avril 27, 2024

Winnie the Pooh – Blood and Honey – Le Fiel et les Abeilles

De : Rhys Frake-Waterfield

Avec Nikolai Leon, Craig David Dowsett, Maria Taylor, May Kelly

Année : 2023

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Winnie l’Ourson et Porcinet ont bien grandi, ils sont devenus des créatures profondément sauvages depuis que Jean-Christophe les a abandonnés pour aller à l’université. Ils ont développé une haine pour les humains et assassinent quiconque s’aventure dans la Forêt des Rêves Bleus.

Avis :

D’après la législation, il existe un moment où une œuvre va tomber dans le domaine public. C’est-à-dire que le personnage, le film ou même le tableau, devient libre de droits et d’utilisation par n’importe quel quidam, sans payer des droits d’auteur. Ainsi donc, quelques petits malins utilisent des œuvres qui sont dans le domaine public pour les réécrire, où les retranscrire dans d’autres genres. C’est le cas de Rhys Frake-Watefield qui a entendu que le personnage de Winnie l’ourson était alors libre de droit (70 ans après le décès de son créateur) et qui a décidé d’en faire un film d’horreur, afin de surfer sur un buzz dont on se serait bien passé. Tourné en quelques jours, monté en à peine plus, Winnie the Pooh – Blood and Honey se voulait être un nanar rigolo et gore pour faire la nique à Disney. Mais c’est nous qui l’avons bien profond.

Déjà, au niveau du scénario, on se fout clairement de la gueule du monde. Le début est en animation, et on nous explique le contexte. En gros, Jean-Christophe a quitté ses amis de la forêt des rêves bleus pour partir à l’université, et ces débiles ne savaient plus comment se nourrir. Dès lors, ils décident de bouffer Bourriquet, et se promettent de tuer n’importe quel humain qui pénètrerait dans leur zone. Le pitch de base est ridicule, mais en même temps, difficile de faire quelque chose d’autre quand on part sur les bases de Winnie et que l’on veuille en faire un film d’horreur. Surtout quand le budget est microscopique. Bien évidemment, Jean-Christophe revient pour montrer le lieu à sa future femme, mais les choses vont mal se passer, puisque cette dernière va se faire buter, et Jean-Christophe est fait prisonnier.

« Survival à la sauce Slasher, Winnie the Pooh de doit son intérêt que dans le bad buzz qu’il a suscité. »

Après cette longue introduction aussi pénible que ridicule, le film enclenche sa seconde partie, où un groupe de copines louent une maison proche de la forêt afin de soutenir l’une d’elles, victime d’un pervers sexuel. Mais allez savoir pourquoi, Winnie et Porcinet décident d’aller dans cette maison pour buter tout le monde. Survival à la sauce Slasher, Winnie the Pooh de doit son intérêt que dans le bad buzz qu’il a suscité. Il faut dire que le film n’est pas mauvais, il est insupportable. Le scénario multiplie les incohérences et n’est finalement qu’une succession de saynètes où les deux gros balourds dézinguent de la donzelle avec une multitudes d’armes. On aura droit à du marteau, de la voiture, de la machette, quelques baffes et même un essaim d’abeilles. On pourrait y voir de l’originalité, mais le fond est inexistant et tout cela n’a pas d’impact.

Très clairement, on se demande ce que veut raconter le film. C’est bien gentil de nous présenter des filles qui viennent soutenir leur copine, mais même cette dernière est sous-exploitée, et fait pâle figure comme Final Girl. Pire que ça, on ne saura pas les noms des gonzesses, car elles vont toutes se faire désoudre les unes après les autres sans avoir une once de background. On a les deux lesbiennes à la relation complexe, la victime qui a besoin d’être soutenue, et deux autres dont on ne saura rien. Difficile alors de ressentir de l’empathie pour ces nanas qui accumulent les mauvais choix et font preuve d’un instinct de survie proche de zéro. Et on ne parlera même pas des quatre types qui surviennent à la fin, histoire de rajouter de la chair à canon pour notre pauvre nounours traumatisé.

« Rien ne va et on se fout de notre gueule. »

Alors oui, on aurait pu sauver quelques effets gores, mais là encore, le film se sabote tout seul. On va voir une nénette se faire écraser la tête en gros plan, on aura droit à quelques démembrements, et globalement, l’ambiance se veut poisseuse, mais le tout est pourri par des CGI numériques dégueulasses. Les giclures de sang sont immondes, et on n’y croit pas une seule seconde. Toute comme la violence des meurtres qui sont mal filmés, la faute à une mise en scène timorée qui se veut vulgaire, mais qui a toutes les peines du monde à se faire percutante. Ce n’est pas voir un pauvre ours jaune se badigeonner de miel sur le museau qui va nous dégoûter. Même les séquences de torture qui se veulent craspec sont expédiées manu militari et manquent d’impact. Bref, rien ne va et on se fout de notre gueule.

On se fout de nous car même si le film ne doit pas bénéficier d’un budget élevé, il ne prend pas la peine de nous respecter. Prenons un exemple concret, les masques des tueurs. Sur certaines scènes, on voit la démarcation des masques, à un tel point que l’on se demande si l’on n’est pas dans un simple slasher avec des types déguisés qui se vont passer pour Winnie et Porcinet. Mais non, les monstres sont à 100% des monstres, mais il est difficile de le croire. Tout comme les gants en latex pour faire les mains de Winnie. Tout cela sent l’amateurisme, mais un amateurisme opportuniste, qui a très bien compris comment fonctionne internet aujourd’hui, et qui a tout misé sur son buzz médiatique. La seule chose de réussie pour le coup, puisque le film a eu du succès malgré des notes catastrophiques, et une suite est en préparation.

Au final, Winnie the Pooh – Blood and Honey est un très mauvais film, qui ne doit son existence qu’à un buzz savamment organisé autour de l’œuvre originale qui est tombée dans le domaine public. Moche, faussement sale gosse et gore, sans aucune cohérence au niveau du scénario, on peut dire que Rhys Frake-Waterfield commence sa carrière sur les chapeaux de roues, et ne semble pas prêt de s’arrêter, avec la suite comme projet, ainsi qu’un film autour d’une tornade de feu nommé Firenado… Faut poser la paille et la poudre blanche monsieur.

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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