janvier 15, 2025

L’Art d’Être Heureux – Triste Échec

De : Stefan Liberski

Avec Benoît Poelvoorde, Camille Cottin, François Damiens, Gustave Kervern

Année : 2024

Pays : Belgique, France

Genre : Comédie

Résumé :

Jean-Yves Machond, peintre mondialement méconnu et globalement malheureux, décide un jour de changer de vie. Il va chercher l’inspiration dans une petite ville normande, afin de concevoir un chef-d’œuvre qui lui vaudra enfin gloire et reconnaissance éternelle. Mais sa rencontre avec les artistes locaux, du chaleureux Bagnoule à l’habile Cécile, va quelque peu le faire dévier de son chemin, et le mettre face à son rêve le plus profond : celui d’être un homme heureux, tout simplement.

Avis :

Aujourd’hui, c’est en Belgique que l’on pose nos valises de cinéphile pour s’intéresser à un réalisateur qui reste assez peu connu chez nous, alors que dans son pays, il est un cinéaste et surtout un écrivain célèbre. Cet homme, c’est Stefan Liberski. Réalisateur, écrivain, humoriste, scénariste, scénariste de bandes dessinées et acteur à ses heures perdues, ayant débuté dans les années 70, Stefan Liberski a un parcours atypique dans le sens où il a tout l’air d’avoir une liberté folle, faisant ce qu’il veut, quand il le veut, même si cela implique énormément de travail. Sa carrière de cinéaste, il la commence véritablement en 2005. Après avoir beaucoup réalisé pour la télévision belge, il sort « Bunker Paradise« , son premier long, et un film qui reste relativement inconnu, ce qui est dommage, car de mémoire, c’était pas mal du tout. Depuis, en presque vingt ans, Stefan Liberski a réalisé cinq films.

« L’art d’être heureux » est ce cinquième film et il est né d’une discussion entre Benoit Poelvoorde et le réalisateur, tous les deux se rendant compte qu’ils aiment un écrivain, Jean-Philippe Delhomme. Revenant au cinéma après dix ans d’absence, j’étais très curieux de voir le nouveau Stefan Liberski, qui avait tout l’air d’être une petite comédie attachante autour d’un artiste qui a tout l’air d’être un handicapé du sentiment. Mais voilà, si Benoit Poelvoorde est parfait dans le rôle de Jean-Yves Machond, « L’art d’être heureux » se pose comme une comédie plutôt ennuyante finalement. Peu drôle, et parlant de pas grand-chose au final, si le film arrivera à nous faire sourire de temps à autre, sur l’ensemble, malheureusement, cet « … art d’être heureux » restera très oubliable. Dommage.

«  »L’art d’être heureux » a bien eu du mal à convaincre. »

Jean-Yves Machond est un peintre qui a eu sa renommée mondiale en son temps, mais depuis, les projecteurs se sont quelque peu éteints sur lui. Malheureux, et pas très bien avec lui-même, il décide alors de quitter son poste de professeur et part s’installer sur les hauteurs de Mers-les-Bains. Très vite, il va faire des rencontres qui vont le bousculer un petit peu et peut-être bien le remettre en marche…

Au départ, le film de Stefan Liberski ne devait pas s’appeler « L’art d’être heureux« . Non, le réalisateur voulait le titrer « L’art de rien« , mais ce titre faisait peur aux producteurs qui craignaient que le public n’ait pas envie d’aller voir un film avec un tel titre, et c’est dommage, car « L’art de rien » est un titre qui correspond bien plus au portrait de ce peintre qui se donne de grands airs et se cache derrière les verbes, les citations, et les discours qui n’en finissent plus.

 Si, comme je le disais plus haut, il y a bien deux ou trois instants qui peuvent faire sourire, le génie de Benoit Poelvoorde aidant grandement, le comédien étant parfait dans les souliers de cet artiste hasbeen, pour le reste, « L’art d’être heureux » a bien eu du mal à convaincre. Si la mise en scène de Stefan Liberski tient de belles choses, notamment l’évasion qu’offre Mers-les-Bains, ses falaises et plus largement les paysages de la Baie de Somme, très vite, ce qui devait être une comédie se pose comme un film qui n’arrive jamais à décoller et surtout à nous emporter dans son petit lot de rencontres improbables et de personnages qui se veulent hauts en couleurs.

«  »L’art d’être heureux » va essayer de se faire touchant. »

On aurait presque l’impression que Stefan Liberski et Benoit Poelvoorde ont fait ce film pour eux-mêmes, parce que ça les amusait et qu’ils le pouvaient. La plupart des rencontres que va faire le personnage principal n’amènent à pas grand-chose, si ce n’est à des situations absurdes qui se veulent amusantes, alors que bien souvent, on reste dans l’intrigue du pourquoi.

Franchement, le personnage tenu par Camille Cottin qui ne cesse d’allumer ce pauvre Jean-Yves pour rien, on finit par se demander ce que le réalisateur veut faire avec, d’autant plus que ça n’ira absolument nulle part. Avec ça, évidemment le film parlera d’art, en même temps le contraire aurait été surprenant, mais ici, ça philosophe comme le personnage de Machond qui s’écoute parler, finalement. Puis les différents personnages qui naviguent dans ce milieu n’arrivent jamais à être intéressants. Au contraire, certains sont même épuisants, et produisent l’effet inverse, et là, on pense à Laurence Bibot qui incarne l’artiste Le Homet ou encore Lorella Cravotte qui est épuisante à s’agacer pour rien, étant la caricature de l’artiste-peintre qui a pris le melon.

Puis avec tout cela, comme si ça ne suffisait pas, « L’art d’être heureux » va essayer de se faire touchant avec une rencontre totalement improbable, qui va être très loin d’être un scoop. Car oui, évidemment, comme tout artiste qui va mal, notre bon Jean-Yves Machond a été laissé par sa famille, mais heureusement pour lui, la magie du scénario va tout remettre en place avec une scène finale qu’on avait vu arriver à des kilomètres et qui a franchement, mais franchement, du mal à convaincre.

Jusque-là, j’avais toujours apprécié le cinéma de Stefan Liberski, qui avait toujours réussi à me faire sourire et me toucher en même temps, mais ce retour après dix ans d’absence est une belle déception. « L’art d’être heureux » avait bien des ingrédients pour être une sympathique comédie, ne serait-ce que par le fait de trouver Benoit Poelvoorde dans le rôle d’un peintre hasbeen, mais rien n’y aura fait. La comédie n’est pas là, l’histoire ne raconte pas grand-chose, et finalement, le personnage s’écoute parler, et alors même que le film tient un casting fabuleux, ces acteurs n’auront pas réussi à amuser et convaincre. Dommage, franchement dommage.

Note : 08/20

Par Cinéted

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