janvier 23, 2025

You Should Have Left – La Maison de l’Ennui

De : David Koepp

Avec Kevin Bacon, Amanda Seyfried, Avery Tiiu Essex, Eli Powers

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Retiré dans une maison isolée du Pays de Galles avec sa femme et sa fille pour écrire la suite de son plus grand succès, un scénariste perd peu à peu la raison.

Avis :

Tout d’abord scénariste à partir de la fin des années 80, David Koepp va petit à petit se diriger derrière la caméra au milieu des années 90, tout d’abord avec un court-métrage, Suspicious, puis avec un premier film, Réactions en Chaine, porté par Kyle MacLachlan et Elisabeth Shue. Le succès est tout relatif, et c’est assez étonnant, surtout quand on sait que David Koepp est le scénariste de grands succès, comme Jurassic Park ou encore Mission : Impossible. Réalisant peu, son premier véritable succès en tant que réalisateur, il le doit à Kevin Bacon avec Hypnose. Thriller horrifique ultra efficace, le film va plus ou moins permettre à David Koepp de rester derrière la caméra. Cependant, l’homme réalise très peu, un tous les quatre/cinq ans, et pour son dernier fait d’armes, il a décidé de rejouer la carte du thriller horrifique avec Kevin Bacon.

Avec You Should Have Left, on se place aux côtés d’un couple dont le mari, scénariste, n’arrive plus à trouver l’inspiration, alors que sa femme, actrice, est très demandé. Afin de renouer des liens et d’essayer d’oublier le passé trouble du scénariste (sa précédente épouse est morte noyée dans sa baignoire), le couple et leur petite fille décide de partir en vacances dans une grande maison perdue dans le Pays de Galle. Sauf que sur place, toute la famille fait des cauchemars, et la maison semble receler bien des secrets. Petit à petit, le couple se délite, les cauchemars semblent devenir réels et c’est la vie de la petite fille qui est en jeu. Bref, on coche toutes les cases du thriller psychologique intime, qui coule doucement, mais sûrement, vers une résolution horrifique. Le problème, c’est que l’on a déjà vu ce genre de films de trop nombreuses fois.

« La première chose qui cloche vraiment dans ce film provient du couple. »

La première chose qui cloche vraiment dans ce film provient du couple. En effet, si on voit bien que le scénario veut mettre en exergue un type plus vieux que sa femme, et qui ressent cet écart et devient très jaloux (surtout quand sa femme doit jouer des scènes de sexe), il n’y aura rien de vraiment attachant entre eux. Ils ne sont pas vraiment complices, on retrouve tous les atours de la jalousie, avec l’homme qui décide de fouiller dans les affaires de sa femme, persuadé qu’elle le trompe. Les choses ne vont pas s’arranger quand il va découvrir qu’elle a deux téléphones portables. Bref, on est dans un cliché du genre, et même si la présence de la petite fille au milieu, qui aime autant son papa que sa maman, peut faire tampon, elle n’est pas un ressort émotionnel. C’est-à-dire qu’elle non plus ne nous touche pas.

De plus, en dehors de cette famille qui devient dysfonctionnelle, il n’y a pas forcément de personnages secondaires, ni même de lore qui gravite autour de la maison. Elle se veut un personnage à part entière, avec des portes étranges, des couloirs qui n’en finissent pas, des sous-sols qui mènent vers d’autres maisons, mais rien ne lui donnera une aura comme l’on peut retrouver chez Amityville par exemple. Et c’est étrange, car David Koepp lorgne vraiment sur le film de Stuart Rosenberg, au point de recopier quelques éléments, comme ces fenêtres éclairées dans le noir, donnant un aspect vivant à la demeure. Mais encore une fois, la famille est tellement inintéressante et les situations sont tellement inefficaces, que l’on ne s’attache à rien ni personne, pas même cette maison labyrinthique.

« Rien ne viendra vraiment nous secouer. »

Pourtant, des efforts sont fournis pour brouiller les pistes. On retrouve un Kevin Bacon torturé, blessé, qui cache un lourd secret (dont on aura la révélation à la fin, bien évidemment), et on pourrait apparenter la maison à sa psyché, comme une projection de son cerveau, qui a peur de mettre en danger sa fille (parce que visiblement, mettre sa femme en danger, il s’en bat un peu les noix). Cela aurait pu être une voie à adopter pour surprendre le spectateur, mais le scénariste/réalisateur ne va rien en faire, et il va se contenter de faire une maison hantée, ou tout du moins qui a une conscience, et attire les gens tourmentés à elle. Un choix qui aurait pu être bien s’il y avait un peu plus de consistance dans le l’histoire de ce couple, qui tourne terriblement en rond.

Et puis, si le film vire petit à petit vers de l’horreur, rien ne viendra vraiment nous secouer, bien au contraire. Le père va perdre sa fille dans la baraque, il va courir dans toutes les pièces pour la sauver, on va découvrir le fait divers dans lequel il fut impliquer, et puis… c’est tout. Il y a des éléments qui jouent sur la temporalité de l’histoire, d’autres sur l’espace de la maison (et c’est là que c’est le plus intéressant, avec un côté enquête plaisant mais qui n’est jamais exploité à fond), on aura une sorte de fantôme qui va surgir, ainsi qu’un boogeyman qui grille ses cartes dès l’introduction du film, bref, tout cela ne sert qu’à agiter un drapeau blanc, tout si le scénario donnait toutes ses ficelles d’un coup, abandonnant tout projet intelligent. C’est dommage, car les deux acteurs sont plutôt bons.

Au final, You Should Have Left est un thriller horrifique décevant et terriblement ennuyeux. Il ne s’y passe pas grand-chose, le couple abordé n’est jamais passionnant, voire juste intéressant, les thèmes sur la paternité et les remords ne prennent jamais, et il manque un sérieux coup de punch horrifique dans tout cela. Bref, les retrouvailles entre David Koepp et Kevin Bacon ressemblent à un gros câlin dans un EHPAD, et c’est bien triste de voir ça…

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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