Titre Original : Watashitachi ha Otona
De : Takuya Katô
Avec Mugi Kadowaki, Kentaro Tamura, Shôta Sometani, Haru Kuroki
Année : 2024
Pays : Japon
Genre : Drame, Romance
Résumé :
Après la perte brutale de son amant, Watako retourne discrètement à sa vie conjugale, sans parler à personne de cet accident. Lorsque les sentiments qu’elle pensait avoir enfouis refont surface, elle comprend que sa vie ne pourra plus être comme avant et décide de se confronter un à un à tous ses problèmes.
Avis :
Jeune cinéaste et dramaturge, Takuya Katô commence à écrire pour la télévision et la radio à l’âge de dix-sept ans. Pendant ses études, il part s’installer quelque temps en Italie pour y étudier la réalisation. À son retour au Japon, il monte une compagnie de théâtre, et avec elle, il va énormément travailler, mettant en scène une vingtaine de pièces de théâtre. Avec les années 2020, Takuya Katô passe un nouveau cap, réalisant son premier film, « Grown-ups« , en 2022.
Ne perdant pas de temps, pour son second long-métrage, Takuya Katô va adapter l’une de ses pièces de théâtre. Le réalisateur dira que la pièce et le film seront deux revers de la même histoire. J’aime le cinéma japonais, et bien souvent, au cours d’une année, le cinéma nous offre pas mal de pépites. Rien que pour cette année, nous avons eu le droit aux excellents « A Man » de Kei Ishikawa, « Blue Giant » de Yuzuru Tachikawa, ou encore « Comme un Lundi » de Ryo Takebayashi, alors lorsque l’affiche de « La mélancolie » et son intrigue se sont révélées, autant dire que j’étais impatient de voir le film de Takuya Katô. Finalement, cette « … mélancolie » se pose comme une belle déception.
« Film contemplatif où, malheureusement, il ne se passe pas grand-chose. »
Film contemplatif où, malheureusement, il ne se passe pas grand-chose, que ce soit du point de vue de son intrigue, ou des émotions qu’elle produit, « La mélancolie » déçoit et ennuie, arrivant à faire passer son heure vingt comme le double, et ça, c’est vraiment dommage.
Watako, une jeune femme d’une trentaine d’années, a trouvé un peu de lumière dans sa vie avec Kimura. Tous deux sont mariés, et c’est loin des regards qu’ils vivent une belle aventure. Mais un après-midi, alors qu’ils se quittent pour retourner à leur vie avant une nouvelle échappée, Kimura se fait renverser et meurt sous les yeux de Watako. Ne disant rien de la perte de son amant, Watako reprend sa vie normalement, même si, au fil des jours, elle se rend compte que sa vie ne pourra plus jamais être la même…
L’intimité du deuil, voilà l’un des sujets du film de Takuya Katô. Un sujet qui tient aussi dans son titre, « La mélancolie« , qui est un sentiment très intime. Comment vivre normalement après la mort d’un amant, et plus que ça, d’un être aimé ? La question est belle et la réflexion a de quoi donner naissance à un très beau film. D’ailleurs, « La mélancolie » n’est pas un mauvais film, tenant une élégance dans sa mise en scène, tenant un bel intérêt au départ dans les sujets qu’il aborde via son intrigue et son personnage principal, qui est joliment tenu par Mugi Kadowaki, actrice qui avait forte impression dans « Aristocrat« , sorti il y a quelques années déjà.
« »La mélancolie » est un film qui n’arrive jamais à captiver son spectateur. »
Malheureusement, malgré tout cela, « La mélancolie » est un film qui n’arrive jamais à captiver son spectateur, parce qu’il manque d’émotions et de vie. Certes, ici, il est question d’étouffer ses sentiments et son malheur, mais le réalisateur les étouffe trop justement, ce qui fait que son film nous revient comme vide. Comment faire avancer son histoire et son personnage alors que l’intrigue, et ce qui tourne autour d’elle, ne lui demande rien ? On se retrouve alors à suivre pendant une heure et vingt minutes un personnage qui ne fait rien, ne parle pas beaucoup et finalement reste dans l’attente que sa vie, ou plutôt ce moment de sa vie, passe, et force est de constater qu’au bout d’un moment, on s’ennuie autant que cette femme s’ennuie dans sa vie. Et finalement, il faut attendre un très, très long moment avant que le film n’arrive enfin sur une très belle scène, entre la femme officielle et la maîtresse.
C’est vrai que la question de retenir ses émotions dans la société japonaise est évidente et avec son film, Takuya Katô aborde ce sujet-là. Sujet qui est ô combien intéressant, mais il fait aussi la même chose que son personnage, et plus largement que la société japonaise, c’est-à-dire qu’il retient son film, autant que son personnage s’interdit un temps de parler de sa douleur et du drame qu’elle est en train de vivre et ça, c’est vraiment dommage.
Cette « … mélancolie » se pose donc une déception, et surtout un très long moment de cinéma, faisant passer une heure et vingt minutes comme facilement le double. Tristesse infinie face à un film qui tient de belles réflexions sur le papier, qui tient de belles images, et même quelques très belles scènes, puis il y a cette actrice, Mugi Kadowaki, qui est excellente malgré un rôle qui, lui, l’est moins, mais voilà, tout cela n’aura pas pu me sauver de l’ennui que cette « … mélancolie » m’aura procuré, et ça, c’est tellement dommage.
Note : 08/20
Par Cinéted