novembre 5, 2024

Anora – Conte de Fées Moderne

De : Sean Baker

Avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Yuriy Borisov, Karren Karagulian

Année : 2024

Pays : Etats-Unis

Genre : Comédie, Drame

Résumé :

Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage…

Avis :

Sean Baker est l’un des cinéastes les plus attrayant de ces dernières années. Il faut dire qu’avec des films comme « Tangerine« , « The Florida Project » ou encore « Red Rocket« , le réalisateur originaire de New York nous a offerts de quoi franchement nous amuser. Puis plus loin, ses films se sont posés comme d’excellentes œuvres qui démontrent que l’on peut faire du cinéma indépendant sans pour autant tomber dans tous ses clichés et ses travers.

Huitième film de Sean Baker, il se pourrait bien que « Anora » soit le film qui le propulse sur le devant de la scène. Il faut dire que son histoire et ses personnages délirants, et sa Palme d’Or, vont y être pour quelque chose. « Anora » est un film qui résonne typiquement comme un film de Sean Baker. C’est simple, tout y est, et l’on ne peut pas s’y tromper. Pour ce nouveau film, Sean Baker nous offre un mélange entre « Pretty Woman » et l’hystérie de « Tangerine« , et ça, ça donne un film pétillant comme une bulle champagne. Un film hilarant et vraiment touchant devant lequel on se gave d’un bout à l’autre, au point de se dire qu’ »Anora » est un antidépresseur.

« Sean Baker livre un film qui ne fait qu’accroître notre intérêt au fur et à mesure des actes qu’il enchaîne. »

Anora est une jeune strip-teaseuse qui travaille à Brooklyn. Un soir, elle fait la connaissance d’Yvan, un jeune homme. On lui demande de choyer ce client qui est le fils d’un oligarque russe. Après des numéros de téléphone échangés, Anora revoit Yvan chez lui pour des prestations plus intimes. Puis le courant passe bien entre les deux jeunes gens, qui bientôt vont passer la semaine ensemble, et peut être même plus…

« Anora« , c’est la belle et grande comédie de l’année. Avec son histoire à la « Pretty Woman« , Sean Baker livre un film hilarant, qui fait énormément de bien. Pétillant, flamboyant, débridé, un poil hystérique comme souvent dans le cinéma de Sean Baker, « Anora » est une histoire d’amour, ou pas, ce sera vous d’en juger, qui va aller très vite. Une histoire qui, d’ailleurs, commence très vite, et une fois le film lancé, jamais il ne s’arrête, enchaînant les retournements de situations et les rebondissements sans jamais en faire de trop. « Anora » est un film qui est très surprenant, car avec sa trame, que l’on peut facilement qualifier de classique, voire même de déjà-vu, notamment avec « Pretty Woman« , Sean Baker livre un film qui ne fait qu’accroître notre intérêt au fur et à mesure des actes qu’il enchaîne.

Construit en trois grands actes, « Anora » est parfaitement raconté et mis en scène. On pourrait même dire que c’est du grand art, le film se posant comme le meilleur de son cinéaste. On peut même dire que les précédents films de Sean Baker n’ont servi au cinéaste qu’à se faire la main pour arriver à « Anora« , toute sa bonne humeur et toute sa profondeur, car oui, en plus de beaucoup amuser, « Anora » est un film bien plus complexe et nuancé qu’il en a l’air. Sean Baker nous raconte une possible histoire d’amour qui va beaucoup trop vite et avec elle, le réalisateur pose beaucoup de questionnements, pas mal de réflexions, pas mal de pistes, et plus loin que ça, que ce soit du côté d’Anora ou du côté d’Yvan, les portraits sont d’une infinie nuances de gris.

«  »Anora » est un film flamboyant. »

Avec ça, en plus d’aborder de très bons sujets, comme la richesse, l’ennui et la déconnexion de certains gosses de riches, les petites âmes qui triment pour s’en sortir, les différentes classes sociales, les envies de richesse, on remerciera Sean Baker d’aborder ces sujets sans jamais tomber dans l’écueil du misérabilisme et des clichés, et c’est peut-être aussi pour cela aussi que ses films fonctionnent si bien.

Comme je l’ai déjà abordé un peu plus haut, du côté de sa mise en scène, « Anora » est un film flamboyant, qui sait parfaitement comment raconter ses personnages et comment amuser ses spectateurs. Oscillant entre la comédie et le drame, pour ne pas dire le tragique, Sean Baker trouve la juste mesure, et offre pas mal de séquences dantesques du côté de la comédie. À voir certaines scènes, le film a bien des arguments pour être culte.

« Anora« , c’est aussi un film qui est porté par Mikey Madison qui trouve le rôle qui la révèle. Dans la peau d’Anora, l’actrice est tout simplement géniale d’un bout à l’autre, capable de nous faire hurler de rire et nous bousculer, nous touchant au cœur, la scène d’après. Après, dire qu’elle porte le film à elle seule serait un mensonge, car Sean Baker a pris le soin de faire exister tous ses personnages, qu’il a redoutablement bien casté. Ainsi, Mark Eydelshteyn, l’amoureux d’Anora, puis Karren Karagulian, Vache Tovmasyan et Youri Borisov qui incarnent des sortes de mafieux en carton-pâte, sont tout aussi hilarants, et même touchants pour certains, que son actrice principale.

Lorsque l’on fait la conjugaison de tout cela, « Anora » se pose comme un terrible coup de cœur, doublé d’un moment de cinéma réjouissant, nous faisant autant rire, qu’il est capable de nous toucher. Avec ce film, il est certain que Sean Baker devrait enfin être éclairé comme il le mérite. Bref, bravo et merci !

Note : 18/20

Par Cinéted

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