décembre 11, 2024

Winnie the Pooh – Blood and Honey II – Miel de Caca

De : Rhys Frake-Waterfiled

Avec Scott Chambers, Tallulah Evans, Ryan Oliva, Lewis Santer

Année : 2024

Pays : Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Suite des aventures horrifiques de Winnie l’ourson.

Avis :

Il semblerait que faire le buzz dans le septième art soit devenu une sorte de norme pour tenter de vendre son film. Si ce n’est pas autour d’une bande-annonce accrocheuse ou d’un casting problématique, ou encore d’une communication assez maline, on a parfois des types, sortis de nulle part, qui se décident à balancer une idée saugrenue et suscitent alors un intérêt tout relatif. C’est comme cela que Rhys Frake-Waterfield s’est fait connaître, en détruisant un classique de l’enfance pour en faire un film d’horreur navrant du début à la fin. Sorti en 2022, Winnie the Pooh – Blood and Honey a fait beaucoup parler de lui notamment pour son côté sulfureux en reprenant Winnie l’ourson en version gore, mais aussi de par sa piètre qualité. Pour autant, le film a fonctionné, attirant de nombreux curieux, avides de reconnaître le désastre. Et bien mal nous en aura pris.

Deux ans plus tard, le même réalisateur, fier de son œuvre complètement pétée, remet le couvert et se lance même dans un univers étendu. Car si Winnie the Pooh – Blood and Honey II revient à la charge avec ses animaux déviants de la forêt des rêves bleus, il a été annoncé la création d’un « Poohniverse » avec d’autres dessins-animés remaniés à la sauce horreur, dont Pinocchio, pour ne citer que lui. De quoi remplir son côté reptilien avec des films de mauvais goût qui, en prime, ne raconte absolument rien. Car c’est bien le cas avec cette suite, qui suit les pas de son aîné, c’est-à-dire fournir du gore, des massacres de jeunes gens souvent peu habillés, des effets spéciaux dégueulasses et une histoire qui ne tient absolument pas debout, où ici il va être question de manipulations génétiques.

« C’est d’une bêtise sans nom »

Comme pour le premier long-métrage, c’est en animation que l’on nous explique le point de départ. Après le massacre du premier film, Jean-Christophe est reparti vivre dans sa ville, mais il est tenu pour responsable de tous les morts, certaines personnes le prenant pour un fou. De son côté, Winnie est activement recherché par des chasseurs, croyant en la version de Jean-Christophe, et se sentant acculé, poussé par maître Hibou (qui ressemble plutôt à un corbeau), il va assouvir sa vengeance en tuant tous les humains sur son passage. En gros, on a deux parias qui vont s’affronter dans un dernier tiers qui se veut sanglant. Après cette entrée en matière qui dicte rapidement les enjeux du film, on va se retrouver face à quelque chose d’inconsistant et de complètement débile, où des séances de psy s’alternent avec des massacres gores où le latex est de sorti.

Et c’est bien là tout le problème de ce film, qui n’arrivera jamais à rendre son personnage principal attachant, le cantonnant à un rôle de victime qui va perdre tous ses proches petit à petit. Il va tout de même mener une enquête pour connaître les origines de Winnie et ses acolytes, et on va nous servir une mauvaise soupe à base de manipulations génétiques entre des orphelins et des gênes d’animaux, suivi d’une mutation qui laisse parler l’instinct bestial. C’est d’une bêtise sans nom, et ça n’a aucun impact sur l’essence même du film. On se demande même pourquoi on nous raconte cela, car ça n’amène pas de fond, ni même d’intrigue supplémentaire, au sein d’un film qui respire la crétinerie dès son projet. Alors oui, on sait sur quoi on met les yeux, mais l’indigence et le cynisme font froid dans le dos tant tout est mauvais.

« on se pose la question de l’utilité de faire une telle débauche d’effets gores »

Et on ne ressentira même aucun plaisir coupable face à la débauche de sale que l’on nous propose, et cela pour deux causes. En premier lieu, c’est très mal fait. Oui, c’est voulu, mais à ce moment-là, il ne fallait pas faire des progrès entre les deux longs-métrages. Les masques sont mieux faits, l’animation des visages tient mieux la route, mais on reste sur du sang en CGI et des effets spéciaux numériques ultra douteux. Mention spéciale à la jeune fille qui se fait décapiter en boîte de nuit avec le piège à ours. Si le film réussit dans les effets plus archaïques, à base de latex et de faux sang, on reste tout de même dans une débauche d’énergie pas forcément jouasse, et qui ne nous fait rien ressentir, pas même du dégoût ou un quelconque rire, même jaune.

Et puis on se pose aussi la question de l’utilité de faire une telle débauche d’effets gores pour une aussi petite conséquence. Le film n’est pas très drôle, et se prend beaucoup trop au sérieux. L’apparition de Tigrou, qui demeure en soi une petite fausse surprise, aurait pu être marrante, mais le film n’arrive même pas à se concevoir comme une comédie horrifique. La tonalité est très sérieuse, les meurtres ont de l’impact sur le personnage principal (pas sur nous, parce qu’on s’en branle) et malgré l’incongruité du truc, le réalisateur s’efforce à filmer des massacres où des acteurs déguisés s’amusent, à défaut du spectateur, qui assiste à un spectacle affligeant de bêtise. Et puis la fin est d’un ridicule aberrant, expédiée en cinq secondes, avec en prime un effet spécial aussi creux que le propos même du long-métrage. Ceci étant, c’est plutôt raccord.

Au final, Winnie the Pooh – Blood and Honey II est une purge aussi néfaste que le premier. Se voulant comme un divertissement crétin et gore, le film n’arrive même pas à se faire amusant tant rien ne va, du rythme lancinant aux effets tape-à-l’œil, des acteurs très mauvais aux explications caduques pour tenter de donner une origine aux êtres mi-humains mi-bêtes. Bref, il s’agit-là d’un film très cynique sur le cinéma d’horreur, exploitant au maximum notre curiosité morbide, soufflant sur les braises d’un cinéma de genre que l’on ne voudrait plus voir dans cet état…

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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