avril 25, 2024

The Mortuary Collection

De : Ryan Spindell

Avec Clancy Brown, Caitlin Fisher, Christine Marie Kilmer, Jacob Elordi

Année : 2021

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une jeune femme pénètre dans une très vieille maison funéraire afin de s’enquérir de l’annonce d’emploi affichée à l’extérieur. Elle est accueillie par l’imposant Montgomery Dark, croque-mort de son état. L’entretien d’embauche prend la forme de récits macabres racontés par le taulier, tous plus terrifiants les uns que les autres, pour le grand plaisir de la candidate.

Avis :

Il faut croire que le cinéma d’horreur se prête grandement aux films à sketches. C’est vraiment le seul genre où l’on retrouve plusieurs films faits avec des segments pour raconter de petites histoires avec un fil conducteur. On peut citer Creepshow bien entendu, mais aussi V/H/S, ABC’s of Death et bien d’autres. Arrivé tardivement sur Prime Video (produit et réalisé en 2019, mais disponible que deux ans plus tard pour nous, pauvres mortels), The Mortuary Collection fait partie de cette petite famille qui prend de plus en plus de place. Derrière la caméra, on retrouve Ryan Spindell dont c’est le premier long-métrage, puisque le bougre s’est fait remarquer par Sam Raimi avec sa petite histoire dans l’anthologie 50 States of Fright. Un petit CV donc, mais qui promet de jolies choses. Et très clairement, on fait face à un film d’horreur fort sympathique qui s’éloigne des canons du genre.

L’introduction fait un peu penser à du Chair de Poule, ce qui n’est pas forcément une qualité. On y suit un jeune coursier qui arrive devant une grande bâtisse et souhaite prendre une photo de l’intérieur via la fente de la boîte aux lettres sur la porte. Il tombe alors sur Montgomery Dark, le croque-mort du coin, supposé être un monstre. De là, on nous présente brièvement cet homme étrange, émacié, qui semble trouvé un état de grâce dans la célébration de la mort. Manipulant avec adresse l’humour et le macabre, le début fait très « enfantin » mais qui la route. Même avec l’arrivée d’une jeune femme qui vient répondre à l’appel d’emploi affiché devant la porte. C’est à partir de là que le film va se diviser en sketches, puisque cette jeune femme veut des histoires macabres à propos des morts qui « hantent » cette maison.

Le fil rouge sera alors la visite des différentes pièces de la baraque, tout en trimbalant un cercueil avec un enfant décédé à l’intérieur. Au fur et à mesure des pièces, Montgomery va raconter des histoires de plus en plus sordides, jusqu’à un final qui fonctionne avec un twist. Bref, rien de bien neuf, si ce n’est dans les histoires elles-mêmes, qui embrassent tous les genres possibles dans le cinéma d’horreur. Et c’est là le plus intéressant, avec un melting-pot savamment dosé où l’humour côtoie l’horreur, mais où chaque mauvais acte est puni par un karma capricieux. Ainsi donc, sans jamais tomber dans la leçon de morale, le film à sketches de Ryan Spindell se fait plus malin que la moyenne, et surtout, il ne va freiner sur aucun potard pour nous en mettre plein la tronche.

Pourtant, on aurait pu craindre un film lambda avec le premier segment. On va y suivre une femme qui s’enferme dans les toilettes et refuse les avances d’un homme. En s’approchant du miroir, on découvre que cette nana a dépouillé l’homme de ses biens, avec notamment son portefeuille et une montre à gousset. Alors qu’elle se refait une beauté, elle découvre que le miroir est entrouvert et fort pour l’ouvrir en grand voir ce qu’il y a derrière, avant de se faire happer pour une sorte de plante carnivore. Plutôt grand-guignol et très court, on va dire que cette petite histoire est une mise en bouche qui montre le caractère du film. On a une personne mauvaise qui va se faire sévèrement punir, et on aura quelques accès gores, le film ne se refusant aucune limite. C’est bien fichu en termes de réalisation et la fin est plutôt mature.

Mais ce n’est rien face au deuxième segment qui va aller très loin dans le délire gore. Nous sommes au milieu d’étudiants et une soirée se prépare dans une fraternité. Jake, beau gosse notoire ayant souffert de son poids étant enfant, vante les mérites du préservatif, mais décide de l’enlever lorsqu’il fait l’amour avec son coup d’un soir. Le lendemain, il se réveille avec un ventre énorme et des nausées. Encore une fois, le schéma est répétitif, mais il ne punit pas les mêmes vices. Ici, la kleptomanie est remplacée par un égoïsme pur et un égo surdimensionné. Montant crescendo, avec une fraternité qui vénère ceux qui tirent plusieurs conquêtes, le segment va partir très loin dans le gore et le sensationnel. Le final est explosif, sale, mais il arrive à faire passer la pilule avec un humour noir fin et inattendu.

Le troisième segment sera beaucoup plus poétique et macabre. L’humour n’y intervient que par touche parcimonieuse, ou dans la surenchère théâtrale de ce mari qui va tuer sa femme sans exprès. Ou tout du moins pas de cette manière-là. Cette histoire est très dure car elle met en avant la maladie de l’être aimé et l’abandon progressif de l’homme qui n’en peut plus de cette situation. Ce qui fait le plus mal, c’est qu’à quelque part, on peut comprendre cet homme qui perd espoir de retrouver sa femme et qui va commettre l’irréparable. Très gore mais aussi très éthéré dans son final, cette histoire est aussi la plus poétique dans sa réalisation, n’hésitant pas à emprunter des images à la Del Toro (le baiser monstrueux en apesanteur dans l’ascenseur avec les gouttes de sang tout autour). C’est à la fois beau et malaisant, octroyant une aura à cette scène.

Le dernier segment n’a qu’une seule particularité, il est raconté par la jeune femme qui veut prendre la place du croque-mort. Hommage aux slashers des années 80/90, l’histoire se concentre sur un home invasion qui fonctionne avec un twist que l’on grille très vite si l’on est rompu au genre. Il n’empêche c’est gore, c’est violent et percutant et cela tisse des liens avec les titres des journaux distribués par le gamin au tout début du film. Si cette courte histoire ne paye pas de mine dans son fond, elle est généreuse et permet aussi au réalisateur de clôturer son film avec un petit côté fantastique que l’on voyait largement venir. Pour autant, cela ne ternit pas vraiment l’image du film, ni même notre bon ressenti. Même si ça se finit un peu de manière « enfantine », comme au début, cela crée une boucle, et c’est finalement assez malin.

Au final, The Mortuary Collection est un film à sketches réussi et qui sort vraiment du lot. De par sa variété des histoires, mais aussi de par son fond qui arrive à allier différents sous-genres de l’horreur avec des vices ignobles. Sans être un chef-d’œuvre du genre, on passe un très agréable moment en compagnie de ce croque-mort nonchalant, qui monte crescendo dans ses histoires, dans l’espoir de faire fuir une jeune femme qui n’est pas farouche. Bref, c’est à la fois gore, poétique, malin, et c’est tout ce que l’on demande à un film comme celui-ci.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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