mars 29, 2024

Elle Cause Plus… Elle Flingue

De : Michel Audiard

Avec Annie Girardot, Bernard Blier, Jean Carmet, Darry Cowl

Année: 1972

Pays: France

Genre: Comédie

Résumé:

Rosemonde, dite « la Princesse », règne sur un bidonville de la région parisienne. Herbert, un journaliste venu enquêter sur la pollution, se retrouve dans une machine à broyer. Rosemonde revend les os aux autorités ecclésiastiques qui s’en servent comme de saintes reliques. L’inspecteur Adrien Bondu est chargé de l’affaire…

Avis:

Dans le paysage du cinéma français, quand on évoque les années 60, il y a la nouvelle vague bien entendu, et il y a ce que l’on pourrait appeler son antithèse, avec le cinéma de Michel Audiard. Réalisateur français extrêmement populaire, au point d’être culte pour certains, Michel Audiard nous a laissé un sacré héritage, que ce soit de par les films qu’il a réalisés que de par les dialogues et autres scénarios qu’il a écrits pour les plus grands, Henri Verneuil, Gilles Grangier, Julien Duvivier, Georges Lautner, Jacques Deray, Édouard Molinaro, Pierre Granier-Deferre, Jean Becker… Bref, la liste est sans fin.

J’aime le cinéma français. J’ai toujours aimé le cinéma français, c’est un cinéma que je défendrai toujours et pourtant, malgré cet amour, j’ai de sacrées lacunes quand on descend en dessous des années 80. Alors je rattrape ces lacunes, même si en ce qui concerne le cinéma de Michel Audiard, je connais certaines de ses répliques sans même avoir vu les films. Car oui, « Elle cause plus … elle flingue » est le premier film que je vois de Michel Audiard et je dois dire que l’expérience fut de taille, tant le film est un délire dans lequel il faut entrer. Mais si l’expérience est de taille, elle fut aussi décevante et cela va être au cours de ses lignes que je vais mettre en ordre mes idées, mon ressenti, et autres réflexion, afin de savoir si cette déception ressentie au final est un bon moment passé tout de même, ou un moment pénible… C’est dire à quel point le film est déglingué.

Région parisienne, dans un bidonville, Rosemonde est surnommée La Princesse et c’est elle qui règne en maître sur le dit bidonville. Un journaliste qui fut envoyé depuis l’étranger afin d’enquêter et salir l’image de la France est retrouvé mort. L’enquête est confiée à l’inspecteur Adrien Bondu.

« Elle cause plus … elle flingue« , c’est dans un premier temps une expérience et dans un deuxième temps une expérience sacrément bordélique. Franchement, que ce soit du point de vue de l’écriture ou de la mise en scène, le film de Michel Audiard part dans tous les sens et il le fait sans aucune logique. Alors c’est un parti-pris qu’on ressent dès les premières minutes de l’œuvre. D’emblée, ces dernières font tant dans l’absurde et dinguerie qu’elles en deviennent inaccessibles. Il y a quelque chose dans l’ensemble qui s’en dégage qui rejette le grand public, ce qui est très étrange. Il faudra donc s’accrocher pour aller jusqu’au bout, ou du moins plus loin dans cette non-histoire. Ici, le scénario a du mal à convaincre, l’intrigue est très loin d’être claire, à la première vision du film, je suis bien incapable de précisément raconter l’histoire que nous raconte Michel Audiard. Ce ressenti, je l’ai aussi dans sa mise en scène, qui est un bordel sans nom, le film part dans tous les sens, et semble être au final un ensemble de sketchs plus ou moins bons qui s’enchaînent les uns à la suite des autres.

De plus, histoire d’accentuer le ressenti de déception, il faut avouer que le film n’a pas bien vieilli, ce qui n’aide pas vraiment à l’ensemble. On a beau se dire qu’il faut le remettre évidemment dans son époque, dans son contexte, l’ensemble est tellement invraisemblable que l’on a du mal.

Mais voilà, derrière tout ceci, très étrangement, plus j’y repense et plus il y a un charme qui se dégage de ce film. Il y a quelque chose dans ce film que j’ai bien du mal à trouver autre part. Il y a une liberté totale de création. Une liberté qui ose faire tout ce dont elle a envie, quitte à laisser une grande partie du public sur le carreau et ce choix fou est très loin d’être inintéressant. De plus, le film est très largement sauvé par d’un côté ses comédiens qui, si on ne comprend pas vraiment leurs personnages, sont habités par leur rôle et ils assument totalement l’absurde et le ridicule que Michel Audiard a imaginé. Annie Girardot est géniale en sorte de prêtresse de la mafia banlieusarde. Bernard Blier et Jean Carmet n’ont besoin que d’être dans le champ de la caméra pour être passionnants et drôles. Darryl Cowl est totalement en roue libre et c’est terrible, tout comme Michel Galabru. Bref, ce casting est terrible et rehausse largement en fin de compte ce sentiment d’être largué.

Puis de l’autre côté, il y a cette mise en scène folle. Si le film est bien un bordel sans nom dans sa mise en scène, il est aussi terriblement créatif, et au milieu de scènes qui n’ont pas de sens, on trouve des fulgurances magistrales. Des scènes en totale osmose qui dégagent un charme et une liberté qu’on ne peut qu’aimer.

Puis, enfin, et c’est peut-être ça qui sauve largement le film, c’est bien entendu les dialogues qui sont bourrés de punchlines tordantes. Michel Audiard fait dire n’importe quoi à ses acteurs et ça fonctionne. Alors là encore ça fonctionne que dans ses sketchs, mais c’est tellement bon que ça nous embarque.

En fin de compte, « Elle cause plus … elle flingue » est clairement un ovni dans lequel il faut oser rentrer. Si la déception est bien présente, car le film n’est pas à la hauteur de ce que j’attendais d’un Michel Audiard, cette même déception n’est au final pas si désagréable que cela quand j’y repense. C’est con, très con, ça n’a pas de sens, ça ne raconte pas grand-chose, même si entre les lignes, une satire de société se dessine, mais c’est fait avec tellement de liberté, tellement de moments qui s’élèvent, tellement de folie aussi bien dans ses idées de mise en scène que ses personnages, que j’ai envie de dire pourquoi ne pas se laisser tenter (en sachant où l’on met les pieds).

Note : 10/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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