décembre 12, 2024

Le Tour du Monde en 80 Jours – Jules Verne se Retourne-t-il dans sa Tombe?

Titre Original : Around the World in 80 Days

De : Frank Coraci

Avec Jackie Chan, Steve Coogan, Cécile de France, Jim Broadbent

Année : 2004

Pays : Etats-Unis, Angleterre, Irlande, Allemagne

Genre : Aventure

Résumé :

A Londres, dans les années 1880, Phileas Fogg, un brillant inventeur avide d’être enfin pris au sérieux, lance à Lord Kelvin, le président de la Royal Academy of Science, un challenge : il parle de faire le tour du monde en 80 jours. Kelvin impose ses conditions : en cas de succès, Phileas Fogg lui succédera à la tête de l’Académie ; en cas d’échec, il sera impitoyablement radié…

Avis :

S’il y a bien une chose qui nous fait peur, à nous, français, c’est lorsque les américains adaptent des classiques de la littérature française. Et ici, pas des moindres, puisqu’il s’agit de Jules Verne, l’un des plus grands écrivains du XIXème siècle, dont certaines de ses œuvres ont déjà fait, plus ou moins, le bonheur des cinéphiles. En fait, le problème ne vient pas tellement des américains, car 20.000 Lieues sous les Mers avec Kirk Douglas était un ravissement, tout comme le fut Le Voyage au Centre de la Terre de Henry Levin en 1959. Le problème vient de la culture « moderne » américaine, qui formalise tout et s’accapare de sujets qu’elle ne maîtrise pas, comme par exemple, faire un film pour les enfants en adaptant pour la seconde fois Le Tour du Monde en 80 Jours, en mettant en avant Jackie Chan et Steve Coogan.

L’affiche ne fait pas rêver, et le réalisateur derrière le projet, non plus. En effet, Frank Coraci n’est pas le plus connu des cinéastes, et pour cause, il se fait connaître à la fin des années 90 avec The Waterboy, une comédie portée par Adam Sandler et Kathy Bates, et avec Demain on se Marie, une autre comédie avec Adam Sandler. Et en règle générale, quand tu t’acoquines avec Adam Sandler, tu ne peux pas dire que ta carrière va vraiment décoller. Pourtant, il va réussir à se mettre derrière la caméra pour Le Tour du Monde en 80 Jours, avec un étonnant casting international, où les guests seront de sortie, avec Arnold Schwarzenegger, Michaël Youn, Owen et Luke Wilson ou encore Macy Gray et j’en passe. Néanmoins, malgré ce film, sa carrière va prendre un mauvais tournant par la suite, continuant ses élucubrations avec Adam Sandler.

« Pas de doute, le public visé est enfantin »

Mais revenons à nos moutons, et à ce film qui se veut un divertissement familial et qui part pourtant sur de très mauvaises bases. Il faut dire que nous sommes en 2004, Jackie Chan commence à devenir un acteur plus drôle qu’autre chose, et on sent bien que son nom est mis en avant pour attirer un public plutôt jeune. Et le démarrage est loin d’être canon. On y voit Jackie Chan dérober quelque chose dans la banque londonienne, et pour s’en sortir, il va accepter d’être le majordome de Phileas Fogg, un scientifique conspué par ses pairs. On y retrouve un humour badin, assez graphique, et qui est tout le temps dans l’exagération. Pas de doute, le public visé est enfantin, et ce n’est pas ça qui va nous croire à la bonne trajectoire du long-métrage.

Pourtant, assez vite, à partir du moment où le défi est lancé et que l’on identifie les méchants, le voyage va être plaisant. Ce qui fait la richesse du film, c’est son rythme effréné qui n’arrête pas pendant près de deux heures. C’est bien simple, on voyage, il y a des combats, des cascades, de jolis paysages, une romance qui se met en place, des invités de marque qui semblent prendre beaucoup de plaisir, et tout cela concorde à rendre l’ensemble agréable. Alors oui, par moments, on retrouve un humour grotesque et pas forcément drôle pour faire rire les plus petits, comme ce pauvre gendarme qui doit mettre des bâtons dans les roues et qui va en prendre plein la tronche, ou encore dans le zizi, comme il le dit lui-même. Ce n’est pas très fin, mais heureusement, ce n’est pas le sel même du film.

« on retrouve des thèmes intéressants et pas si infantiles que ça. »

Outre l’aventure qui est plaisante, et les scènes de combat qui sont sympathiques (et coordonnées par Jackie Chan lui-même), on retrouve des thèmes intéressants et pas si infantiles que ça. Ici, il est bien évidemment question de tous ces vieux scientifiques qui pensent tout savoir, mais qui ont peut en réalité du progrès, et sont complètement bouffés par le pouvoir et l’argent. Jim Broadbent excelle dans ce rôle excessif, mais pourtant pas si loin de la réalité quand on regarde un petit peu du côté de nos politiques. Là-dessus, le film s’amuse aussi avec certains clichés du genre, comme la partie dans Paris, avec les artistes peintres arrogants, ou encore en Turquie avec ce riche prince qui ne supporte pas la frustration et veut une femme pour tous les jours de la semaine. C’est assez grisant de voir des clichés pleinement détournés mais rarement moqueur d’une civilisation.

Et puis il y a aussi des personnages très empathiques, à commencer par Phileas Fogg, qui se fait un peu dépoussiérer, devenant au fil du temps plus ouvert et moins strict. Steve Coogan n’en fait pas des caisses, et il campe un bon personnage qui évolue dans le bon sens. Bien évidemment, difficile de résister au charisme de Jackie Chan dans le rôle de Passepartout, devenant alors un ami fidèle et précieux. Cécile de France est aussi de la partie dans le rôle de Monique, une jeune française un peu envahissante, mais toujours de bonne humeur et qui donne un bon allant à l’aventure. Et tous les personnages secondaires ont aussi leur petit intérêt, soit pour faire un petit caméo rigolo, soit pour carrément faire avancer l’aventure en ajoutant des thématiques ponctuelles, mais toujours faites avec bon sens.

Au final, Le Tour du Monde en 80 Jours se révèle être une assez bonne surprise, loin du film un peu attardé pour gamin. Si le début est assez inquiétant, très rapidement, le film entre dans un rythme effréné où le voyage, l’action et les surprises seront de la partie, dans un tempo ultra rapide. Il en résulte donc un divertissement fort joyeux, très agréable, malgré une technique un peu à la ramasse aujourd’hui, mais qui ferait presque honneur à Jules Verne. Non, là, on exagère un peu.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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