De : Ned Benson
Avec Lucy Boynton, David Corenswet, Retta, Justin H. Min
Année : 2024
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame, Romance
Résumé :
Harriet réalise que certaines chansons peuvent littéralement la ramener dans le passé ! Alors qu’elle revit d’agréables souvenirs romantiques en compagnie de son ex petit ami, son voyage dans le temps se retrouve bientôt concurrencé par un amour qui ne demande qu’à naître dans le présent. À travers cette connexion hypnotique entre musique et mémoire, elle se demande – quand bien même c’est impossible – si elle changerait ce passé…
Avis :
Tout comme les films, la musique peut être une véritable machine à remonter le temps. Certaines chansons nous évoquent des instants passés, des souvenirs joyeux ou douloureux, et des gens ainsi que des rencontres, des moments. C’est sur ce principe que Ned Benson a écrit The Greatest Hits, l’histoire d’une jeune femme qui a perdu son amant dans un accident de voiture, et qui utilise certains morceaux de leur relation pour essayer de lui sauver la vie. Drame romantique avec un petit surplus de fantastique, The Greatest Hits ne va pourtant pas tenir toutes ses promesses, la faute à un scénario cousu de fils blancs, des personnages pas forcément empathiques, et surtout, une histoire qui suit des rails prédéfinis, n’en sort jamais et détient alors un rythme assez lénifiant. Pas de quoi sauter au plafond donc, pour autant, le film de Ned Benson n’est pas si désagréable que ça.
Le film débute de suite avec une jeune femme, Harriet, qui semble malheureuse, et remonte dans le temps en écoutant un vinyle sur un vieux canapé. On y découvre alors son histoire d’amour avec Max, et l’accident qui va lui coûter la vie. Le film démarre alors de manière assez abrupte, apposant le côté fantastique à un drame tragique autour d’une femme qui n’arrive pas à faire son deuil. Une jeune femme qui porte constamment un casque sur les oreilles avec une playlist hasardeuse, afin de ne pas tomber sur un morceau qui lui rappelle des moments passés, sous peine de tomber dans les pommes en remontant le temps. Le postulat de base est intriguant, mais on va rapidement comprendre les tenants et les aboutissants du film lorsque débarque un autre garçon dans la vie d’Harriet, et que les deux tombent plus ou moins amoureux.
« on va rester de marbre face à cette histoire. »
Cela va réellement apporter un problème de conscience à Harriet, qui veut garder son secret, tout en se dévoilant à ce nouvel homme qui semble formidable. Tout le film va alors tenir sur ce lien ténu, et sur le fait qu’elle hésite à lui dire son pouvoir sans passer pour une folle. Encore une fois, le film glisse tout seul, et ne réserve aucune surprise, tous les éléments se devinant longtemps à l’avance. On y retrouve tout le travail autour du deuil (celui de son amant pour Harriet, et celui de ses parents pour David) et deux êtres blessés tentent de se retrouver afin de passer un nouveau départ. Sauf que le personnage principal est bloqué dans son passé, et elle a beau faire des efforts, chaque musique de son histoire la ramène dans le passé, ce qui nous permet à nous, spectateurs, de construire le puzzle de sa vie.
Un puzzle qui n’est pas bien compliqué, qui ne contient pas beaucoup de pièces, sinon celui d’un amour fort, d’un coup de foudre qui vire au drame. Mais le plus surprenant là-dedans, c’est que tout le long-métrage tourne autour des sentiments amoureux et de la difficulté de dire au revoir à l’être aimé, donc tout tourne autour d’émotions fortes, et on va rester de marbre face à cette histoire. Le film manque cruellement de moments charnières importants. On n’aura jamais les larmes aux yeux, on ne sera jamais touché par cette jeune femme qui n’arrive pas à se reconstruire. Le problème vient d’un scénario trop simpliste, mais aussi et surtout d’une promesse non tenue autour des morceaux de musique. Il faut croire que le scénariste (et aussi réalisateur) a de très mauvais goûts musicaux, n’arrivant jamais à bien choisir le morceau qui correspond à la scène recherchée.
« un rythme qui est tout bonnement catastrophique. »
Ce sera d’ailleurs l’un des très gros points faibles techniques, cette musique qui est omniprésente, mais qui n’est jamais exploitée pleinement. La seule scène vraiment intéressante, et montrant que David, le nouveau prétendant, est un vrai gentil, c’est justement lorsque tout le monde fait la fête, mais aussi un casque sur les oreilles, dansant alors sur du silence. Un comble pour un film qui veut parler de la force de la musique dans nos souvenirs. Et il faut aussi signaler que le film possède un rythme qui est tout bonnement catastrophique. Déjà qu’il ne se passe pas grand-chose, mais en plus, on reste dans l’attente d’une jolie scène, d’une tension amoureuse, d’un moment un peu plus aérien pour faire décoller le film, mais rien ne viendra, restant dans l’air du temps (et dans la musique qu’il utilise), avec une certaine fadeur.
Et puis il faut aussi dire que les personnages ne sont pas forcément intéressants, car ils ne sont jamais approfondis. On devine que Harriet avait potentiellement un avenir dans la musique, mais cela n’apparait qu’à la toute fin. Max était aussi un musicien bohème, mais il n’est jamais exploité, sinon dans le genre beau gosse irrésistible. Quant à David, si l’on excepte ses problèmes de deuil, il reste un personnage lambda, plutôt gentil, mais qui n’a aucune ampleur. Et les personnages secondaires sont inexistants, du meilleur pote DJ à la thérapeute, qui pourraient ne pas être là. Heureusement, finalement, que les acteurs jouent plutôt bien, sauvant le film d’un naufrage total, ou tout du moins d’un ennui poli. Lucy Boynton s’applique dans le rôle de Harriet. David Corenswet fait le strict minimum et Justin H. Min tente de faire passer des émotions, mais c’est râpé.
Au final, The Greatest Hits est un film décevant qui loupe presque tout ce qu’il entreprend. Si le côté romance avec quelques fulgurances fantastiques est plutôt sympathique, il est sapé par le côté tragique que veut à tout prix prendre le scénario, et par des personnages inconsistants qui vivotent plus qu’ils ne vivent. Ned Benson livre un film moyen, qui se laisse gentiment regarder, mais qui ne transmet aucune émotion, alors que c’est le premier but de ce genre de long-métrage. Bref, un film transparent, qui sera vite oublié…
Note : 11/20
Par AqME