juillet 19, 2025

Chaw – Dans le Cochon, Tout est Bon… ou Pas

Titre Original : Chawu

De : Jeong-Won Shin

Avec Tae-Woong Eom, Yoon Jae-Moon, Park Hyuk-Kwon, Yu-Mi Jeong

Année : 2009

Pays : Corée du Sud

Genre : Horreur, Comédie

Résumé :

Le village de Sameri, Corée du Sud, est en émoi. Pas un crime depuis dix ans, et, soudain, un corps retrouvé atrocement mutilé. Kim, un jeune policier, toute juste arrivé de Séoul mène l’enquête. Mais Chun, vieux chasseur expérimenté, est convaincu que la victime n’a pas été agressée par un homme mais par un animal d’une incroyable férocité. Un commando de cinq personnes se lance sur les traces de la bête.

Avis :

Il y a quelque chose d’assez étonnant avec le cinéma coréen en France, c’est qu’à chaque nouveau film, on s’attend à une nouvelle pépite du septième art. Il faut dire que les choix des distributeurs sont assez judicieux avec ce cinéma, et depuis les années 2000, on nous a abreuvés de films de qualité, que ce soit dans les salles obscures ou même en streaming. Cependant, comme tout pays qui produit des films, la Corée du Sud possède aussi ses mauvais films, ceux qui n’arrivent pas à trouver un bon équilibre, voire ceux qui ont des scénarios à la ramasse. Et si on a tendance à éviter ce genre de produits chez nous, certains longs-métrages ont réussi à passer les frontières, notamment dans l’horreur, genre qui se vend le plus et qui est le plus regardé. Dans ce panier de crabes, Chaw fait partie des grosses déceptions.

Le film ne ment pas sur sa jaquette et sur ce qu’il promet, c’est-à-dire l’attaque d’un gros sanglier qui va faire des victimes. On imagine déjà une sorte de Razorback dans la campagne coréenne, bien plus verte que le bush australien. Mais très rapidement, dès le début du film, on va s’apercevoir que le réalisateur (qui n’a plus fait grand-chose après ce film) joue la carte de la comédie. En effet, le film débute sur la découverte d’un cercueil profané par un chasseur qui va se faire boulotter. Le cercueil étant au bas d’une pente, lorsque les policiers viennent mener l’enquête, ils se cassent tous la figure. L’humour est enfantin, mais il est surtout très lourd, insistant pesamment sur ce running gag qui ne fait pas bien rire. Et au fur et à mesure de l’intrigue, l’humour va prendre beaucoup trop de place, au détriment de l’horreur.

« Il n’y a aucun équilibre dans Chaw, et il semblait plus facile de faire de l’humour débile que de l’horreur. »

C’est bien simple, tous les personnages sont des abrutis finis. On a tout un panel de protagonistes qui sont égoïstes, idiots, peureux, parfois lunaires, ou alors qui ne servent strictement à rien. Entre le maire qui veut se faire du blé avec les touristes, le promoteur immobilier qui veut racheter des terres, les deux écologistes dont un qui ne va faire que se blesser durant tout le film, le chef de la police fainéant, le flic peureux ou encore le chasseur badass qui tue la mauvaise bête, il est compliqué de ne pas sombrer dans une sorte de Benny Hill du pauvre, avec en prime des séquences qui sont hors contexte. Pourquoi faire une longue scène de partage de bouffe entre le chasseur et l’écologiste ? Il n’y a aucun équilibre dans Chaw, et il semblait plus facile de faire de l’humour débile que de l’horreur.

Parce que finalement, on a quelques fulgurances dans ce film, notamment lorsque le sanglier fait son apparition et se décide à attaquer le village. Malgré ses presque vingt ans, les effets spéciaux n’ont pas trop vieilli et la créature reste agréable à regarder, tout comme ses attaques, même si elles ne consistent qu’à mettre des coups de museau à droite et à gauche. On aura aussi une paire de scènes gores, avec en prime des gens inattendus qui vont mourir, à l’instar de cette jeune fille que l’on suit au début, et qui veut rendre visite à son grand-père. Mais le réalisateur se saborde constamment avec un humour régressif et des passages qui font écho à d’autres films, de Razorback en passant par Les Dents de la Mer. Qu’il puisse avoir de telles références, c’est bien, encore faut-il les digérer et ne pas les imposer comme un vulgaire copie/collé.

« Malgré la nullité de l’ensemble, le film n’est pas dénué d’intérêts. »

De plus, le film est bien trop long pour ce qu’il raconte. Outre un problème de rythme flagrant, ainsi qu’une mise en scène qui est très cheap (il s’agit d’un des rares films coréens à ressembler à une sitcom), on aussi des personnages qui ne servent strictement à rien, si ce n’est à rallonger la longue liste des trucs étranges et inutiles que le film contient. On pense à cette folle qui vit dans la montagne et qui doit certainement faire écho aux films de fantômes japonais, ou encore à la mère du héros, complètement fêlée, et qui rajoute juste de l’incohérence à l’ensemble. Chaw est un film qui se veut dense, surtout dans sa comédie, mettant un trop-plein de personnages complètement improbables, et ajoutant sans cesse une sorte de frénésie inutile et fatigante.

Et c’est dommage, parce que si l’on gratte un peu, le réalisateur essaye de mettre un peu de fond à tout ça. En effet, à travers ses personnages complètement délurés, on peut y retrouver une critique acerbe sur les ravages de l’alcoolisme en Corée. Même les flics s’amusent à boire dans leur travail, et de nombreux personnages payent cette addiction, comme ce grand-père qui veut venger sa petite-fille alors qu’elle l’appelle et qu’il est couche, ivre mort. On pourra noter aussi une critique de l’argent, avec ce maire qui veut faire venir des touristes, au détriment du danger, tout en se faisant corrompre par un agent immobilier peu scrupuleux. Et puis il y a aussi la différence entre la vie urbaine et la vie rurale, dans un pays qui semble avoir deux visages totalement différents. Bref, malgré la nullité de l’ensemble, le film n’est pas dénué d’intérêts.

Au final, Chaw est un film qui souffre de trop nombreuses scories. Entre une réalisation cheap, des acteurs en surjeu, des personnages insupportables, un scénario bancal et un humour grotesque bien trop omniprésent, on est clairement face à un mauvais film qui ne trouve jamais l’équilibre entre horreur et humour, sombrant dans la facilité et le mauvais goût. C’est dommage, il y avait peut-être matière à faire mieux, mais jusqu’au bout du bout, avec une scène post-générique, on se rend bien compte que le réalisateur s’est bien foutu de notre gueule, malgré toutes ses bonnes intentions…

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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