De : Quentin Dupieux
Avec Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon, Raphaël Quenard
Année : 2024
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
Avis :
Dans le paysage du cinéma français, il y a un cinéaste qui s’est fait une très belle place. Prolifique au possible, ayant son style bien à lui, ce cinéaste, c’est Quentin Dupieux. Après des débuts plutôt compliqués, cela doit bien faire dix ans que chaque film de Quentin Dupieux est devenu un événement. Un événement qui va être d’autant plus grand avec ce treizième long pour le réalisateur, car ce « … deuxième acte » se voit faire l’ouverture du prestigieux Festival de Cannes, ni plus, ni moins.
À peine trois mois après son dernier film, « Daaaaaali !« , et plus encore, à peine quatre/cinq mois après son tournage, voici donc que Quentin Dupieux présente son « … deuxième acte« , un film encore une fois conceptuel, qui cette fois-ci se pose le temps d’un tournage qui vire au calvaire. Film sur les acteurs qui se retrouvent presque piégés dans leur métier, réflexion sur le cinéma et l’art, tout comme il pose ses réflexions sur notre société, « Le deuxième acte » se pose comme un amusant moment, où les faux-semblants, les impostures, et plus largement les jeux d’acteurs s’entrechoquent, et nous, on reste accroché sans vraiment savoir où l’on va, et l’on aime beaucoup cela.
« »Le deuxième acte » est un film très étrange. »
Un petit bar restaurant perdu au milieu de nulle part. Florence veut présenter David à son père. Florence aime David par-dessus tout, mais rien ne se passe vraiment comme prévu, surtout que David est loin d’être amoureux. D’ailleurs, à cette occasion, David a fait appel à son meilleur ami, Willy, et il aimerait bien que Willy tombe dans les bras de Florence…
Il est chargé le nouveau Quentin Dupieux. « Le deuxième acte » est un film très étrange. C’est un film qui a tendance à noyer son poisson, et l’ensemble est assez fascinant à suivre. Ici, le réalisateur nous invite à suivre une journée d’un tournage qui est très loin d’être comme les autres. Sous couvert d’une comédie, qu’on imagine bien romantique avec cette Florence qui souhaite faire rencontrer l’homme de sa vie à son père, (mais ça, c’est un leurre, et l’on s’en rend très vite compte) Quentin Dupieux donne le ton, avec des personnages en roue libre, cassant le quatrième mur.
Balançant des tonnes de texte, « Le deuxième acte » est en réalité un film politique, qui va s’amuser à taper sur à peu près tout le monde. La société qui s’aseptise, le fait de ne plus pouvoir rien dire sans heurter les sensibilités, le mouvement Me Too, les LGBT, le public, l’intelligence artificielle, le cinéma, l’hypocrisie dans le milieu du cinéma, puis les acteurs… Bref, personne ne va avoir froid l’hiver prochain, tant tout le monde est rhabillé, et dans un sens, c’est réjouissant. Un sentiment qui est d’autant plus poussé grâce à des dialogues tordants, qui enchaînent les punchlines, les répliques tordues, et avec ça, il va y avoir les égos d’acteurs qui s’entrechoquent. Bref, c’est bien foutu et c’est amusant, même s’il faut bien dire aussi que tout n’est pas non plus parfait.
« Ce « … deuxième acte » a des longueurs. »
Malgré son heure vingt, ce « … deuxième acte » a des longueurs, et des éléments qui se posent comme des mystères, qui poussent le curseur vers l’idée de la prétention, comme par exemple ce plan interminable sur un travelling… Puis, au-delà de ça, comme chacun des films de son auteur, c’est un concept, un univers et un humour dans lesquels il faut rentrer. Pour ma part, ça fonctionne bien, et j’aime beaucoup cette idée de film dans le film, mais lorsque c’est Dupieux qui s’occupe de cette idée, c’est un challenge qu’il faut savoir aimer relever. Puis le film a des moments qui parfois se répètent et ont une tendance à presque s’éterniser. Par exemple, l’idée de départ avec un figurant très stressé, c’est amusant au début, mais très vite aussi, à force d’y revenir, ça en devient répétitif, et surtout très long.
Ce nouveau film de Quentin Dupieux, derrière sa comédie, se révèle être un film plus profond qu’il n’y paraît. Acerbe et critique, « Le deuxième acte » amuse donc autant qu’il pose de bonnes réflexions. Ne ressemblant qu’au cinéma de Quentin Dupieux, tenu par des acteurs géniaux qui ont le sens de l’autodérision, (tout ce qui est fait sur Léa Seydoux qui est mauvaise est très drôle) si ce « … deuxième acte » est loin d’être parfait, et s’il ne se pose pas comme le meilleur film de son réalisateur, dans ce qu’il raconte et ce qu’il pointe du doigt, il se pose comme l’un de ses plus intéressants. Après, ça reste du cinéma de Quentin Dupieux, c’est-à-dire qu’il faut entrer dans son concept, son idée et son délire.
Note : 14/20
Par Cinéted