avril 19, 2024

Mom and Dad

De : Brian Taylor

Avec Nicolas Cage, Selma Blair, Anne Winters, Zackary Arthur

Année: 2018

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur, Action

Résumé :

Des enfants doivent survivre par eux-mêmes à une hystérie collective aux origines inconnues incitant les parents à se retourner violemment contre leur progéniture.

Avis :

Les films d’infectés pullulent sur nos écrans depuis maintenant un bon moment. Différent du zombie parce qu’ils courent vite et sont en général victime d’un virus, les infectés trouvent leurs lettres de noblesse grâce à Danny Boyle avec 28 Jours Plus Tard, puis avec d’autres films plus ou moins recommandables, généralement disponible en VOD. Si les monstres attaquent les premiers êtres vivants qu’ils rencontrent, on va avoir par la suite des déviantes, avec, par exemple, des enfants qui vont zigouiller leurs parents. Avec Mom and Dad, le réalisateur Brian Taylor, à qui l’on doit le survitaminé et un peu indigeste Hyper Tension, va essayer de prendre tout le monde en revers avec un pitch un peu provocateur, des parents deviennent infectés par quelque chose d’invisible et décident de tuer leurs propres enfants. Pas tous les enfants, seulement les leurs. Avec un tel scénario, on aurait pu croire que le survolté Brian Taylor allait fournir un film acerbe, acide et qui allait faire un peu mal. Est-ce vraiment le cas ? Pas vraiment.

L’histoire du film est très simple, on va suivre une famille aisée où le père bosse dans une entreprise qui ne lui plait pas du tout, sa femme est au foyer et souffre de son vieillissement, surtout en se comparant à sa fille, adolescente, qui est une petite bombe. D’ailleurs, cette jeune fille sort avec un black qui n’est pas de sa condition, et ses parents ne sont pas d’accord sur cette fréquentation. Quant au petit frère, il est insouciant, laisse trainer ses jouets partout et semble peu intéressé par la vie de famille. D’entrée de jeu, Brian Taylor nous présente une famille qui semble bien sous toutes les coutures, mais qui cache un sacré mal-être et une volonté de changer les choses, de sortir de cette condition étouffante. Le père repense constamment à sa jeunesse et regrette son gros ventre. La mère s’ennuie et ne peut rien faire face au temps qui passe. Quant à la jeune fille, elle vole de l’argent à ses parents, ne leur parle quasiment pas et compte bien faire ce qu’elle veut. Bref, sous l’apparence se cache un démon qui ne demande qu’à sortir et exploser. Et les enfants seront les premières cibles. Alors quand on évoque le script comme ça, on peut croire que les personnages sont travaillés, qu’il y a vraiment un travail autour du background afin de faire ressentir de l’empathie, mais ce n’est que du vent. Brian Taylor se soucie peu de ses personnages et pense qu’accumuler des clichés sur une hypothétique crise de la cinquantaine excuse un comportement déplorable.

Il faut dire que pour que ce genre de film fonctionne correctement, il faut ressentir de l’empathie, soit pour les victimes qui courent pour sauver leur vie, soit pour les bourreaux, qui trouvent une bonne excuse dans leurs actions. Avec Mom and Dad, on n’aura rien de tout cela. D’entrée de jeu, cette famille nous parait détestable. Le père de famille est toujours borderline, accumulant les blagues racistes sur les asiatiques par rapport à leur femme de ménage, et on voit bien qu’il cache une colère qui ne demande qu’à grandir et sortir. Le problème, c’est qu’il est très antipathique, même avec ses enfants, qu’il n’aime pas vraiment, faisant de sales allusions à sa fille ou étant violent avec son fiston. Concernant la mère, c’est un peu la même chose, sauf qu’elle est terriblement égoïste. Elle ne pense qu’à elle, qu’à se comparer à sa fille et ses fréquentations sont tout autant détestables, comme la bonne vieille bourgeoise qui rêve de se taper son jeune prof de sport. Si les bourreaux sont énervants, autant dire que ce sera la même chose pour les gosses, et surtout la fille. Car si le fils est bordélique et presque un peu autiste sur les bords, la fille est une connasse qui vole de l’argent à ses parents pour acheter de la drogue et qui aguiche tout le monde avec des tenues ultra courtes. Dès lors, difficile de ressentir de l’empathie pour ces jeunes gens qui vont se faire pourchasser par leurs parents.

Et les acteurs ne vont pas aider à s’accrocher à cette histoire. Nicolas Cage est une catastrophe malgré tout le bien que l’on pense de l’acteur. Il est constamment en surjeu, se met à hurler pour un rien, ouvre les yeux en grand pour symboliser une folie qui ne fonctionnera jamais vraiment. L’acteur est en roue libre et il n’a jamais été aussi mauvais dans un rôle. Pire, il n’est même pas drôle. Quant à Selma Blair, elle se demande encore ce qu’elle fait dans ce film, jouant les désabusées, les fatiguées, et qui, d’un coup, se décide à tuer ses enfants. Idem pour les jeunes acteurs jouant les bambins, ils sont constamment en surjeu et totalement sous-exploités. Et que dire des personnages secondaires, inexistants, si ce n’est pour présenter un père de famille alcoolique qui fait la gueule ou encore des parents excédés qui veulent récupérer leurs gosses pour leur faire la peau. Rien de bien folichon donc, on peut même dire qu’en termes d’acting, c’est la bérézina.

Mais ce n’est rien comparé à la mise en scène et à certaines situations putassières. Brian Taylor essaye de choquer son public en enchainant certaines séquences qui se veulent choquantes, comme ce moment tendu où des parents veulent récupérer leurs enfants à la sortie du lycée, mais pour les tuer. On pourrait croire à une tuerie de masse, mais on aura droit à quelques courses-poursuites dans le campus, avec des scènes très cut qui font clip musical. Il en va de même lors de l’attaque des deux parents au sein de la maison, où on a droit à un jeu du chat et de la souris entre quatre murs sans réel génie et avec seulement deux/trois pièges. En plus de ne pas être très novateur, le film peut se targuer d’une mise en scène épileptique, où le réalisateur, tout comme dans Hyper Tension, tente de donner du rythme en syncopant son action, avec des scènes de moins d’une seconde pour rendre l’ensemble plus rapide. C’est du cache-misère et le cinéaste tente vainement de masquer la vacuité de son scénario avec une mise en scène frénétique. Enfin, certains passages sont gratuits et ne sont présents que pour choquer le spectateur lambda, notamment lors d’une séquence d’accouchement, où la maman va tenter de tuer son nouveau-né. Encore une fois, c’est gratuit et ne va pas au bout de son concept.

Au final, Mom and Dad est un très mauvais film qui oscille constamment entre l’horreur et l’action. Le problème, c’est qu’avec Brian Taylor aux commandes, le film part dans tous les sens au point d’en devenir illisible et pénible. Ajoutons à cela des acteurs qui s’investissent un peu trop dans leurs rôles et des personnages insupportables, et on obtient un film indigeste, bancal et foutraque, qui espère attirer l’attention grâce à son acteur vedette et un concept choc qui ne va jamais au bout. Bref, une belle déception.

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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