibilité dans les séquences d’action. Sans que ce soit très recherché, on reste tout de même sur un film bien fichu, simple, qui sait ce qu’il est et ne cherche pas à faire plus complexe.
Enfin, le plus intéressant dans tout ça, outre le jeu de massacre qui reste tout de même bien sage, c’est l’identité des méchants. Portant des masques de clowns, jouant ainsi sur la coulrophobie, le film va décider, vers la fin de montrer les vrais visages des tueurs. Et on sera grandement surpris par des faciès étranges, difformes, qui sont à la lisière de l’humanité. Ne nous disant rien sur les origines de ces psychopathes (si ce n’est qu’à un moment, on balbutie qu’il s’agit de tatoueurs), on ne peut que spéculer et tenter de trouver des éléments de réponse. Extraterrestres, monstres antiques, psychopathes sadiques, tout est possible, et en soi, ce n’est pas plus mal. En gardant le mystère autour de ces tueurs, on se retrouve face à une menace inconnue qui renforce l’aspect glauque de la chose. Et la découverte des visages sous les masques devient alors un jeu.
Cependant, tout n’est pas rose non plus dans ce film. Le scénario est clairement crétin. Les jeunes tombent comme par hasard sur cette maison, et on a parfois de grosses facilités qui ne sont jamais expliquées. Si le film a conscience de sa bêtise, il utilise parfois un peu trop cette excuse pour pallier à de gros manques d’écriture. On pense à ce jeune type qui aide volontairement les tueurs, mais dont les explications restent caduques. Le final est aussi too much, avec une pointe d’humour qui ne marche jamais. En fait, on navigue en plein délire à la Eli Roth, avec un film d’horreur grand-guignol, complétement con, avec un humour régressif à souhait qui ne fonctionne pas souvent. Pour autant, cela n’entache pas le plaisir ressenti face à ce film court, concis et qui parfois s’amuse avec des moments gores gratuits et débiles.
Au final, Haunt est un film d’horreur qui s’avère plutôt rythmé et plaisant. Sans être un chef-d’œuvre du genre, loin de là, le métrage arrive pourtant à trouver un bon dosage entre aventure ringarde et personnages intéressants, moments gores gratuits et antagonistes étranges et fascinants. De ce fait, on passe un bon moment régressif face à un film à l’ancienne qui a conscience de son état et ne flirte jamais à complexifier son intrigue. Bref, un divertissement amusant et sans prise de tête qui fait la nique à bien des productions actuelles sortant au cinéma…
Note : 13/20
Par AqME
Une réflexion sur « Haunt »