avril 26, 2024

Dead Season

De : Adam Deyoe

Avec James C. Burns, Scott Peat, Corsica Wilson, Mark L. Fusco

Année : 2012

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

L’épidémie s’est déclarée il y a un an. Notre société s’est effondrée, et le monde a sombré dans le chaos. Elvis et Tweeter, les deux dernières personnes encore en vie, partent des États-Unis pour une île lointaine des Caraïbes. Sur place, ils découvrent une nouvelle communauté, qui lutte pour sa survie face à une armée de cadavres…

Avis :

C’est en 2011 qu’un jeu vidéo nommé Dead Island va surprendre tout le monde. Prenant place dans un lieu paradisiaque, le joueur incarnait l’un des quatre personnages jouables et devait se sortir de cette île en réalisant plusieurs missions et en échappant à des hordes de morts-vivants. Le jeu est un franc succès, à un tel point que Lionsgate va en acquérir les droits dans la même année. Aujourd’hui, nous n’avons plus aucune nouvelle du potentiel film, mais certains petits malins se sont engouffrés dans la brèche pour proposer leur propre vision de l’invasion zombie sur une île. Adam Deyoe, en 2012, se lance alors dans Dead Season, où un couple s’échappe des Etats-Unis pour rejoindre un bout de paradis… qui va devenir leur enfer. Sans le sou, filmé à l’arrache, mais avec une volonté d’aborder le futur de l’humanité de façon décadente, Dead Season est un cadavre fumant.

Food Junkie

Comme pour tout film parlant de zombies, Dead Season ne prend pas le mort-vivant comme principal problème pour les vivants. Ici, il sera une première excuse pour rapprocher deux personnages, qui vont prendre la décision de partir en bateau dans l’espoir de trouver une île tranquille. Sauf qu’une fois sur cette île, ils vont découvrir une communauté bien rôdée, qui se délecte de chair humaine, notamment de ceux qui ne servent à rien dans la communauté. Et de là va découler deux points de vue, celui de l’homme qui s’acquitte de sa tâche, à savoir utiliser ses ressources de médecin pour dépecer des êtres humains, et pour qui c’est une bonne solution, et la femme, qui se sent en danger et qui veut partir ailleurs. Ajoutons à cela la fille du chef de la bande qui est séquestrée et veut s’enfuir, et on obtient un mélange assez indigeste.

Le principal souci du film, c’est qu’il reste sur des bases déjà connues et déjà vues. Les zombies ne sont qu’une toile de fond qui servent à montrer que l’homme est un loup pour l’homme et que finalement, il est bien pire que l’amateur de chair fraîche. Tous les poncifs sont utilisés dans le scénario. On n’aura aucune surprise de ce côté-là, avec une communauté de types patibulaires, qui font semblant d’être sympathiques, mais qui peuvent très vite devenir violent, notamment envers les femmes. Bref, Dead Season se pare d’une histoire que l’on connait par cœur et ne déroge jamais à la règle, ne sortant que rarement son nez de sa zone de confort. Si c’est une chose que l’on peut pardonner à cause du petit budget, il manque tout de même au métrage un sujet de fond pour combler tous les vides scénaristiques.

Cannibales au low cost

Le début du film est assez prometteur et laisse présager une fuite en avant qui démontrerait que le mal est partout. Fuir n’est pas la solution. On aura droit à un gamin qui se fera bouffer, une grosse course-poursuite pour rejoindre un bateau de fortune et une exploration qui va vite partir en eau de boudin. Le film tente des choses, c’est indéniable et essaye de nous toucher avec des morts imprévues. Mais très rapidement, on va voir que tout tourne en rond et à vide. Le coup du cannibalisme se voit à des kilomètres et on devine rapidement les tenants et les aboutissants d’un tel film. Les notions de survie sont à peine esquissées et la confrontation d’idées entre l’homme et la femme ne vont pas au bout de leur analyse. Le film préfère se vautrer dans un gore low cost pour tenter d’en mettre plein la vue.

Cependant, Dead Season n’est pas un grand film, et surtout, il n’a pas les moyens de ses ambitions. Cela se voit sur sa mise en scène, son éclairage, son écriture et les acteurs choisis, qui sont tous des inconnus. Très rapidement, le film fait le choix d’une focale très proche des corps, et notamment des visages des personnages. Cela n’a pour seul effet d’éviter de filmer les décors, qui doivent être très loin d’être paradisiaques. On sent que les décors naturels sont pauvres et ne rendent pas justice à la volonté du réalisateur. De plus, on voit les défauts techniques lors des attaques zombies. Les maquillages sont ridicules, les quelques effets spéciaux sont scandaleux et surtout, on aura droit à un montage hyper cut pour faire un petit cache misère lors des confrontations.

Qui sont ces gens ?

Pour bien rentrer dans un film d’horreur, il faut se mettre à la place des personnages. Et pour se mettre correctement à la place des personnages, il faut ressentir de l’empathie pour eux. Ce ne sera pas le cas ici. Les deux héros ne sont pas antipathiques, mais ils sont anecdotiques. Elvis, le héros, se la raconte un peu trop et n’a pas vraiment de background. Il fait ce qu’on lui demande, puis change d’avis pour celle dont il va tomber amoureux. Tweeter, la jeune femme, est tout aussi inintéressante. Mutique, fermée, elle ne sert à rien, si ce n’est de montrer la cruauté des hommes qui bavent devant elle. Pour le reste, on sera dans le cliché. Le chef de bande imposant et cruel, qui séquestre sa fille pour la protéger. Fille en question qui n’est rien d’autre qu’une motivation pour fuir cette île. Quant aux autres…

Au final, Dead Season est un mauvais film, même s’il garde en son sein quelques bons éléments. Le final, gore à souhait, fait un peu office de conclusion de sale gosse. Et dans sa mise en scène, malgré de gros défauts, il reste dans le haut du panier des films d’horreur indépendants de l’époque (on est large au-dessus de Gangsters, Guns and Zombies par exemple). Mais cela ne suffit pas à sauver le film du naufrage et d’un ennui poli, démontrant trop de faiblesses pour pleinement nous satisfaire. Un Z sans âme, qui surfe sur un succès vidéoludique, en vain…

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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