De : Jaume Collet-Serra
Avec Dwayne Johnson, Emily Blunt, Edgar Ramirez, Jack Whitehall
Année : 2021
Pays : Etats-Unis
Genre : Aventure, Fantastique
Résumé :
Chercheuse intrépide, la doctoresse Lily Houghton quitte Londres pour explorer la jungle amazonienne à la recherche d’un remède miraculeux. Pour descendre le fleuve, elle engage Frank Wolff, un capitaine roublard aussi douteux que son vieux rafiot délabré. Bien décidée à découvrir l’arbre séculaire dont les extraordinaires pouvoirs de guérison pourraient changer l’avenir de la médecine, Lily se lance dans une quête épique. L’improbable duo va dès lors affronter d’innombrables dangers – sans parler de forces surnaturelles – dissimulés sous la splendeur luxuriante de la forêt tropicale. Alors que les secrets de l’arbre perdu se révèlent peu à peu, les enjeux s’avèrent encore plus grands pour Lily et Frank. Ce n’est pas seulement leur destin qui est en jeu, mais celui de l’humanité tout entière…
Avis :
En ce moment, on ne peut pas dire que Disney respire l’originalité. C’est bien simple, si on n’a pas droit à une suite, un spin-off sur un personnage ou encore une version live d’un dessin-animé, l’autre point de chute des scénaristes de chez Mickey reste l’exploitation des attractions dans les parcs. On a eu droit à A la poursuite de Demain ou encore Pirates des Caraïbes pour ce côté-là, et on a bien été forcé de constater que ce n’était pas si mal que ça. Alors que la firme est un peu en perte de vitesse (du moins, dans la qualité intrinsèque de ses longs-métrages), c’est en 2021 qu’elle ressort de son placard le scénario de Jungle Cruise, projet qui végétait dans un fond de tiroir depuis 2004. Le film tombe dans l’oubli, revient sur la table en 2011 avec Tom Hanks et Tim Allen, pour repartir à l’état d’idée.
Concrètement, c’est en 2017 que le film prend un nouveau tournant, notamment avec Dwayne Johnson en tête d’affiche. En même temps, il faut dire qu’un film avec de la jungle, on pense immédiatement à lui. Bref, la production décide de choisir un réalisateur assez connu en la présence de Jaume Collet-Serra, dont ce sera le film le plus cher, puisqu’il coûtera dans les 200 millions de dollars. A titre comparatif, le plus gros budget pour ce cinéaste, c’était sur Non-Stop et Night Run, où il avait un budget de 50 millions. Histoire de compléter un peu le casting, on aura droit à Emily Blunt en héroïne, Jesse Plemons en grand méchant, Edgar Ramirez en conquistador fantôme et l’apparition de Paul Giamatti en arnaqueur comique. Mais malgré tout ce budget et cette équipe assez prestigieuse, Jungle Cruise est-il un bon film ?
« On reste sur les rails d’un divertissement moderne Disney. »
L’histoire est simple et débute avec des conquistadors qui recherchent un trésor et vont subir une malédiction. Par la suite, on plonge dans le Londres des années 20 où une jeune aventurière avec son frère chercheur cherchent le même trésor que ces conquistadors, à savoir un arbre magique en plaine Amazonie qui détiendrait des pouvoirs susceptibles de tout soigner. D’entrée de jeu, l’antagoniste est connu en la présence d’un prince allemand qui veut les feuilles de cet arbre pour détenir les pleins pouvoirs (et faire un écho au nazisme par la même occasion). Le début du film est assez réjouissant, car il emprunte, bien entendu, à des cadors du genre, comme les Indiana Jones. L’ambiance est là, l’action est bon enfant et ne s’arrête jamais, et on sait que l’on aura une aventure exotique à la clé, avec potentiellement quelques éléments magiques.
Malheureusement, les choses vont se gâter assez vite. Certes, on ne sombre pas dans un film débile, mais on reste sur les rails d’un divertissement moderne Disney, avec de l’action non-stop qui frôle le mauvais goût, des effets spéciaux datés et une romance qui ne touche pas vraiment. Dès l’arrivée de Dwayne Johnson, avec son personnage de filou au grand cœur, on sait que l’on va tomber sur un trio à tendance humoristique, annihilant toute possibilité de dramaturgie. Les jeux de mots foireux fusent, les révélations via des flashbacks n’entretiennent finalement aucun mystère, et le méchant se ridiculise plusieurs fois, entre son accent très prononcé et ses manières expéditives qui, finalement, ne lui coûtent aucune représailles de la part de personne. Il ne fallait pas demander à ce que le contexte soit plus solide, l’histoire ne prenant pas la peine d’explorer plus en détail la vie amazonienne.
« Ce n’est pas vraiment joli, il n’y a pas de recherche de « beau ». »
Alors oui, d’un point de vue rythme, c’est très relevé et on n’a pas le temps de s’ennuyer, mais cela a pour conséquence deux choses. En premier lieu, le montage est frénétique et n’arrive jamais à se poser, même pour un simple dialogue. C’est-à-dire que même lorsque deux personnages discutent entre eux, il y a des changements de plan toutes les deux secondes, et c’est assez intempestif. On a la sensation que le public est incapable de garder sa concentration plus de quelques secondes. L’autre inconvénient va provenir du fond, des thèmes que veut véhiculer le film. On peut y voir une critique de l’aspect vénal de l’humanité, ou encore de ces vieux schnoks qui se prennent pour des scientifiques, mais qui n’y connaissent pas grand-chose, mais le film ne se pose jamais pour véritablement enfoncer le clou là-dessus. C’est dommage, il y avait matière à faire.
Enfin, le dernier point concerne la mise en scène de Jaume Collet-Serra. On a connu le réalisateur bien plus inspiré, que ce soit dans ses films d’action ou dans ses thrillers horrifiques, comme pour Esther. Ici, il semble éteint et doit s’acoquiner avec les exigences de Disney. Ce n’est pas vraiment joli, il n’y a pas de recherche de « beau », et on ne pourra qu’être déçu par les effets spéciaux. C’est bien simple, il n’y a pas un décor naturel, et tout est filmé au sein d’un studio peint en vert. Cela gâche le plaisir de l’exploration, d’autant plus que les incrustations sont vraiment mal foutues. La séquence finale fait mal aux yeux, et que dire que ce jaguar en CGI… On ne peut pas faire un film d’aventures à l’ancienne, et ne pas prendre des décors réels, avec un minimum de travail autour de la photographie.
Au final, Jungle Cruise n’est pas un film déplaisant, mais il rentre dans les carcans de Disney et sa vision du cinéma actuel. Le studio ne vise plus à faire des films intelligents ou beaux, il cherche surtout à faire de l’argent et à capitaliser un maximum sur son casting et un divertissement familial lambda, qui peut suffire à des non-cinéphiles. Sans être une catastrophe non plus, le film de Jaume Collet-Serra demeure impersonnel, sans saveur, et manque cruellement d’ambition pour vraiment nous emporter. Un film aussitôt vu, aussitôt oublié.
Note : 10/20
Par AqME